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Visite surprise de Kouchner à Bagdad, Maliki aujourd’hui à Damas Les dirigeants irakiens s’accordent sur un prochain sommet de crise
le 20 août 2007 à 00h00
Les dirigeants des principales communautés irakiennes, réunis autour du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, se sont accordés hier sur la tenue d’un sommet de crise pour sauver sa coalition gouvernementale. Parallèlement, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, entamait une visite officielle à Bagdad, la première d’un responsable français de ce rang depuis l’invasion américaine de mars 2003.
«Nous sommes tombés d’accord sur divers sujets. Le plus important est l’ordre du jour du sommet, mais aussi qui y participera », a indiqué hier dans un communiqué le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi. Si la date exacte de ce sommet n’a pas été précisée, il devrait, de source officielle, se tenir « dans quelques jours ». Outre MM. Maliki et Hachémi, le président kurde Jalal Talabani, le vice-président chiite Adel Abdel Mehdi et Massoud Barzani, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, ont participé ce week-end à une nouvelle série de réunions « préparatoires ».
Le gouvernement irakien est paralysé depuis plusieurs mois par des querelles entre partis sunnites et chiites, qui ont provoqué au total le départ ou le boycottage de 17 ministres sur 40. Pour sortir de la crise, le président et le Premier ministre irakiens ont formé jeudi dernier une alliance composée de deux partis chiites et de deux partis kurdes, mais sans obtenir la participation immédiate des sunnites.
L’annonce de ce sommet précède une visite à Damas, aujourd’hui, du Premier ministre irakien. Il s’agit de la première visite officielle d’un chef de gouvernement irakien en Syrie depuis près de 30 ans. Pour cette visite de trois jours, M. Maliki sera à la tête d’une importante délégation incluant les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, du Pétrole, des Ressources hydrauliques et du Commerce. Interrogés par l’AFP, les services de M. Maliki ont refusé de préciser s’il serait reçu par le président Bachar el-Assad. Cette visite de M. Maliki intervient dix jours après qu’il se fut rendu à Téhéran.
Parallèlement, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a entamé hier une visite officielle à Bagdad. Cette visite, la première d’un responsable français de ce rang depuis l’invasion américaine de mars 2003 à laquelle Paris s’était opposée, intervient alors que les présidents Nicolas Sarkozy et George W. Bush viennent d’afficher leur proximité. Un changement radical par rapport à l’ère Chirac.
Dès son arrivée à Bagdad, M. Kouchner, accompagné de son homologue irakien Hoshyar Zebari, est allé déposer une gerbe devant un monument commémorant la mort du représentant de l’ONU en Irak, Sergio Vieira de Mello, un ami de M. Kouchner, et de 21 autres personnes dans un attentat à Bagdad le 19 août 2003. Interrogé par l’AFP sur l’accroissement du rôle de l’ONU en Irak, M. Kouchner a répondu : « Je l’espère, cela dépend beaucoup des Irakiens, beaucoup plus que de nous. » M. Kouchner était allé à contre-courant de l’opinion dominante lors du déclenchement du conflit en 2003, regrettant que la France se soit désolidarisée des Américains.
En soirée, il a ajouté, s’adressant à la presse, que les Irakiens
devaient trouver une solution politique à la violence. « C’est un problème irakien et il doit être réglé par les Irakiens. Ce que je pense et ce que M. Sarkozy pense, c’est qu’il n’y a pas de solution militaire, et c’est une position constante de notre pays », a déclaré M. Kouchner. « Nous avons été opposés au dictateur (Saddam Hussein), mais nous sommes contre la manière dont les choses se sont passées », a ajouté le ministre. « Nous devons tenir compte de la réalité, y compris bien sûr la position américaine », a ajouté M. Kouchner.
« Nous sommes disposés à être utiles. Mais la solution est entre les mains des Irakiens », a poursuivi M. Kouchner, qui a insisté sur le fait qu’il était venu « écouter les Irakiens ». « Le gouvernement irakien considère cette visite comme très importante. Elle ouvre la voie à un développement des relations entre l’Irak et la France. L’Irak n’était pas très satisfait de la position de la France sous Chirac. Maintenant que Sarkozy est en fonctions, il essaie de tourner une page (...) et nous en sommes heureux », a déclaré Ali al-Dabbagh, porte-parole du gouvernement irakien.
Sur le terrain, douze civils ont notamment été tués et 31 autres personnes blessées dans une attaque au mortier, hier dans la banlieue est de Bagdad.
Les dirigeants des principales communautés irakiennes, réunis autour du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, se sont accordés hier sur la tenue d’un sommet de crise pour sauver sa coalition gouvernementale. Parallèlement, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, entamait une visite officielle à Bagdad, la première d’un responsable français de ce rang...
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