Il est difficile d’être optimiste par les temps qui courent, mais pas impossible. Évidemment, l’exercice est risqué tant l’horizon politique semble incertain. Mais si l’on définit l’optimisme comme l’aptitude à voir la partie pleine du verre, tant que le verre n’est pas complètement vide, l’espoir est permis. Il ne s’agit pas, à l’heure actuelle, de miser sur une reprise économique spectaculaire avant la fin de l’année, mais simplement de ne pas imaginer le pire.
L’absence d’indicateurs réguliers, et surtout fiables, ne facilite pas les projections. Toutefois, certains opérateurs économiques se veulent rassurants, loin du ton alarmiste utilisé par d’autres.
À la banque Audi, par exemple, on souligne que les mises en garde contre un effondrement financier imminent de l’État libanais sont totalement infondées.
Même si le blocage politique se poursuit jusqu’aux élections présidentielles, le ministre des Finances, Jihad Azour, a lui aussi répété à plusieurs reprises que l’État pourra faire face à ses échéances de 2007 grâce « à la collaboration étroite entre les autorités financières et monétaires du pays ». C’est que le mécanisme de financement de la dette mis en place depuis les années 90 est parfaitement huilé. À cet égard, la résilience des banques libanaises qui ont augmenté leurs bénéfices de plus de 28 % en 2006 est incontestablement une bonne nouvelle. La solidité de ce secteur, qui détient la grande majorité de la dette libanaise, joue comme une soupape de sécurité. En dépit d’une année pour le moins mouvementée sur les plans politiques et sécuritaires, les dépôts des banques libanaises ont augmenté de plus de 7 % en 2006. Et ces dépôts ont continué à croître au premier semestre de l’année, malgré la morosité ambiante. En cela, l’émigration des Libanais peut être considérée comme un facteur positif en termes de transferts de capitaux, en dépit des conséquences négatives à long terme.
Parallèlement, la Banque du Liban détient des réserves en devises de plus de 13 milliards de dollars et l’équivalent de près de 6 milliards de dollars en or, sans parler des aides prévues dans le cadre de Paris III.
Or, tant que la masse monétaire continue de croître, le financement de l’État n’est pas menacé, souligne-t-on à la banque Audi notamment.
Par ailleurs, sur les marchés financiers, le Liban est encore considéré comme porteur d’opportunité, a indiqué un courtier de la place de Beyrouth. Selon lui, certains investisseurs du Golfe continuent de miser sur le Liban. « Ils voient un avenir pour le Liban auquel nous-mêmes sommes incapables de croire », a-t-il ajouté, soulignant toutefois que leur patience risque de s’essouffler si aucune éclaircie politique ne pointe à l’horizon.
Au niveau des secteurs productifs, le tableau est évidemment plus sombre, mais pas complètement noir.
La majorité des chefs d’entreprise relèvent que certes l’activité s’est ralentie, mais elle n’est pas nulle.
Incontestablement, l’expérience de ces dernières années a rodé le secteur privé libanais, passé maître dans l’art de gérer les crises. Les plus chanceux se sont tournés à l’export, notamment dans le Golfe, où la croissance économique soutient l’importation.
Au niveau local, la contraction de la consommation ne fait pas l’unanimité, du moins des produits moyens. Neemat Frem, PDG du groupe industriel Indevco, par exemple, assure qu’il n’a constaté aucune baisse des commandes de ses produits de grande consommation.
Enfin, il est plus difficile de voir le bon côté des choses pour le secteur touristique. Toutefois, le secteur de l’hôtellerie a repris bonne mine depuis quelques semaines, les taux d’occupation des grands hôtels de la capitale étant actuellement de plus de 50 %. Quant à la restauration, hormis dans le centre-ville, elle survit plus ou moins bien.
Mais, même en faisant preuve d’un grand optimisme, il est impossible d’aboutir à la conclusion que l’économie libanaise est saine, ni même qu’elle se porte bien. Évidemment, les petites entreprises sont celles qui en payent le plus le prix, et évidemment le besoin de réformes structurelles reste entier. Mais lorsqu’on considère les événements survenus ces deux dernières années dans le pays, le fait que l’économie ne soit pas en faillite est déjà un exploit. Cette résilience, l’économie la doit à la foi des Libanais, de ceux qui sont encore là et ceux qui sont partis à l’étranger, dans un avenir meilleur, ce qu’on appelle le jeu des anticipations positives. Ou encore « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal », l’autre définition de l’optimisme, donnée par Candide, de Voltaire.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats Il est difficile d’être optimiste par les temps qui courent, mais pas impossible. Évidemment, l’exercice est risqué tant l’horizon politique semble incertain. Mais si l’on définit l’optimisme comme l’aptitude à voir la partie pleine du verre, tant que le verre n’est pas complètement vide, l’espoir est permis. Il ne s’agit pas, à l’heure actuelle, de miser sur une reprise économique spectaculaire avant la fin de l’année, mais simplement de ne pas imaginer le pire.
L’absence d’indicateurs réguliers, et surtout fiables, ne facilite pas les projections. Toutefois, certains opérateurs économiques se veulent rassurants, loin du ton alarmiste utilisé par d’autres.
À la banque Audi, par exemple, on souligne que les mises en garde contre un effondrement financier imminent de l’État libanais sont...