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Actualités - OPINION

LA situation Le recours à l’ONU pour la création du tribunal international éclipserait momentanément le dossier de la présidentielle Tilda ABOU RIZK

Tous les ingrédients d’une crise appelée à perdurer, voire à s’aggraver, sont là, avec le durcissement de positions des deux parties au conflit. Qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition, les deux courants ont chacun atteint un point de non-retour et franchi un nouveau pas au niveau du conflit qui les oppose depuis des mois sur les deux thèmes du tribunal international, qui doit juger les assassins de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et de la présidentielle. Déterminée à aller jusqu’au bout dans sa lutte pour obtenir la mise en place du tribunal et à contourner les innombrables obstacles que le 8 Mars pose à ce projet, la majorité en a de nouveau appelé à l’ONU. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a demandé par écrit au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, que le Conseil de sécurité prenne une « décision contraignante » concernant la création du tribunal, mais sans spécifiquement réclamer un recours au chapitre VII de la Charte de l’ONU. En face, l’opposition a commencé à mobiliser ses partisans pour protester contre ce qu’elle estime être des tergiversations du gouvernement dans le paiement d’indemnités aux sinistrés de la guerre de juillet. Un premier sit-in a eu lieu au Liban-Sud et d’autres sont à prévoir dans diverses régions du pays. Dans le même temps, le Bloc du changement et de la réforme a durci son discours concernant la présidentielle, laissant entendre que l’élection d’un nouveau chef de l’État risque d’être sujette à une invalidation, au cas où celui-ci serait élu par le Parlement actuel, parce que, selon le bloc aouniste, le mandat de certains députés est contesté et fait l’objet de recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel. Quoi qu’il en soit, la lettre adressée par M. Siniora à l’ONU est appelée à reléguer au second plan, du moins à très court terme et momentanément, le débat autour de la présidentielle au cours des prochains jours. L’initiative du Premier ministre a irrité le président Émile Lahoud et l’opposition, qui a critiqué « une précipitation injustifiée » de M. Siniora, a-t-on appris en soirée de sources informées. Dans les milieux proches du président de la Chambre, Nabih Berry, on a affirmé s’attendre à une escalade politique verbale, qui pourrait se manifester à partir d’aujourd’hui, durant le désormais traditionnel face-à-face parlementaire du mardi entre la majorité et l’opposition. Celle-ci reproche notamment au chef du gouvernement de ne pas avoir attendu la fin de la session parlementaire, fin mai, pour solliciter les Nations unies, alors qu’elle sait bien que M. Berry n’a pas l’intention de convoquer une réunion parlementaire durant cette session. Elle critique la forme et le contenu de la lettre sachant que les deux ont été apparemment minutieusement étudiés par le Premier ministre. Sur la forme d’abord : en adressant cette lettre à Ban Ki-moon, M. Siniora lui fait notamment savoir officiellement que le Liban n’est pas en mesure d’appliquer la Convention qu’il avait signée avec l’ONU pour la création du tribunal et laisse ainsi la voie libre au Conseil de sécurité pour voter une résolution mettant en place le tribunal. Sur le fond ensuite : le Premier ministre a évité de réclamer un recours au chapitre VII, pour trois raisons principales : il évite d’assumer la responsabilité d’une exacerbation de la crise, d’essuyer un revers au cas où l’ONU déciderait de ne pas appliquer ce texte – d’autant que, selon certaines informations, le Conseil de sécurité serait favorable à la création du tribunal sur base du chapitre VI – et d’éviter de présenter les institutions libanaises comme étant incapables. Toujours est-il que de sources concordantes à l’ONU et à Beyrouth, on précise que le Conseil de sécurité ne planchera pas sur le dossier du tribunal avant la fin de la session parlementaire, pour éviter d’accentuer la crise politique au Liban. Ce serait durant la première semaine de juin, soit moins de deux semaines avant la publication du rapport d’étape Brammertz sur l’assassinat de Hariri, que le projet d’établissement du tribunal serait approuvé, indique-t-on de mêmes sources.
Tous les ingrédients d’une crise appelée à perdurer, voire à s’aggraver, sont là, avec le durcissement de positions des deux parties au conflit. Qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition, les deux courants ont chacun atteint un point de non-retour et franchi un nouveau pas au niveau du conflit qui les oppose depuis des mois sur les deux thèmes du tribunal international, qui doit juger les assassins de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et de la présidentielle.
Déterminée à aller jusqu’au bout dans sa lutte pour obtenir la mise en place du tribunal et à contourner les innombrables obstacles que le 8 Mars pose à ce projet, la majorité en a de nouveau appelé à l’ONU. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a demandé par écrit au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, que le Conseil de...