On comprend dès lors pourquoi les conciliateurs ne proposent pas de solutions aux divers...
Actualités - OPINION
Détente plutôt qu’entente, pour le moment… Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 22 juin 2007 à 00h00
La mission multilatérale menée par Amr Moussa n’a du bon que sur un plan purement climatique, si l’on peut dire. Assez bizarrement en effet, les Arabes se pointent au Liban, alors que c’est dehors que se joue vraiment la partie. À laquelle d’ailleurs, les Saoudiens notamment, ils participent activement. Tout le monde attend donc de voir ce que les échanges extérieurs vont donner. Dans l’espoir que dans l’inextricable imbroglio régional (l’Irak, la Palestine, le nucléaire iranien, les Kurdes, les Turcs, les relations Washington-Damas, le conflit avec Israël), l’on ferait une petite place à une exception libanaise. Pour tirer ce malheureux pays de l’ornière dans laquelle on l’a, plus ou moins sciemment, plongé.
On comprend dès lors pourquoi les conciliateurs ne proposent pas de solutions aux divers problèmes constituant la crise libanaise. Dans la foulée de la résolution adoptée par le Conseil de la Ligue, réuni au niveau des ministres des Affaires étrangères, les visiteurs se contentent d’insister sur la nécessité de juguler le trafic transfrontaliers d’armes et d’éléments subversifs. Ils offrent d’ailleurs leur concours à cet effet, comme pour lutter contre le terrorisme. Ils condamnent de même avec insistance les crimes perpétrés dernièrement. Tout en mettant l’accent sur l’action à mener pour régler la crise relationnelle avec Damas. Et ils concluent en pressant les Libanais de retourner à la table de dialogue.
La question ministérielle est éludée. Les diplomates se cantonnent dans des généralités, des têtes de chapitres sans consistance. Et c’est avec curiosité que l’on se demande quelle pourrait être la teneur de cette « initiative arabe » dont la proclamation est promise en point d’orgue de la mission, au moment de son départ.
Indications
Confirmant ces impressions, le président Nabih Berry confie en privé qu’il n’attache pas beaucoup d’importance, ou d’espoir, à la mission arabe. Car, à l’en croire, les conditions d’un règlement ne sont pas encore mûres. Il se pourrait, ajoute-t-il, qu’à l’origine même le but de la démarche ait été, et reste, de meubler le temps. De faire acte de présence pour le principe, en favorisant autant que faire se peut une certaine détente politique sur la scène libanaise.
Mais, même simplement symbolique pour ainsi dire, la mission s’est heurtée à des positions libanaises réciproquement braquées et arquées. Des conflits qui portent sur plusieurs points, à commencer par l’ordre des priorités et leur agenda. L’opposition refuse que l’on mette l’accent sur le trafic transfrontalier et le terrorisme parachuté. Elle attend des Arabes, leur a-t-elle dit, qu’ils l’aident à décrocher le cabinet d’union. La majorité, pour sa part, veut que la mission s’en tienne à la résolution du Conseil de la Ligue, prévoyant une assistance pour sécuriser la frontière, trop perméable, avec une agressive Syrie. Elle fait valoir que la Ligue et ses tenants n’ont pas à se mêler d’une affaire intérieure comme le sort du cabinet. Car leur responsabilité est seulement de traiter les problèmes entre pays membres.
Polémique annexe
Incidemment, les majoritaires s’en prennent au président Berry pour son comportement partial. Inadmissible, d’après eux, de la part d’un officiel dont la mission est de jouer les traits d’union et non pas les pugilistes. Ils lui reprochent d’avoir déclaré aux visiteurs arabes que le problème au Liban, c’est que la majorité ne sait pas ce qu’elle veut et n’a pas de position unifiée sur les questions de l’heure. Les loyalistes s’en étonnent, s’en indignent. Car, rappellent-ils, la majorité a clairement fait savoir, et en détail, dans le manifeste qu’elle a publié après l’adoption du tribunal, pour exposer son programme. De plus, immédiatement après, M. Saad Hariri a tendu la main à l’opposition, en vue de rencontres d’explications et de pourparlers, pour discuter de ce programme comme des vues du 8 Mars. Or, l’on a traité son initiative par le mépris. En refusant donc de le retrouver à mi-chemin pour rouvrir le dialogue. En fait, concluent les majoritaires, c’est la partie adverse qui ne sait ni ce qu’elle veut ni où elle va. À preuve, selon eux, que l’on chercherait en vain une position opposante unifiée au sujet des partielles, d’un éventuel deuxième gouvernement, du cabinet d’union potentiel ou de l’échéance présidentielle.
Enfin, les majoritaires s’étonnent que leurs vis-à-vis, si sourcilleux en général au sujet de la prétendue allégeance des loyalistes à l’Occident, préfèrent La Celle-Saint-Cloud, au niveau des seconds couteaux, à une reprise du dialogue national à Beyrouth. Ils soulignent que si M. Berry avait le moindre sens des responsabilités de sa charge, il se hâterait de rouvrir le Parlement, site naturel de tout dialogue national. Mais ils ne manquent pas d’attribuer les circonstances atténuantes à l’intéressé, dans la mesure où la décision ne dépend pas de lui, mais du donner d’ordres connus. Que l’on aura sans peine reconnu. Et qui, concluent-ils, cherche à provoquer la création d’un deuxième gouvernement au Liban, afin que l’implosion politique du pays accompagne les explosions qu’on lui inflige sur le terrain.
La mission multilatérale menée par Amr Moussa n’a du bon que sur un plan purement climatique, si l’on peut dire. Assez bizarrement en effet, les Arabes se pointent au Liban, alors que c’est dehors que se joue vraiment la partie. À laquelle d’ailleurs, les Saoudiens notamment, ils participent activement. Tout le monde attend donc de voir ce que les échanges extérieurs vont donner. Dans l’espoir que dans l’inextricable imbroglio régional (l’Irak, la Palestine, le nucléaire iranien, les Kurdes, les Turcs, les relations Washington-Damas, le conflit avec Israël), l’on ferait une petite place à une exception libanaise. Pour tirer ce malheureux pays de l’ornière dans laquelle on l’a, plus ou moins sciemment, plongé.
On comprend dès lors pourquoi les conciliateurs ne proposent pas de solutions aux divers...
On comprend dès lors pourquoi les conciliateurs ne proposent pas de solutions aux divers...