Les réunions annuelles conjointes des institutions financières arabes se sont tenues hier à l’hôtel Phoenicia en présence du Premier ministre, Fouad Siniora, de nombreux ministres des Finances arabes, des présidents du Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades), du Fonds monétaire arabe (FMA), de l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole, de l’Institution de garantie des investissements interarabe, et de la Banque arabe de développement économique en Afrique.
Dans son allocution, M. Siniora a une nouvelle fois mis l’accent sur le besoin de réformes économiques au Liban et sur la détermination de son gouvernement à mettre en œuvre le programme présenté à Paris III.
Ce besoin de réformes a également été abordé par la majorité des intervenants au cours de la séance d’ouverture, mais sur une échelle régionale.
« Les pays arabes ont récemment connu une hausse des investissements, du commerce et du tourisme, une augmentation de leurs ressources financières, une amélioration de leur climat d’investissement, et une croissance stable », a indiqué le président du FMA, Jassem Almanaï.
Un constat confirmé par les chiffres donnés par le président de l’Institution de garantie des investissements interarabe, selon lesquels les IDE dans le monde arabe ont totalisé 43,5 milliards de dollars en 2006, contre 37,7 milliards un an plus tôt, et les exportations ont augmenté de près de 29 % pour atteindre 766 milliards de dollars.
« Mais cela ne doit pas nous pousser à minimiser l’importance des défis à relever, a tempéré M. Almanaï. Que ce soit au niveau du recul des marchés financiers arabes, ou de la hausse inquiétante des taux d’inflation et du coût de la vie. L’inflation a aggravé la situation des classes les plus pauvres d’une part, et augmenté les coûts de production, réduisant la compétitivité de la région en termes d’exportations ou d’attrait pour les investissements. »
Même si une amélioration sensible au niveau du climat des investissements et des affaires a été relevée dans certains États, le responsable du Fonds a insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts, et de développer des programmes de réformes ambitieux pour libérer les capacités économiques des pays de la région.
Les défis
De son côté, le directeur du Fades, Abdellatif Youssef Hamad, a lui aussi évoqué les risques qui pèsent sur les économies de la région. Selon lui, la conjoncture mondiale a soutenu la croissance dans le monde arabe, mais un retournement est possible avec l’apparition de pressions inflationnistes et d’une baisse de la croissance américaine. « Ces facteurs pourraient pousser les pays développés à augmenter leurs taux d’intérêt, et à accroître les pressions sur le dollar, ce qui se répercuterait négativement sur les flux des capitaux et le commerce extérieur dans les pays en développement », a-t-il souligné.
Aussi, les pays arabes ont bénéficié en 2006 de la hausse des prix du pétrole, mais en contrepartie les pressions inflationnistes se sont accrues dans la majorité de ces pays, a poursuivi le responsable de l’institution avant d’aborder les principaux défis à relever dans les années à venir.
Pour les pays exportateurs de pétrole, « le principal défi est d’améliorer la gestion des excédents de revenus pétroliers, surtout dans un contexte inflationniste et de volatilité de marchés financiers et immobiliers.(…) Il faut poursuivre la tendance positive empruntée par la majorité des pays pétroliers, qui consiste à diversifier les investissements des liquidités pétrolières, maîtriser les dépenses courantes, augmenter les dépenses d’investissements dans les infrastructures, investir dans l’éducation et la santé, et développer le secteur privé pour diversifier les sources de revenus de l’économie. »
Pour les pays non pétroliers, M. Hamad a estimé que ces économies doivent apprendre à gérer la hausse des coûts d’importation des matières premières, en développant les industries à valeur ajoutée, capables d’être compétitives sur le marché mondial, et en déployant des efforts importants en termes de politique de change et de développement des infrastructures ainsi que du savoir-faire pour contrôler les coûts de production et accroître la productivité.
Enfin, le directeur du Fades a souligné que pour la majorité des pays arabes, le chômage restait l’un des problèmes majeurs, le taux moyen dans la région étant de près de 14 %.
« Pour générer une croissance durable, il faut soutenir les investissements et le commerce extérieur, en améliorant la compétitivité, en dynamisant le secteur privé, en investissant massivement dans le capital humain, et en améliorant le climat des affaires. Il est également nécessaire d’évaluer et de revoir la coopération économique entre les pays arabes », a-t-il conclu.
Sahar AL-ATTAR
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