Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

LA SITUATION Sur la scène locale, une énergie positive que les chancelleries ne partagent pas encore

Toutes les forces politiques sont au moins d’accord sur le fait que l’heure est au brainstorming présidentiel. Tout reste à faire cependant, surtout au lendemain des attaques au vitriol de Walid Joumblatt, qui a prévenu que toute compromission serait un acte de traîtrise. Hier, Atef Majdalani a pourtant bien affirmé que « le 14 Mars » était prêt à « aller au dialogue, sans aucune condition, n’importe où, pour trouver une solution à la crise libanaise ». Prémices d’un désaccord dans les rangs mêmes du 14 Mars sur la prochaine attitude à adopter face aux desiderata de l’opposition ? Peut-être. Mais une chose reste sûre, c’est que le bloc de la majorité est déterminé à laisser les divers postulants du 14 Mars à la présidence annoncer leur candidature, à charge toutefois de se désister, durant le dernier quart d’heure, en faveur du candidat qui sera le plus susceptible de l’emporter. « Il y aura environ 4 candidats, le but étant de montrer la diversité, la démocratie au sein du 14 Mars. De dire aussi qu’un candidat peut être élu sans que des amendements constitutionnels soient nécessaires », a ainsi indiqué une source ministérielle proche de la majorité. Pendant ce temps, de l’autre côté de l’échiquier politique, Michel Aoun continue de se poser comme l’unique candidat consensuel à la présidence de la République. Le mouvement Amal et le Hezbollah continuent néanmoins d’observer un silence de défiance. Le président de la Chambre et chef de Amal, Nabih Berry, ajoute cependant à ce mutisme intentionnel des signaux censés parsemer la scène politique d’espoir, puisqu’il a fait savoir qu’il était en train de concocter une initiative et qu’il rencontrerait à cet effet, dans les prochains jours, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Selon des sources bien informées, la bonne gestion de l’échéance présidentielle relèverait désormais de ces deux hommes : Nabih Berry et Nasrallah Sfeir. À tort ou à raison, l’ensemble des forces politiques locales ont décidé de continuer à donner du crédit à toute initiative qui émanerait de Nabih Berry, perçu comme l’interlocuteur le plus accessible au sein de l’opposition, et le plus crédible aussi, en raison de ses liens étroits avec le Hezb et Damas. À tort ou à raison, la communauté chrétienne continue de miser sur Bkerké pour parvenir à une réconciliation entre les différents chefs de file de cette communauté. Sans vouloir entrer dans le dilemme de l’unicité du leadership au sein de chaque camp et si cela est réellement démocratique, force est d’accepter ce qui est : pour réussir à franchir l’échéance présidentielle avec le moins de heurts possible, les chrétiens doivent resserrer leurs rangs et se mettre d’accord, avant la date fatidique du 25 septembre, sur les constantes de la présidence en particulier et de leur communauté en général. Il y va du « destin du Liban », comme l’a d’ailleurs souligné Samir Geagea hier. Nabih Berry va donc se réunir avec Mgr Sfeir, même si aucune date n’a encore été arrêtée. Il va aussi effectuer une tournée auprès des principaux chefs de file, quitte à se rendre ensuite à Damas, Téhéran, Le Caire et Paris, ont souligné des sources bien informées. Le président de la Chambre aurait ainsi accordé son violon avec celui du Quai d’Orsay, mais aussi avec l’Arabie saoudite, qui, à l’instar du Vatican et Téhéran, est unanime sur l’extrême nécessité de la tenue de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels. M. Berry compterait ainsi finaliser toutes ces rencontres avant le 31 août, date de la commémoration de la disparition de Moussa Sadr, fondateur du mouvement Amal, et durant lequel il devrait s’exprimer sur les caractéristiques principales du futur président. Cela n’empêche pas cette même opposition de miser sur un effritement du mouvement du 14 Mars, encouragée par les annonces de candidature en cascade qui ont fusé ces derniers jours de ces rangs, mais aussi par le discours de M. Joumblatt dimanche dernier dans lequel il a mis en garde contre toute compromission. De son côté, Saad Hariri, actuellement à l’étranger, envisagerait toutefois de maintenir sa prochaine rencontre avec Michel Aoun. Un temps ajournée pour cause d’élections partielles, cette réunion devrait se tenir vers la fin du mois. Le bloc Hariri a néanmoins fait savoir qu’il adhérerait à toute décision émanant du 14 Mars concernant la présidentielle, car il la considère comme une échéance proprement chrétienne. Une certaine énergie positive semblerait ainsi planer sur les principaux pôles des deux camps, ce qui ne sera toutefois pas suffisant pour régler les difficultés liées à cette méga-échéance qu’est la présidentielle. Les États-Unis ont à cet égard fait savoir par le biais de leur ambassadeur Jeffrey Feltman, qu’ils s’alignaient en tout point à la position française et qu’ils sont prêts à exercer le maximum de pressions pour que l’élection se tienne à temps. Sur la teneur de ces pressions, une source ministérielle reste néanmoins très sceptique, puisqu’elle estime que « tant que le tribunal spécial pour le Liban n’aura pas réellement pris son envol, la Syrie n’aura pas suffisamment peur et ne coopérera pas. Et Damas continuera donc de miser sur le non-président aussi longtemps qu’il le pourra ». Comprendre par là que, tant que la communauté internationale n’aura pas fait le forcing adéquat au niveau du tribunal, le régime syrien continuera de faire pression en ravivant la polémique sur le quorum nécessaire à l’élection du président de la République. Si même les pôles du 14 Mars sont désormais convaincus que le président ne peut être élu « aux deux tiers des députés si ceux-ci ne sont pas présents dans l’hémicycle », encore faut-il que le nombre adéquat de députés décide d’être présent au Parlement le 25 septembre prochain, en dépit des assurances de M. Berry qui n’a pas raté une occasion de dire que la séance aura lieu envers et contre tout. D’ailleurs, Mgr Sfeir l’avait clairement expliqué : libre aux députés de s’abstenir ou de voter contre, à condition qu’ils assistent à la séance de vote. Autre question épineuse : la concomitance entre l’élection présidentielle et la formation d’un nouveau gouvernement, une proposition que l’opposition continue de rejeter à l’heure qu’il est, alors que la majorité au pouvoir qualifie cette exigence de sabotage. C’est sans doute pour toutes ces raisons que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, n’a toujours pas fixé de date pour son retour à Beyrouth ni même annoncé la visite de son émissaire, Jean-Claude Cousseran. Une visite qu’il juge sans doute totalement inutile à l’heure qu’il est, aucun progrès n’ayant été réalisé et la problématique libanaise ayant pris la forme d’un éternel cercle vicieux dont personne ne semble disposé à consentir les concessions nécessaires pour en sortir. En clair, tant que la diplomatie française n’aura pas obtenu de signaux manifestes allant dans le sens d’un déblocage au niveau surtout des exigences de l’opposition, elle rechignera à reprendre en charge les négociations, comme le souligne notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane. Pour cela, il faudra donc attendre l’après-réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, prévue pour début septembre. Lélia MEZHER
Toutes les forces politiques sont au moins d’accord sur le fait que l’heure est au brainstorming présidentiel. Tout reste à faire cependant, surtout au lendemain des attaques au vitriol de Walid Joumblatt, qui a prévenu que toute compromission serait un acte de traîtrise. Hier, Atef Majdalani a pourtant bien affirmé que « le 14 Mars » était prêt à « aller au dialogue, sans aucune...