Le commandant de l’armée invite les leaders du pays à se conformer à l’esprit et à la lettre de l’accord de Taëf
Michel Sleimane : Fateh el-Islam relève d’el-Qaëda
et non des SR syriens ou d’une fraction gouvernementale
le 14 août 2007 à 00h00
Le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleimane, a affirmé devant une délégation d’officiers de la promotion du 12 mai 1970 que l’organisation terroriste Fateh el-Islam, qui combat l’armée à Nahr el-Bared depuis le 20 mai dernier, est loin d’être un simple groupuscule.
Rendant hommage aux sacrifices consentis par la troupe pour « défendre l’indépendance et la souveraineté du Liban ainsi que la dignité de ses fils, en dépit des moyens limités » dont dispose la troupe, le général Sleimane a notamment déclaré : « Ce serait une erreur de qualifier de bande ceux qui combattent l’armée depuis près de trois mois. Une telle qualification est une atteinte aux sacrifices des martyrs de l’armée. Ceux qui combattent à Nahr el-Bared appartiennent à une organisation armée, très bien entraînée, qui possède un arsenal sophistiqué et une large expérience dans le maniement des explosifs. Les dépôts d’armes et de munitions présents dans le camp sont entre les mains de cette organisation, sans compter les tunnels, les abris et les fortifications, ainsi que les dépôts de provisions déjà présents, comme dans tous les camps palestiniens. Il ne faut pas en outre minimiser les ramifications internes et externes de cette organisation. »
Le général Sleimane a, d’autre part, estimé que l’organisation Fateh el-Islam ne relève pas des services de renseignements syriens, de même qu’elle n’est pas appuyée par « des parties gouvernementales libanaises ». « Il s’agit d’une branche d’el-Qaëda qui voulait faire du Liban et des camps palestiniens un tremplin pour ses opérations au Liban et à l’étranger », a-t-il affirmé.
Évoquant l’évolution des combats à Nahr el-Bared depuis le 20 mai, le général Sleimane a souligné que l’armée avance lentement dans le camp car elle désire éviter les pertes civiles. Et d’affirmer que le conflit touche à sa fin, précisant que le nombre de miliciens qui font face encore à l’armée à l’intérieur du camp s’élève actuellement à 70, auxquels il faut ajouter une centaine de femmes et d’enfants qui refusent de quitter le camp. Le général Sleimane a déploré dans ce cadre le nombre élevé de martyrs de l’armée tombés à Nahr el-Bared, soulignant que lors de la guerre de l’été dernier entre Israël et le Hezbollah, la troupe n’avait perdu qu’une cinquantaine de martyrs.
La politique et l’armée
Le général Sleimane a, par ailleurs, mis l’accent sur le fait que « la politique que nous suivons au sein de l’armée est conforme à l’esprit de l’accord de Taëf pour ce qui a trait aux impératifs de l’entente nationale et du rejet du confessionnalisme dans la répartition des postes, ou au niveau du recrutement, de l’entraînement et de l’équipement ». « La compétence, la justice et l’équité devant la loi sont les valeurs que le commandement de l’armée adopte dans ses rapports avec autrui, a-t-il ajouté. À titre d’exemple, au cours des neuf années que j’ai passées à la tête de l’armée, 900 officiers ont été recrutés sur base uniquement de la compétence. J’ai refusé toutes sortes d’interventions dans ce domaine. C’est ce qui a aidé à maintenir la cohésion de l’armée jusqu’à aujourd’hui. Aucune désertion n’a ainsi été enregistrée en dépit des énormes difficultés dues, en grande partie, aux conflits internes entre les leaders et aux ingérences étrangères dans les affaires nationales. Tout ce que je souhaite, c’est que Dieu inspire les leaders de ce pays, qui souffre depuis trente ans, afin qu’ils retournent tous à l’application de l’accord de Taëf et qu’ils se conforment à l’esprit et à la lettre de cet accord, et qu’ils fassent aussi des concessions réciproques pour sortir de la crise. »
Le général Sleimane a, d’autre part, souligné que le soutien à l’armée, au niveau des armes, des munitions et de l’équipement, se manifeste souvent sous forme de déclarations publiques sans pour autant que cela se traduise dans les faits. « L’appui en paroles est important, mais il ne se concrétise pas de manière suffisante sur le terrain, a-t-il déclaré sur ce plan. Nous avons besoin d’armes et de munitions conventionnelles et modernes. Nous avons reçu beaucoup de promesses, une certaine quantité de munitions, mais pas d’équipement. Ils ont l’air de dire : mourrez d’abord et l’appui viendra par la suite. Nous sommes donc à la recherche, aujourd’hui, de sources d’approvisionnement en armes. »
Interrogé, en outre, sur les informations selon lesquelles il pourrait présenter sa démission au cas où un deuxième « gouvernement » serait formé, le général Sleimane a déclaré : « Il semble que certains journalistes, que nous respectons, souhaitent faire des coups d’éclat médiatiques. Il est vrai que j’ai tenu des propos en ce sens, mais c’était dans le cadre d’une rencontre informelle et dans le but d’exprimer ma réprobation au sujet des dissensions internes qui menacent le pays. Ma position véritable est que je resterai à la tête de l’armée jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République et la formation d’un nouveau gouvernement, et jusqu’à ce que je sois rassuré quant à l’état de la sécurité. Est-il concevable que je quitte le commandement du navire alors qu’il est ballotté par les vagues de tous les côtés ? En tout état de cause, je suis fonctionnaire et je suis soumis aux dispositions de la Constitution libanaise et à la loi de défense qui définissent les modalités de désignation d’un commandant de l’armée et les conditions dans lesquelles sa mission s’achève. »
En conclusion, le général Sleimane a une nouvelle fois rendu hommage aux martyrs de l’armée ainsi qu’aux familles des martyrs. « Le Liban ne devrait rien craindre du fait de la présence d’un tel peuple qui s’est rangé aux côtés de l’armée, comme jamais auparavant dans l’histoire du Liban, et qui désire vivre dans un climat de liberté et de dignité en défendant l’indépendance et la souveraineté du pays », a-t-il conclu.
Le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleimane, a affirmé devant une délégation d’officiers de la promotion du 12 mai 1970 que l’organisation terroriste Fateh el-Islam, qui combat l’armée à Nahr el-Bared depuis le 20 mai dernier, est loin d’être un simple groupuscule.
Rendant hommage aux sacrifices consentis par la troupe pour « défendre...
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