Avant que ses forces, affaiblies par le sang, ne la trahissent. L’un des buts du complot dirigé contre la révolution du Cèdre est en effet, manifestement, de réduire la majorité comme une peau de chagrin, c’est le mot. Ses effectifs, 71 au lendemain des législatives, sont ramenés à 68 après l’assassinat de Pierre Gemayel, de Walid Eido et la défection sur ordre syrien du représentant nordiste alaouite Moustapha Ali Hussein, qui a quitté les rangs du Courant du futur. Il se répète que ce député et sa famille ont fait l’objet d’énormes pressions,...
Actualités - OPINION
Des partielles, que Baabda le veuille ou non Finie l’ouverture : la majorité passe à l’offensive Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 15 juin 2007 à 00h00
La meilleure défense, c’est l’attaque. Pour que survive ce Liban de l’indépendance dont les héros sont assassinés un par un, la majorité a décidé, au soir du meurtre de Walid Eido, de ne plus se contenter de parer les coups. Et de passer à l’offensive.
Avant que ses forces, affaiblies par le sang, ne la trahissent. L’un des buts du complot dirigé contre la révolution du Cèdre est en effet, manifestement, de réduire la majorité comme une peau de chagrin, c’est le mot. Ses effectifs, 71 au lendemain des législatives, sont ramenés à 68 après l’assassinat de Pierre Gemayel, de Walid Eido et la défection sur ordre syrien du représentant nordiste alaouite Moustapha Ali Hussein, qui a quitté les rangs du Courant du futur. Il se répète que ce député et sa famille ont fait l’objet d’énormes pressions, pour ne pas dire de menaces. Toujours est-il que la majorité est résolue à organiser des partielles au Metn et à Beyrouth, que Baabda le veuille ou non, en se passant de la signature du chef de l’État au bas du décret de convocation des électeurs, au bout du délai légal de quinze jours.
Dénonciation
La permissivité devient mortelle, disent les loyalistes. Pour eux, la leçon est claire : il faut résister, pour assumer la protection du pays. C’est d’autant plus impératif que, selon eux, l’opposition se comporte d’une manière tout à fait irresponsable. Comme si elle voulait trahir et non servir l’intérêt national, ajoutent-ils. En ignorant les malheurs, les deuils, les affres, le désarroi, l’appauvrissement des Libanais. Et en foulant aux pieds la Constitution tout autant que les constantes sur lesquelles se fonde ce pays composite, cette liberté, cette indépendance qui lui sont aussi nécessaires que l’air, pour vivre.
Cette fois, les majoritaires s’insurgent pour de bon. Non seulement contre les criminels, mais aussi contre l’entêtement absurde, puéril, finalement suicidaire pour le pays, de la minorité à établir sa domination. Ou, plutôt, à rétablir la tutelle, cette sombre ère d’esclavage que le Liban a subie pendant 30 ans.
Les loyalistes refusent dès lors fermement de laisser le camp du 8 Mars s’emparer du contrôle négatif du gouvernement. Comme il a pu le faire, parce que le 14 Mars voulait éviter une rupture totale, pour la présidence de la République et pour la présidence de la Chambre, paralysées par ses soins. Plus exactement, qui paralysent elles-mêmes l’État, en tant qu’entité souveraine. L’un en refusant de signer les décrets, l’autre en fermant le Parlement.
Sans tarder, les cadres du 14 Mars se lancent donc dans de sévères philippiques ciblant M. Nabih Berry. Ils lui imputent la responsabilité de la dégradation politique, et partant sécuritaire. Une responsabilité plus lourde que d’autres, estiment-ils, car à leur sens, il a trahi ses devoirs de fonction. Parce qu’il a résolument tourné le dos à sa mission nationale de conciliateur, pour attiser au contraire la braise, en se soumettant à des diktats déterminés émanant tant du dominant opposant local, le Hezbollah, que des anciens maîtres. Ils ajoutent, incidemment, que tout en étant du même bord que Baabda, M. Berry l’ignore et le contourne. Simplement, selon eux, pour marginaliser l’institution de la présidence de la République en tant que telle, et en tant que part revenant à la composante chrétienne du pays.
