Comme beaucoup de pôles, le président Nabih Berry se convainc que, sur un plan concret, le système électoral représente l’un des fondements essentiels du problème libanais. Donc que l’une des clés premières de la solution reste la refonte du mode de scrutin. Peut-être à travers une conférence nationale.
Certains cadres avouent se repentir d’avoir accepté de garder en 2005 la mouture 2000. Ils reconnaissent que le patriarche Sfeir avait bien raison, alors, de réclamer une révision du code favorisant un volume réduit plutôt que la grande circonscription. Autrement dit, le caza, voire encore plus petit, et non le mohafazat. Beaucoup penchent même aujourd’hui pour l’uninominale tout bonnement. En prenant exemple d’ailleurs sur la plupart des démocraties évoluées. La formule a pour premier avantage d’assurer l’égalité, dans ce sens qu’on n’y trouve pas d’électeurs votant, dans leur circonscription, pour plus de députés que dans un autre secteur. Autrement dit, et c’est important, dans l’uninominale, chaque citoyen envoie à la Chambre un député, un seul, et non 3, 8 ou 21 suivant les fantaisies du découpage. L’uninominale se résume dans la devise : un homme, un vote. Elle est défendue par le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, qui a présenté un projet sur cette base.
De même, il était recommandé expressément de chercher à simplifier les mécanismes de dépouillement et des décomptes, source fréquente de confusions et de bisbilles.
Pour ce qui est de M. Berry, il milite désormais, au dire de l’un de ses visiteurs, pour une loi qui, tout en assurant le brassage national, empêcherait quiconque, individu ou bloc, de truster le leadership d’une communauté déterminée. Phénomène dont résulte la recrudescence de propos confessionnalistes provoquant, ou intensifiant, un climat conflictuel aigu dans le pays. En d’autres termes, le clivage sectarisé de la sorte a pour effet de gommer largement le pluralisme et l’esprit de coexistence bien compris. M. Berry est pour une loi qui permettrait à l’électeur d’être vraiment représenté comme il le souhaite, loin de toute pression abusive et de choix imposés.
À ce propos, un ancien ministre soutient que les partielles successives de Baabda-Aley et du Metn-Nord montrent que certaines communautés restent sous influence. C’est-à-dire qu’elles ne sont pas en mesure, arithmétiquement, d’envoyer à la Chambre des députés les représentant pleinement. Ou, plus exactement, reflétant les rapports de force véritables en leur sein propre. Cet ancien ministre cite comme exemple le fait qu’à Baabda-Aley, ce sont les voix chiites qui ont fait basculer le résultat en faveur d’un candidat nettement en retrait par rapport aux voix maronites. Dans cette région à majorité chrétienne, la condensation des voix chiites avait permis en 2005 à la majorité, grâce au pacte conclu alors avec Amal et le Hezbollah, de récolter dix sièges. Alors qu’autrement ce seraient les aounistes qui auraient raflé la mise.
Plus encore, et c’est bien connu, des dizaines de députés chrétiens enclavés sont sous la coupe de leaderships ou de blocs musulmans et en servent les intérêts plutôt que ceux de leur communauté. Bkerké, entre autres, n’a jamais cessé de dénoncer cette aberration qui porte atteinte aux équilibres nationaux. En aggravant, naturellement, la marginalisation de la composante chrétienne du pays.
Notons enfin que certains pères de Taëf recommandent que l’on revienne à une Chambre de 108 et non plus de 128. Le chiffre avait été relevé sur demande pressante d’une Syrie qui voulait contenter le plus grand nombre d’alliés.
Philippe ABI-AKL
Comme beaucoup de pôles, le président Nabih Berry se convainc que, sur un plan concret, le système électoral représente l’un des fondements essentiels du problème libanais. Donc que l’une des clés premières de la solution reste la refonte du mode de scrutin. Peut-être à travers une conférence nationale.
Certains cadres avouent se repentir d’avoir accepté de garder en 2005 la...
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