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REPORTAGE - Le séisme au Pérou a ébranlé les murs de la geôle où était détenu Daniel Pachas À peine évadé, il travaille pour soigner sa fille, puis retournera en prison
le 20 août 2007 à 00h00
«Je ne voulais pas m’évader, je suis sorti de la prison pour sauver ma peau », insiste Daniel Pachas, qui fait partie des 600 détenus ayant profité du fort séisme de mercredi au Pérou, pour fuir de la prison de Tambo de Mora, dans le sud du pays. Depuis mercredi soir, il sillonne les rues de Pisco au guidon d’une moto-taxi, afin de gagner de l’argent et acheter des médicaments pour sa fille de trois ans, qui souffre d’une hépatite, et reconstruire sa maison, qui s’est effondrée pendant le tremblement de terre. « Je vais attendre un peu et je vais me constituer prisonnier. Je n’ai pas longtemps à tirer », a-t-il confié à un journaliste de l’AFP. Au moment du tremblement de terre, « j’étais dans les cuisines, raconte-t-il, c’était angoissant, l’eau montait et nous avions peur d’un tsunami, nous pensions que nous allions tous mourir. Et on nous a dit “sortez, allez-vous en”, qu’est-ce que tu aurais fait ? » interroge-t-il en cherchant un signe d’approbation. Les autorités péruviennes nient cette version des faits et affirment que la situation est devenue « incontrôlable » et que les policiers ont tiré en l’air pour les dissuader de s’évader, sans effet. Plusieurs fuyards sont retournés à la prison, d’autres ont été capturés.
La prison de haute sécurité de Tambo de Mora est située à 200 mètres de l’océan et les détenus, paniqués à la vue des fissures qui s’ouvraient dans le sol, n’ont pas eu de mal à sortir car un premier mur fait de grillages, puis le mur d’enceinte en briques se sont effondrés après la secousse. Une fois dehors, Daniel Pachas et ses cinq compagnons de fuite se sont précipités vers les hauteurs et une colline qui surplombe la prison. Ils ont essuyé des tirs de la part de la police mais ils ont pu continuer leur route. Quatre heures plus tard, Daniel Pachas était dans sa ville natale de Pisco, 25 km plus au Sud. Il a marché, couru, pris un bus et fait du stop. Sur le chemin, il a vu des dizaines de personnes tuées par le séisme et craignait pour les siens en approchant de chez lui. Pendant ce temps, son épouse se faisait elle aussi un sang d’encre, car elle venait d’apprendre que la prison avait été partiellement détruite. « Je priais pour qu’il soit vivant et quand il est arrivé, je n’en croyais pas mes yeux, quelle joie », raconte-t-elle.
La fillette de trois ans a le visage marqué, elle ne joue pas comme les enfants de son âge. Le front brûlant, elle esquisse un sourire quand son père la prend dans ses bras. Daniel Pachas – pseudonyme qu’il a choisi pour ne pas être inquiété par la police – dit avoir été condamné pour vol aggravé mais affirme s’être acheté une conduite. Comme les autres prisonniers évadés, Daniel Pachas, jeune homme d’une vingtaine d’années, est recherché par une unité spéciale de la police péruvienne qui a reçu l’ordre de les capturer « morts ou vifs ». « J’ai parlé à mon avocat, il m’a dit que j’allais recevoir une notification pour me présenter devant la justice et je le ferai, promet-il. Je ne peux pas partir maintenant, la maison est détruite et ma fille est malade. J’ai besoin de gagner de l’argent pour la petite et pour la maison. »
Alexandre PEYRILLE (AFP)
«Je ne voulais pas m’évader, je suis sorti de la prison pour sauver ma peau », insiste Daniel Pachas, qui fait partie des 600 détenus ayant profité du fort séisme de mercredi au Pérou, pour fuir de la prison de Tambo de Mora, dans le sud du pays. Depuis mercredi soir, il sillonne les rues de Pisco au guidon d’une moto-taxi, afin de gagner de l’argent et acheter des médicaments pour...
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