Actualités - REPORTAGE
Changement climatique - Où en est le Liban de ce phénomène mondial et controversé s’inscrivant dans la lutte contre le réchauffement global ? Échange de crédits de carbone : on a toujours besoin d’un moins polluant que soi Suzanne BAAKLINI
Par BAAKLINI Suzanne, le 16 juillet 2007 à 00h00
Et s’il était possible de vendre… de l’air propre ? Non, vous ne nagez pas en pleine science-fiction. Pour mieux répondre au besoin de baisser leur taux d’émission de gaz carbonique (CO2) dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, des gouvernements, et même des sociétés, ont recours à ce qu’il est convenu d’appeler désormais un achat de « crédits de carbone ». Un crédit de carbone équivaut à l’émission d’une quantité déterminée de dioxyde de carbone durant une unité de temps déterminée (à titre d’exemple l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone par an). En d’autres termes, si un plafond d’émission est fixé (donc un maximum d’émissions permises), le pays ou l’entreprise qui dépasse ce plafond de pollution pourra acheter des sortes de « quotes-parts » de pollution de pays ou d’une entreprise moins polluants (qui n’a pas utilisé toute sa quote-part de pollution. De sorte que le bilan global de pollution reste inchangé puisque ceux qui polluent le moins compensent ceux qui polluent plus que le plafond autorisé. Le principe est théoriquement simple, mais pratiquement difficile à appliquer, notamment à l’échelle mondiale. Mais cela ne signifie pas que le marché de crédits de carbone n’est pas réel. Ceux qui critiquent ce système craignent qu’il ne se transforme en une sorte de « permis de polluer », ou encore qu’il ne devienne une excuse à toutes sortes d’abus. Cependant, beaucoup insistent sur son efficacité, si tant est que les limites sont fixées avec équité, puisqu’il s’agirait d’une solution économique à un problème essentiellement économique (celui de devoir débourser pour baisser les taux d’émission). De plus, disent-ils, cela pourrait (et devrait) encourager des pays et des sociétés à diminuer le plus drastiquement possible leurs émissions, parce que de telles mesures finiraient par leur rapporter de l’argent sur le marché mondial, ou du moins leur économiser l’achat de crédits de carbone. Les choses ne sont pas aussi simples et il faut en étudier la possibilité avec minutie, mais le filon est là pour qui voudrait l’exploiter. D’autant que réduire les émissions ne profite pas seulement à la lutte contre le changement climatique à l’échelle planétaire, mais contribue aussi à des avantages bien plus immédiats pour les pays concernés, notamment la diminution de la pollution et les avantages sanitaires qui l’accompagnent. Serait-il intéressant pour le Liban d’envisager la possibilité de vendre des crédits de carbone, lui qui n’a pas d’industrie très développée ? Comment pourrait-il en profiter ? Que fait-on ailleurs dans le monde ? Dans ce dossier, nous reviendrons sur des interventions en rapport avec l’achat de crédits de carbone et d’autres sujets relatifs à la lutte contre le réchauffement global. Ces dossiers ont été abordés par des spécialistes britanniques lors d’une session sur le changement climatique organisée à Londres, au siège de Reuters. Cette session a été organisée par la Fondation Reuters, à l’intention de journalistes de treize pays, dont le Liban (pour ce pays, la participation s’est faite à l’initiative de la Fondation Heinrich Böll). Des experts libanais interrogés analysent, quant à eux, la question d’un point de vue strictement national.
Et s’il était possible de vendre… de l’air propre ? Non, vous ne nagez pas en pleine science-fiction. Pour mieux répondre au besoin de baisser leur taux d’émission de gaz carbonique (CO2) dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, des gouvernements, et même des sociétés, ont recours à ce qu’il est convenu d’appeler désormais un achat de « crédits de carbone ». Un crédit de carbone équivaut à l’émission d’une quantité déterminée de dioxyde de carbone durant une unité de temps déterminée (à titre d’exemple l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone par an). En d’autres termes, si un plafond d’émission est fixé (donc un maximum d’émissions permises), le pays ou l’entreprise qui dépasse ce plafond de pollution pourra acheter des sortes de « quotes-parts » de...