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Actualités - CHRONOLOGIE

Les partis, les associations professionnelles et des experts participent au Forum interlibanais organisé par la CE Les forces politiques se mettent d’accord sur une « vision d’ensemble » pour le développement économique et social Sahar AL-ATTAR

Dans le contexte actuel, un débat constructif entre les représentants de toutes les forces politiques libanaises paraît irréaliste. Et pourtant, des personnalités mandatées par le Courant du futur, le Bloc de la Békaa, Amal, le Courant patriotique libre, les Kataëb, les Forces libanaises, le Hezbollah, la Rencontre démocratique et le Tachnag ne se sont pas seulement réunis pendant deux jours, mais elles se sont mises d’accord ! Incapables d’aborder face à face les sujets politiques, les partis auront, au moins, réussi à débattre des questions socio-économiques au cours d’un forum organisé par la Délégation de la Commission européenne à Beyrouth et présidé par son chef, Patrick Laurent. Le débat, modéré par les experts du Femise (le réseau euro-méditerranéen des instituts économiques), a également réuni des experts économiques et les associations professionnelles (associations des agriculteurs, des industriels, des banques et des commerçants de Beyrouth). Certes, les termes plutôt généralistes de l’accord final conclu entre les participants ne sont qu’une ébauche à une politique économique concrète, mais le débat aura au moins permis de « rétablir le dialogue entre les partis politiques, d’une part, et les acteurs de l’économie, d’autre part », a souligné M. Laurent. Selon lui, la tenue du « premier débat économique à l’échelle nationale depuis 1992 » constitue en soi le premier succès de ce forum. Le débat « confidentiel, constructif et franc » aura également permis de dégager « une vision d’ensemble pour le développement économique et social du Liban ». D’abord, les participants ont convenu de « l’urgence de la dette publique et de la nécessité de rétablir l’équilibre macroéconomique ». À partir de là, a expliqué le diplomate européen, deux solutions sont envisagées : « Soit on laisse faire l’économie, et on se spécialise dans les secteurs les plus productifs comme le tourisme et les services financiers (à l’image de ce qui a été fait depuis la fin de la guerre civile), soit on prend en compte l’impact social des mesures économiques, et on s’attelle à réduire la pauvreté et les disparités régionales ». Finalement, c’est cette dernière approche, défendue par l’Union européenne, qui a fait l’unanimité. Un consensus s’est en effet dégagé sur la nécessité de « privilégier une vision des politiques économiques et sociales qui mettent un accent égal sur la croissance, l’équité, le développement régional et la convergence territoriale », selon les termes de l’accord. Cette formule permet en réalité de répondre aux critiques adressées au programme de réformes du gouvernement présenté par certains comme un plan financier, trop axé sur le problème de la dette. Reconnaissant toutefois le fardeau de la dette, les participants ont convenu de la nécessité « d’annuler les dépenses superflues, et de restructurer le système fiscal de manière équitable et de manière à augmenter les revenus de l’État ». Cependant, toute politique économique doit être évaluée, au moment où elle est élaborée, non seulement sur sa contribution à la croissance, mais aussi à la création d’emploi, à la réduction de la pauvreté et au développement des régions pauvres, ont-ils ajouté. Autre certitude dégagée : l’importance de relancer l’industrie et l’agriculture libanaises par une politique volontariste et affirmative. Les participants ont également convenu qu’il était nécessaire de mettre en place une politique de la concurrence, et de réformer le secteur des utilités (eau, électricité, télécommunications) « de manière pragmatique (…). Les alternatives incluant la privatisation accompagnée d’une régulation ». Enfin, un vaste consensus a émergé sur l’importance d’une convergence territoriale, notamment à travers une politique d’aménagement du territoire, et une décentralisation administrative. Globalement, les participants se sont mis d’accord « sur des principes généraux en évitant d’aborder des mesures concrètes controversées », a indiqué à L’Orient-Le Jour le représentant du Hezbollah, Abdel-Halim Fadlallah. Ce débat a été l’occasion de « dégager des dénominateurs communs. Cela pourrait être le début d’un processus positif et concret », a estimé pour sa part le représentant des Forces libanaises, Joseph Nehmé. Tous les participants ont toutefois reconnu l’importance de mettre les sujets économiques à l’écart des tiraillements politiques. À cet égard, M. Laurent a rappelé qu’à l’origine, la construction européenne était basée sur des intérêts économiques communs, avec l’intégration des politiques industrielles des six pays fondateurs, dans le cadre de la CECA (la Communauté européenne du charbon et de l’acier), en 1951. « L’Union européenne, avec ses 27 membres aujourd’hui, n’est pas plus simple que le Liban », a-t-il poursuivi. Mais pour construire l’avenir économique d’un pays il faut plus qu’une « vision d’ensemble ». M. Laurent a d’ailleurs indiqué que des ateliers de travail seront ultérieurement organisés sur des problématiques spécifiques, liés à la mise en œuvre du plan d’action libano-européen, dans le cadre de la Politique européenne de voisinage. Le plus dur reste donc à faire. Car en politique économique, il est beaucoup plus facile de s’entendre sur les objectifs que sur les moyens d’y parvenir.
Dans le contexte actuel, un débat constructif entre les représentants de toutes les forces politiques libanaises paraît irréaliste. Et pourtant, des personnalités mandatées par le Courant du futur, le Bloc de la Békaa, Amal, le Courant patriotique libre, les Kataëb, les Forces libanaises, le Hezbollah, la Rencontre démocratique et le Tachnag ne se sont pas seulement réunis pendant deux jours, mais elles se sont mises d’accord ! Incapables d’aborder face à face les sujets politiques, les partis auront, au moins, réussi à débattre des questions socio-économiques au cours d’un forum organisé par la Délégation de la Commission européenne à Beyrouth et présidé par son chef, Patrick Laurent. Le débat, modéré par les experts du Femise (le réseau euro-méditerranéen des instituts économiques), a également...