Actualités - OPINION
ÉCLAIRAGE « La surprise » de Nasrallah provoque les spéculations alors que le Hezbollah garde un mutisme total Scarlett HADDAD
Par HADDAD Scarlett, le 18 août 2007 à 00h00
Depuis que le secrétaire général du Hezbollah a affirmé, dans son dernier discours télévisé le 14 août, qu’une grande surprise attendait Israël s’il s’aventurait dans une nouvelle agression contre le Liban, les milieux politiques et diplomatiques s’interrogent sur la nature de cette surprise. Hassan Nasrallah a en effet développé, au cours des dernières années, une grande crédibilité, notamment sur le plan de la résistance et des préparatifs militaires, au point que ses propos, lancés avec une telle assurance et une telle fermeté, devraient, selon les milieux politiques, être pris au sérieux. Certains cercles de la majorité n’ont d’ailleurs pas manqué de relever l’arrogance contenue dans les propos de sayyed Nasrallah, critiquant ce qu’ils ont appelé les «fanfaronnades » du secrétaire général du Hezbollah.
Mais dans les coulisses politiques et diplomatiques, chacun se demande en quoi consiste cette fameuse surprise. D’autant que le sayyed a affirmé qu’elle serait de nature à modifier le cours de la guerre et peut-être la physionomie de la région.
Les médias israéliens ne se sont d’ailleurs pas privés ces derniers jours d’interroger des experts militaires ou des spécialistes du Hezbollah et même de l’Iran pour tenter de trouver des explications cohérentes. Plusieurs hypothèses ont été ainsi émises, certaines farfelues, d’autres plus concrètes, augmentant encore le suspense provoqué par le chef du Hezbollah.
Certains laissent ainsi entendre que l’Iran, qui a donc développé un programme nucléaire militaire au grand dam de la communauté internationale, en aurait donné des « miettes » au Hezbollah, qui, lui, serait plus susceptible de les utiliser puisqu’il est en confrontation directe avec Israël. Ceux-là vont même jusqu’à dire qu’à partir du mois de septembre, et à mesure que le président américain devra affronter des problèmes internes, avec l’approche de l’échéance présidentielle américaine, il pourrait bien se lancer dans une sorte de fuite en avant qui consisterait à lancer des frappes aériennes contre l’Iran. Ces frappes pourraient bénéficier de l’appui de la communauté internationale qui ne voit pas d’un bon œil la détention prochaine par Téhéran de l’arme nucléaire. Dans ce cas de figure, toujours selon les mêmes experts, la principale riposte viendrait du Hezbollah. Mais ce scénario a été clairement démenti par le général Michel Aoun qui a affirmé que d’après le document d’entente signé avec le Hezbollah, les armes de celui-ci sont destinées à défendre le Liban, non l’Iran. Par conséquent, le chef du CPL est convaincu qu’un bombardement de l’Iran n’est pas un motif suffisant pour provoquer une réaction de la formation libanaise contre Israël.
Une autre hypothèse émise par les experts suggère que la Syrie ait pu donner au Hezbollah des obus à ogive chimique, qui lui permettraient de faire réellement mal à Israël en cas de nouvelle guerre, tout comme elle aurait pu lui donner des missiles antiaériens qui ont jusqu’à présent fait défaut à la Résistance, fragilisant le système de défense antiaérien de l’État hébreu.
Enfin les experts pensent aussi que le Hezbollah, qui, jusqu’à présent, a développé une stratégie de défense efficace, pourrait se lancer désormais dans une tactique offensive et tenter de faire des percées en territoire israélien. Dans ce contexte, les experts soulèvent l’éventualité pour le Hezbollah d’avoir établi un réseau d’informateurs au sein de l’armée israélienne, profitant de l’état de démobilisation dans lequel se trouvaient certains officiers et soldats après la guerre de l’été dernier et d’un certain malaise au sein de cette institution. Ils pensent même que si Israël se lance dans une nouvelle aventure militaire contre le Liban, la Syrie pourrait aussi y participer, élargissant ainsi le front...
Comme on le voit, les hypothèses varient selon les tendances et vont des questions purement techniques à de véritables scénarios de guerre, de victoire ou de défaite.
Ce qui est certain c’est que Nasrallah a quand même réussi à semer le trouble dans les esprits. Mais du côté du Hezbollah, on refuse de donner la moindre précision sur la fameuse « surprise », affirmant que la force réelle du parti est justement dans sa faculté de surprendre l’ennemi. Au moment de la guerre de l’été dernier, Israël n’avait pas ainsi prévu que le parti était si bien organisé, ni si doté d’armes et de moyens de communication aussi sophistiqués, qui lui ont permis d’assurer une bonne coordination entre ses diverses unités en dépit des bombardements et de la surveillance des radars ennemis. Les sources proches du Hezbollah ajoutent qu’un des facteurs qui ont permis à la formation de résister devant l’agression israélienne est justement sa cohésion et la difficulté pour Israël d’obtenir des informations fiables sur ses moyens et son organisation. Il faudrait donc préserver cet avantage et éviter de donner le moindre indice, comme c’est aussi le cas dans le dossier des deux soldats israéliens détenus par le Hezbollah...
Cette « surprise » annoncée soulève en tout cas une grande interrogation : comment le Hezbollah a-t-il pu reconstituer, selon ses propres affirmations, sa force militaire depuis l’été dernier, alors que les frontières aériennes, terrestres et maritimes sont théoriquement sous surveillance ? La réponse est aussi difficile que les spéculations sur les nouveaux moyens possédés par le parti...
Depuis que le secrétaire général du Hezbollah a affirmé, dans son dernier discours télévisé le 14 août, qu’une grande surprise attendait Israël s’il s’aventurait dans une nouvelle agression contre le Liban, les milieux politiques et diplomatiques s’interrogent sur la nature de cette surprise. Hassan Nasrallah a en effet développé, au cours des dernières années, une grande...
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