Démarches
Le complot et la crise étant d’origine extérieure, c’est vers le dehors que la majorité tourne aussi son combat. Elle met au point un plan d’offensive diplomatique tous azimuts. Outre les plaintes déposées aussitôt par le gouvernement Siniora auprès des instances internationales, des démarches vont être effectuées auprès de nombre de capitales. Pour les mettre, comme on l’a fait avec la Ligue, face à leurs responsabilités dans le contrage, si l’on peut dire, des parties qui conspirent contre le Liban et l’attaquent par des attentats ou des gangs terroristes. Dans le même ordre d’idées, les majoritaires veulent requérir au-dehors contre M. Émile Lahoud qui bloque, entre autres, les législatives partielles, pour que la majorité parlementaire reste affaiblie. Ils l’accusent ouvertement d’être « un dépôt de consigne syrien » et d’agir « selon les directives. »
Bkerké
Bien entendu, les majoritaires ont immédiatement mis Bkerké au courant de leurs projets. Ils l’ont de la sorte informé en premier que le gouvernement a l’intention de convoquer les électeurs du Metn et de Beyrouth pour le pourvoi des sièges parlementaires laissés vacants par l’assassinat de Pierre Gemayel et de Walid Eido. À les en croire, le patriarche Sfeir a approuvé cette initiative, dans la mesure où elle pourrait contribuer à stopper le cycle d’assassinats et de dissuader les comploteurs.
Mais ne passerait-on pas outre aux règles constitutionnelles, procédant sans la signature de Baabda ? Selon certains de ses visiteurs, le cardinal, après en avoir convenu, aurait lui-même répondu que « nécessité fait loi ». Et que de plus, l’on se trouve devant un cas de dérogation pour force majeure et pour raison d’État, voire de nation. Notion qui en surclasse tout autre, en matière de droit bien compris. Pour le prélat, les partielles sont d’autant plus nécessaires qu’elles permettraient au peuple de s’exprimer, de manière civilisée, sans descendre dans la rue.
Toujours selon les mêmes témoins, Mgr Sfeir répète qu’à situation d’exception, mesures extraordinaires. Pour lui, l’intérêt vital de la patrie étant en jeu, toutes les autres considérations doivent être mises de côté.
Notons enfin un détail, mais de taille : passé un délai de 15 jours après notification, le gouvernement se considérerait délié de l’obligation d’obtenir le contreseing du président de la République sur le décret de convocation des électeurs. En fait, selon les loyalistes, c’est le président qui a obligation absolue de signer, en vertu de l’article 41 C (Constitution).
La meilleure défense, c’est l’attaque. Pour que survive ce Liban de l’indépendance dont les héros sont assassinés un par un, la majorité a décidé, au soir du meurtre de Walid Eido, de ne plus se contenter de parer les coups. Et de passer à l’offensive.
Avant que ses forces, affaiblies par le sang, ne la trahissent. L’un des buts du complot dirigé contre la révolution du Cèdre est en effet, manifestement, de réduire la majorité comme une peau de chagrin, c’est le mot. Ses effectifs, 71 au lendemain des législatives, sont ramenés à 68 après l’assassinat de Pierre Gemayel, de Walid Eido et la défection sur ordre syrien du représentant nordiste alaouite Moustapha Ali Hussein, qui a quitté les rangs du Courant du futur. Il se répète que ce député et sa famille ont fait l’objet d’énormes pressions,...
Avant que ses forces, affaiblies par le sang, ne la trahissent. L’un des buts du complot dirigé contre la révolution du Cèdre est en effet, manifestement, de réduire la majorité comme une peau de chagrin, c’est le mot. Ses effectifs, 71 au lendemain des législatives, sont ramenés à 68 après l’assassinat de Pierre Gemayel, de Walid Eido et la défection sur ordre syrien du représentant nordiste alaouite Moustapha Ali Hussein, qui a quitté les rangs du Courant du futur. Il se répète que ce député et sa famille ont fait l’objet d’énormes pressions,...