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Sfeir songerait à un nom déterminé, qu’il laisserait à Berry le soin de divulguer Émile KHOURY
Par KHOURY Emile, le 17 août 2007 à 00h00
Il se répète, de diverses sources concordantes, que le patriarche Sfeir a en tête un nom de président consensuel. Nom qu’il ne rendrait pas public lui-même. Et qu’il confierait au président Nabih Berry, pour en assurer la promotion. On sait en effet que le prélat refuse en principe, cette fois, d’intervenir ouvertement dans le choix du prochain chef de l’État. Car il a été échaudé par de précédentes expériences : on sollicitait son arbitrage, il avançait des noms, et l’on n’en tenait aucun compte. Mais pourquoi Berry ? Tout simplement parce que, comme on le sait également, le chef du Législatif engage une initiative de conciliation en déclarant s’aligner sur Bkerké, instance concernée au premier chef par une élection dévolue à la communauté maronite.
Ainsi, tout comme le cardinal, M. Berry milite farouchement pour que l’échéance ait bien lieu. Dans l’émission radio Salon du samedi, animée par Wardé sur La Voix du Liban, il a déclaré : « Certains souhaitent que l’élection présidentielle n’ait pas lieu, pour maintenir la situation présente. Non, non, elle se tiendra de fait. »
Mais il a ajouté qu’un « charivari va se produire. Vous verrez alors ce qui va se passer et ce que nous allons faire. » Que signifie au juste cette petite phrase sibylline ? Où l’agitation va-t-elle prendre corps ? Est-ce que l’échéance va provoquer des divisions marquées, du désordre, de la confusion au sein d’un camp donné ? Si cela devait être le cas, il ne pourrait s’agir, a priori, que du 14 Mars.
La majorité a, visiblement, un problème de candidatures. On en trouve déjà trois qui sont déjà sur le marché : celles de MM. Robert Ghanem, Boutros Harb et Nassib Lahoud. Dans l’ordre, l’une se trouve confirmée, l’autre présentée comme allant être annoncée sous peu et la troisième mise à la disposition du front loyaliste. Qui non seulement n’a pas dit son mot mais n’a demandé à personne d’attendre, avant de se prononcer, qu’il se réunisse pour décider. Ce flottement peut, effectivement, déboucher sur le charivari que M. Berry prédit.
D’autant que les majoritaires sont divisés au sujet de deux options de base. Les uns tiennent à ce que le président sorte de leurs rangs, en faisant valoir qu’un président de consensus serait pour le moins insipide ou risquerait de favoriser le jeu syrien. Les autres soutiennent qu’un président d’entente est nécessaire. Car même si le choix devait être contestable, il resterait préférable au vide institutionnel.
Autre embûche pour la fraction au pouvoir : les modalités du scrutin. La carte de pression que constituait la possibilité d’élire en famille le président, à la majorité absolue, se trouve en effet fortement émoussée. Parce que Bkerké, incontournable en la matière, a assuré que le quorum des deux tiers est nécessairement requis. Précepte applaudi par le bloc tripolitain. Cependant, Bkerké a également précisé que, dans le même esprit, personne ne devrait chercher à torpiller la présidentielle. C’est-à-dire à empêcher qu’elle se tienne, pour éviter que la majorité ne puisse, au second tour du scrutin, désigner qui elle veut. On sait en effet que la majorité des deux tiers n’est requise qu’au premier tour et non dans les suivants.
Toujours est-il qu’en pratique, le camp loyaliste marque quand même un point important. À savoir que la revendication opposante d’un gouvernement dit d’union nationale que l’on mettrait en place avant l’élection devient manifestement caduque. Pour diverses raisons. D’abord parce qu’avec les assurances de Bkerké comme de M. Berry, il n’y a plus vraiment lieu de craindre, comme le fait M. Émile Lahoud, une non-élection octroyant à l’équipe Siniora les prérogatives de la présidence. Ensuite, parce qu’il n’y a plus assez de temps pour former un tel cabinet, et pour s’accorder autant sur un programme commun que sur la répartition des portefeuilles. Enfin, parce que d’ici au jour de l’élection, il ne pourrait en réalité, et malgré son titre ronflant, qu’expédier les affaires courantes.
En face, le tableau est plus serein. Pour une première raison, essentielle : les consignes émanent d’un seul et même chef d’orchestre. De plus, à ce jour, l’opposition n’offre qu’un seul nom, celui du général Michel Aoun. En principe, ses piliers devraient pouvoir rester unis. Même s’il leur faudrait négocier avec la majorité sur un président de consensus.
Il se répète, de diverses sources concordantes, que le patriarche Sfeir a en tête un nom de président consensuel. Nom qu’il ne rendrait pas public lui-même. Et qu’il confierait au président Nabih Berry, pour en assurer la promotion. On sait en effet que le prélat refuse en principe, cette fois, d’intervenir ouvertement dans le choix du prochain chef de l’État. Car il a été...
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