Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Une position en soi Sleimane : Des propos qui n’étaient pas destinés à la publication

En reçevant, il y a une semaine, les camarades officiers de la promotion 1970, le général Michel Sleimane a tenu des propos qui ont fait l’effet d’une bombe politique. Mais qui étaient loin, en réalité, de viser un tel objectif. Ou une telle ambition. Car ils n’étaient pas du tout destinés à la publication. À preuve que nul secrétaire n’a été chargé d’enregistrer, ni de transcrire, ces déclarations. Et que la Direction de l’orientation de l’armée, en charge de la communication, n’a pas été priée d’en diffuser, d’en distribuer la teneur. C’est simplement l’un des présents qui a cru de son devoir de répercuter sur les médias les confidences du commandant en chef aux cadres vétérans. De plus, et surtout, selon des sources militaires autorisées, les assurances et les indications du général ne sont pas reprises avec la précision requise. C’est-à-dire, ajoutent ces sources, que si la Direction de l’orientation s’était chargée de l’opération divulgation, il n’y aurait pas eu de passages flous, prêtant à confusion et donnant lieu à autant d’interrogations perplexes sur leur sens, comme cela a été le cas. Tout aurait été clair, net et précis, à l’image d’une rectitude personnelle reconnue. Il reste cependant, pour le fond, quelques vérités premières qu’en réalité, le général ne cesse d’asséner aux politiciens, sous une forme ou une autre, de telle ou telle manière. Ainsi quand il les presse de sauver la patrie en s’entendant entre eux. En se retrouvant autour de Taëf, dans le respect de la lettre comme de l’esprit de ce pacte fondateur de la présente République. Et en s’occupant des gens, qu’il est inadmissible de voir autant délaissés. Controverse Mais on ne se refait pas. Pour nombre de politiciens, les admonestations du général ne sont que nouveau combustible pour la polémique qui les oppose. Les sources militaires citées s’étonnent de la sorte que certains majoritaires aient vu dans les dires du général une réplique à Georges Adwan. Le député FL avait, dans une prestation télévisée dimanche, dénoncé la pratique d’amender la Constitution en faveur de présidentiables virtuels, ou présentés comme tels, qui occupent des fonctions officielles. En référence au cas Lahoud. Et par allusion, sans aucun doute, au commandant en chef de l’armée actuel ainsi qu’au gouverneur de la Banque centrale. Ces sources soulignent que le général a tenu ses propos quatre bons jours avant l’intervention du parlementaire. Les majoritaires, est-il besoin de le dire, en veulent également à l’officier pour sa disculpation des SR syriens à propos de Fateh el-Islam. Les sources citées répondent qu’il a également blanchi les parties gouvernementales mises en cause, à ce même propos, par nombre d’opposants. Et elles rappellent qu’aucune instance judiciaire n’a établi de lien entre le groupe terroriste et les SR syriens. Alors que les informations dont l’armée dispose montrent que Fateh el-Islam relève d’el-Qaëda. Et entretient des cellules dormantes dans plus d’un camp de réfugiés palestiniens ou encore ailleurs. À dire vrai, des observateurs n’excluent pas que les reproches ou les critiques suscités par les déclarations du général soient motivés chez certains présidentiables, ou certaines parties qui ont des candidats déterminés en vue, par un esprit de concurrence. Réserve Du côté de l’opposition, on se contente d’observer, de compter les points. Aucune réaction officielle, donc, aux positions du commandant en chef. Ce refus de prendre parti, de s’engager dans la polémique, même s’il serait tentant de riposter aux FL, s’explique sans doute par le fait que l’opposition marche sur des œufs en ce qui concerne la présidentielle. En effet, elle appuie la candidature du général Michel Aoun. Cependant, à ce jour, d’une manière simplement officieuse. En effet, ni le Hezbollah ni Amal ne s’engagent à fond aux côtés de l’ancien président du Conseil, tout en répétant qu’il a l’étoffe d’un bon président. Il existe sans doute des raisons de choix extérieur encore en suspens pour expliquer cette ambiguïté. Mais aussi, sans le crier sur les toits, nombre de pôles opposants pensent qu’à l’issue de la partielle du Metn, le leader du CPL a perdu de sa présidentiabilité. Et qu’il est devenu bien difficile de défendre ce contresens qui consiste à le présenter comme un candidat d’entente et de consensus. Il faut y ajouter que les pôles de l’opposition confient en privé qu’ils « n’ont pas de problème » avec les propos du général Sleimane. D’autant qu’ils en approuvent l’action. Et qu’ils n’ont aucune objection, disent-ils, aux légitimes ambitions de quiconque. Approbation Sur un plan global, on entend répéter dans les deux camps qu’il faut tenir compte d’une réalité patente. À savoir que la population réagit favorablement à la prestation du commandant en chef lors des événements de Nahr el-Bared. Et que les Libanais dans leur ensemble voient dans l’armée le dernier abri, l’ultime garantie nationale. Par sa propre cohésion, son inaltérable unité. Tout comme par son équidistance des protagonistes du cru. Une planche de salut sans laquelle l’État se serait effondré. Et sans laquelle, comme Nahr el-Bared en fait foi, il n’y aurait évidemment pas moyen d’assurer la sécurité du pays. Par contre, on entend souvent la population pester contre la classe politique et ses querelles. Ses escalades verbales qui font que les Libanais ont de plus en plus envie d’une troisième voie. D’une ligne modérée, unificatrice. Un esprit, un besoin que le président Berry semble comprendre lorsqu’il souligne la nécessité d’un président de consensus rassembleur. Un arbitre au-dessus de la mêlée. Sans être neutre en regard des impératifs nationaux. Philippe ABI-AKL



En reçevant, il y a une semaine, les camarades officiers de la promotion 1970, le général Michel Sleimane a tenu des propos qui ont fait l’effet d’une bombe politique. Mais qui étaient loin, en réalité, de viser un tel objectif. Ou une telle ambition. Car ils n’étaient pas du tout destinés à la publication. À preuve que nul secrétaire n’a été chargé d’enregistrer,...