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Actualités - REPORTAGE

ENVIRONNEMENT - Le village de Qaa épargné cette année grâce à un projet pilote réalisé par l’Agence allemande de coopération Inondations dans la Békaa : des solutions simples pour régler un vieux problème Suzanne BAAKLINI

Les images des inondations à la Békaa font quasiment chaque année la une des journaux et tout le monde semble penser qu’il s’agit d’une fatalité. Or ce ne devrait pas l’être, comme vient de le prouver un projet pilote réalisé par une agence internationale et grâce auquel le village de Qaa n’a pas eu les pieds dans l’eau ce printemps. Une nouvelle d’autant plus intéressante que les installations mises en place ne sont ni coûteuses ni compliquées et qu’elles pourraient être adaptées à d’autres régions souffrant du même problème. L’Agence allemande de développement et de coopération (GTZ), qui a un bureau basé au ministère de l’Agriculture, a choisi de s’attaquer à ce problème dans le cadre de ses activités de lutte contre la désertification et la dégradation du sol. « Nous avons choisi Qaa parce que le village se trouve dans une sorte de bassin vers lequel convergent plusieurs sources d’eau en cas de pluies diluviennes, explique Berthold Hansmann, conseiller technique. C’est cela qui cause les inondations régulières. » Et de fait, la région n’est pas près d’oublier le déluge de 2000, quand le niveau d’eau était tel qu’il avait transformé le village, avec ses rues et ses champs agricoles, en un cours d’eau géant. Les inondations se sont répétées ces dernières années et elles causent des dégâts dans les maisons, les cultures et l’infrastructure. Les indemnisations s’élèvent à des centaines de milliers de dollars. La situation est la même partout dans la Békaa-Nord, ainsi que dans d’autres régions du Liban. Cette année, le Hermel a subi des pertes qui ont atteint un million de dollars et les truites élevées dans les bassins ont toutes péri. Or Qaa a été épargné grâce aux installations du projet pilote, entamé fin octobre 2006 et terminé en mars 2007, juste avant les inondations. M. Hansmann explique que les installations avaient pour principal objectif de ralentir l’eau avant qu’elle n’arrive au bas de la pente, vers le village. Le travail s’est donc fait essentiellement en amont et a consisté en des barrages en pierres ramassées dans la région, perméables, censés freiner le débit de l’eau sans l’arrêter totalement. Les barrages ont été placés en différents points des itinéraires des cours d’eau saisonniers, suivant une étude préalable exécutée dans le cadre du projet et malgré l’absence de données précises sur la pluviométrie dans les hauteurs surpombant Qaa (la seule station se trouve au Hermel). De plus, les barrages s’insèrent sans problème dans le paysage, étant construits avec des matériaux naturels. M. Hansmann ajoute que de la végétation adaptée au climat de la région a été plantée dans les environs des barrages, pour aider à absorber le surplus d’eau et contribuer à un reboisement, même très partiel, de cette zone semi-aride. « L’eau charrie avec elle une grande quantité de boue, dit-il. Les barrages contribuent à stocker cette boue, ce qui limite aussi le phénomène d’érosion. » Des lacs artificiels puis des nappes souterraines En tout, comme l’explique Salim Roukoz, ingénieur au ministère de l’Agriculture ayant travaillé sur le projet, les installations sont au nombre de 70 pour cette zone seulement. Et les barrages ne sont pas les seuls à avoir été aménagés. Des lacs artificels, avec une capacité totale de 100 000 mètres cubes, ont été creusés en des points précis de la pente pour recueillir une partie de l’eau. À leur côté ont été prévus des sortes d’obstacles en pierre censés acheminer l’eau plus sûrement vers les lacs. Ceux-ci n’ont pas été imperméabilisés, ce qui signifie que l’eau qui s’y retrouve est ensuite absorbée par le sol et contribue par le fait même à enrichir les nappes phréatiques de la Békaa. Le projet a été entièrement financé par le gouvernement allemand, GTZ étant une agence officielle. Les installations ont coûté quelque 150 000 dollars. M. Hansmann indique que « les autorités libanaises ont été favorablement impressionnées par le coût relativement bas de ces installations ». Mais selon lui, le gouvernement allemand ne financerait que ce projet pilote et non pas des projets similaires dans le reste de la Békaa-Nord. « Notre gouvernement est surtout soucieux de diffuser des méthodologies, explique-t-il. Ces techniques utilisées ne sont d’ailleurs pas nouvelles, elles ont été employées dans des zones semi-arides ailleurs dans le monde, mais pas dans la région. » Selon l’expert allemand, le ministère de l’Agriculture aurait été intéressé à réaliser de pareils projets dans d’autres localités de la Békaa-Nord souffrant du même mal. Il chercherait aujourd’hui des fonds dans cet objectif. Il prévient, cependant, que de telles installations devraient être soumises à un entretien après chaque inondation (donc dès cette année) pour assurer la perennité du projet. « C’est là que la municipalité doit assumer ses responsabilités, dit-il. Nous estimons que le coût de l’entretien devrait s’élever à environ 10 000 dollars. » Concernant le financement de l’entretien, il fait remarquer : « Ce n’est pas grand-chose comparé aux indemnisations en cas d’inondation. On pourrait suggérer, par exemple, que le Haut Comité de secours consacre cette somme à la municipalité puisque c’est lui qui aurait été chargé d’indemniser les pertes. Ce serait une solution. » M. Hansmann ajoute que les travaux d’entretien ne demandent pas d’expertise particulière puisqu’il s’agit principalement de nettoyer les barrages. Les ingénieurs du projet de GTZ, toutefois, inspectent actuellement les lieux pour prendre note des faiblesses, consolider certains barrages qui n’ont pas bien tenu et les entourer de filets de fer au besoin. « Nous travaillons aussi avec le ministère pour planter des arbres fruitiers en un certain point du bassin, afin de contribuer à améliorer les conditions socio-économiques de la population locale, ajoute M. Hansmann. Durant la construction du barrage, nous avons d’ailleurs embauché des jeunes du village de Qaa. » L’équipe du GTZ a effectué vendredi une tournée du projet en compagnie de plusieurs journalistes. L’agence a réalisé plusieurs projets s’insérant dans le cadre de la lutte contre la dégradation des sols au Liban. Elle est également installée dans d’autres pays de la région.
Les images des inondations à la Békaa font quasiment chaque année la une des journaux et tout le monde semble penser qu’il s’agit d’une fatalité. Or ce ne devrait pas l’être, comme vient de le prouver un projet pilote réalisé par une agence internationale et grâce auquel le village de Qaa n’a pas eu les pieds dans l’eau ce printemps. Une nouvelle d’autant plus intéressante que les installations mises en place ne sont ni coûteuses ni compliquées et qu’elles pourraient être adaptées à d’autres régions souffrant du même problème.
L’Agence allemande de développement et de coopération (GTZ), qui a un bureau basé au ministère de l’Agriculture, a choisi de s’attaquer à ce problème dans le cadre de ses activités de lutte contre la désertification et la dégradation du sol. « Nous avons choisi...