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Le pays arabe le plus peuplé accuse un déficit de quelque 20 milliards de m3 d’eau par an En Égypte, les « assoiffés » se révoltent

L’Égypte, dont les besoins en eau sont pourtant couverts à plus de 95 % par le Nil, vit depuis plusieurs semaines une crise due à la pénurie d’eau potable, mal vécue par les « assoiffés » qui mettent les autorités en accusation. L’été a été marqué par des manifestations et des sit-in d’Égyptiens privés d’eau à travers le pays et des dizaines d’entre eux ont été blessés lors de heurts avec les forces de l’ordre. Selon des estimations officielles, l’Égypte, pays arabe le plus peuplé avec 76 millions d’habitants, accuse un déficit de quelque 20 milliards de m3 d’eau par an. L’agriculture consomme à elle seule plus de 80 % de l’eau douce. Les « assoiffés », comme ils ont été surnommés par la presse, en sont réduits à se fournir auprès de camions-citernes aux horaires capricieux ou à recourir à des points d’eau impropre à la consommation. Néfertiti, 23 ans, qui habite le village de Borg al-Borollos, au nord du Caire, et ne souhaite pas révéler son nom de famille, soutient à l’AFP ne recevoir de l’eau qu’une fois tous les dix jours environ. « La semaine dernière, elle était jaune et sentait mauvais », affirme-t-elle. Le reste du temps, les robinets sont désespérément secs. Des mesures d’urgence En Égypte, les maladies transmises par l’eau et la déshydratation sont courantes. Pour se faire entendre, des « assoiffés » accusant le gouvernement d’indifférence ont régulièrement bloqué des routes ces dernières semaines. Beaucoup crient à l’injustice, estimant que les autorités privilégient les quartiers des nantis, alors qu’eux-mêmes assurent devoir payer les factures d’eau même s’ils n’en reçoivent plus. Face à cette exaspération populaire très médiatisée, le ministre de l’Habitat, Ahmad al-Maghrabi, a annoncé des mesures d’urgence. Un milliard de livres égyptiennes, soit près de 130 millions d’euros, doit ainsi servir à soulager les Égyptiens les plus affectés d’ici à avril 2008. De nouvelles canalisations et une centaine de stations de purification d’eau doivent être construites et près de 500 puits creusés, alors que des villages ne disposent pas, ou plus, d’eau potable depuis des mois, voire des années. Risque de sécheresse « À long terme, les mesures semblent adaptées. Mais elles ne résoudront pas les problèmes immédiats », déclare à l’AFP Hamdi al-Sayyed, le président du syndicat des médecins. D’après lui, « plusieurs années » seront nécessaires pour remédier à la « guerre de l’eau », comme l’a baptisée le quotidien indépendant al-Masri al-Yom. Un rapport du Centre national de recherche sur l’eau, un organisme gouvernemental, avertissait récemment que l’Égypte risquait de souffrir d’une pénurie d’eau généralisée vers 2025, voire d’une sécheresse. Principale cause de cette crise, selon les spécialistes, l’explosion démographique. Alors qu’un Égyptien naît toutes les 23 secondes, les infrastructures ne suivent pas. Et tandis que les ressources en eau potable diminuent, la production des eaux usées croît constamment, augmentant les risques de pollution. Le ministre de l’Irrigation, Mahmoud Abou Zeid, a admis dans la presse que seuls 60 % des villes et 4 % des villages étaient équipés d’un réseau d’égouts. Le reste des eaux usées domestiques se déverse dans le Nil, avec un total estimé de 1,8 md de m3 par an, ce qui reste encore faible à côté des 13 mds de m3 de rejets agricoles ou industriels. En cause également, les déperditions d’eau avec des fuites dues à la vétusté des réseaux, et les détournements sauvages effectués par des particuliers pour s’alimenter directement sur les tuyaux. « En Égypte, nous gaspillons énormément d’eau. Les gens ne réalisent pas que l’eau potable est devenue précieuse », affirme M. Sayyed. Le développement de villes nouvelles en périphérie du Caire, principalement destinées à une clientèle haut de gamme, contribue également à la crise, terrains de golf et piscines augmentant la consommation.
L’Égypte, dont les besoins en eau sont pourtant couverts à plus de 95 % par le Nil, vit depuis plusieurs semaines une crise due à la pénurie d’eau potable, mal vécue par les « assoiffés » qui mettent les autorités en accusation.
L’été a été marqué par des manifestations et des sit-in d’Égyptiens privés d’eau à travers le pays et des dizaines d’entre eux ont été...