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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Washington déterminé à accentuer la pression sur la Syrie Une contradiction entre les objectifs de Damas et de Téhéran favoriserait une solution au Liban

Après avoir passé quarante-huit heures au Liban pour engager des entretiens avec les trois pôles du pouvoir, au lendemain du sommet irano-saoudien de Ryad, l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Khoja, rappelé par son gouvernement, s’est envolé hier matin pour Ryad, laissant les Libanais sur leur faim. Motus et bouche cousue : tel semble être toujours le mot d’ordre en vigueur, en attendant peut-être que l’ébauche de solution à la crise politique, concoctée dans le royaume wahhabite, prenne corps. Si, au Liban, les deux camps adverses se font tout aussi discrets sur les résultats de la rencontre entre le roi Abdallah et le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, il ressort des rares indications fournies au sujet du sommet qu’une solution, quelle qu’elle soit, ménagerait la chèvre et le chou. Il ne s’agit pas seulement d’appliquer à l’opposition et à la majorité la formule « ni vainqueur ni vaincu », si chère au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, mais de ménager en même temps les parties régionales qui tirent les ficelles du jeu au Liban, en l’occurrence la Syrie, alliée de l’Iran. Les Saoudiens sont-ils parvenus à convaincre Téhéran de la nécessité de décrisper la situation au Liban pour éviter que la tension sunnito-chiite ne s’exacerbe ? L’Iran entreprendra-t-il une médiation auprès de la Syrie pour l’amener à accepter la création d’un tribunal international et à cesser d’alimenter les foyers de tension au Liban ? A-t-il obtenu des garanties déterminées de Ryad ? Autant de questions qui restent jusqu’à présent sans réponse. Dans les chancelleries occidentales, la discrétion est de rigueur. Une solution, quelle qu’elle soit, devrait être avant tout libanaise et tenir compte des intérêts du Liban, avant ceux de l’Iran et de la Syrie, assure-t-on de source diplomatique occidentale. Pour Téhéran, ce qui importe, c’est d’avoir, à travers le Hezbollah, une base chiite forte près d’Israël ; et pour Damas, l’essentiel c’est de maintenir son influence au Liban, lui faut-il pour cela le détruire. De même source, on estime que, contrairement à la Syrie, l’Iran n’a aucun intérêt à ce que le Liban soit détruit ou disloqué, et n’a pas de problème à voir un tribunal international être mis en place pour juger les assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, soulignant ainsi la contradiction entre les intérêts iranien et syrien. Un élément sur lequel l’Arabie saoudite table pour dégager une solution au Liban. Parallèlement, la pression internationale continuera d’être maintenue sur Damas pour l’amener à changer de comportement à l’égard du Liban, assure-t-on de sources proches d’une ambassade occidentale, soulignant que les États-Unis n’ont pas pour objectif d’œuvrer pour un changement de régime en Syrie. Ce qu’ils essaient de faire, c’est d’accentuer l’isolement de Damas à l’échelle internationale, et de pousser les Nations unies et les organisations internationales à mettre en place des mécanismes susceptibles d’amener la Syrie à se comporter d’une manière différente. La politique américaine à l’égard du Liban reste invariable et l’engagement ferme de Washington en faveur du pays reste inchangé, insiste-t-on de même source. Si, dans le passé, la politique américaine vis-à-vis du Liban et de la Syrie était la même, cela n’est plus le cas aujourd’hui. La victoire des démocrates au Congrès US n’y changera rien, selon ces sources, et ce, pour deux raisons : la politique étrangère américaine est décidée par le président, et les démocrates et les républicains ont la même stratégie à l’égard du Liban. Pour Washington, il n’est toujours pas question de négocier avec la Syrie et encore moins de conclure avec elle un marché relatif au dossier irakien au détriment du Liban, dont il soutient toujours à fond les efforts pour le rétablissement de la démocratie, indique-t-on de même source. Dans ce contexte, la mise en place d’un tribunal international constitue un élément fondamental, aux yeux des États-Unis, pour un assainissement de la situation dans le pays. Aussi, soutiennent-ils toute décision, qu’elle soit locale ou régionale, allant dans ce sens, et dénoncent-ils les tentatives visant à torpiller l’établissement du tribunal, notamment par le Hezbollah, qu’ils accusent de pratiquer un chantage sur la majorité en multipliant les menaces pour essayer d’imposer ses conditions. En dépit de l’impasse politique, on estime de même source que les dirigeants libanais ont la latitude de réagir pour débloquer la situation. La communauté internationale et les États-Unis sont parallèlement prêts à aider le Liban à renforcer ses institutions, ajoute-t-on, en rejetant les accusations d’ingérence formulées par l’opposition contre les Américains, qui estiment que les Libanais doivent pouvoir eux-mêmes régler leurs problèmes, comme tout État indépendant et souverain. Tilda ABOU RIZK
Après avoir passé quarante-huit heures au Liban pour engager des entretiens avec les trois pôles du pouvoir, au lendemain du sommet irano-saoudien de Ryad, l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Khoja, rappelé par son gouvernement, s’est envolé hier matin pour Ryad, laissant les Libanais sur leur faim. Motus et bouche cousue : tel semble être toujours le mot d’ordre en vigueur, en attendant peut-être que l’ébauche de solution à la crise politique, concoctée dans le royaume wahhabite, prenne corps.
Si, au Liban, les deux camps adverses se font tout aussi discrets sur les résultats de la rencontre entre le roi Abdallah et le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, il ressort des rares indications fournies au sujet du sommet qu’une solution, quelle qu’elle soit, ménagerait la chèvre et le chou. Il ne...