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Actualités - CHRONOLOGIE

Le programme de réformes ne permettra pas de renverser la dynamique de la dette, estime le Hezbollah Sahar AL-ATTAR

Dans le but d’instaurer un débat autour du programme économique du gouvernement, «L’Orient-Le Jour» a voulu recueillir le point de vue des principales forces en présence. Après le CPL, qui a dénoncé la logique financière du plan de réformes, le Hezbollah s’est à son tour élevé contre la maigreur des volets relatifs à la croissance et aux services sociaux. Le vice-président du Centre consultatif pour les études et la documentation, Abdel-Halim Fadlallah, a relevé un certain nombre de mesures positives. Mais dans l’ensemble, il estime que le plan ne s’attaque pas au cœur des problèmes économiques. «Pour porter ses fruits, un programme de réformes doit faire l’objet d’un consensus, et l’expérience du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, notamment en Asie, le prouve », précise d’entrée de jeu M. Fadlallah pour qui les couches les plus concernées par les réformes, surtout fiscales, doivent être impliquées dans le processus de réformes, notamment à travers un Parlement représentatif. Mais pour en revenir à l’aspect économique du document présenté à Paris, le responsable du Hezbollah estime d’abord « qu’il se base sur une évaluation erronée des problèmes de l’économie libanaise. Le gouvernement impute la crise à la guerre civile, à la guerre de juillet et aux dépenses sociales ». Or, selon lui, le coût de la reconstruction depuis 1992 à aujourd’hui s’élève entre 5 et 8 milliards de dollars et les dégâts directs causés par l’offensive israélienne ne dépassent pas 1,5 milliard de dollars. Pour M. Fadlallah, les racines de la crise économique proviennent des politiques monétaires et fiscales coûteuses et inefficaces menées depuis la fin de la guerre civile. « Les vrais problèmes c’est le service de la dette qui s’est élevé à 31,5 milliards de dollars depuis 1996, soit près de 39 % des dépenses publiques, ainsi que la disparité entre les prévisions de dépenses publiques et les dépenses réelles. Enfin, il ne faut pas négliger le coût de la politique de la stabilisation du taux de change par rapport au dollar et non à un panier de devises, alors que les États-Unis ne sont pas le principal partenaire commercial du pays », estime M. Fadlallah. Entre 1992 et 1998, poursuit-il, le gouvernement aurait dû mettre en place une politique fiscale pour financer la reconstruction, au lieu de recourir exclusivement à l’endettement à travers le secteur bancaire. Depuis, selon lui, des taxes ont été imposées de manière inéquitable, principalement sous forme d’impôts indirects, alors que des impôts directs auraient dû cibler la spéculation, les taux d’intérêt, les professions libérales et les hauts revenus, entre autres. Parallèlement, la tentative de privatisation s’est révélée être un échec avec le passage d’un monopole public à un monopole privé, sans aucun bénéfice pour le consommateur. Le manque de globalité Concernant les réformes proposées dans le plan, M. Fadlallah affirme que le volet financier est concret et à court terme, alors que les volets relatifs à la croissance et aux secteurs sociaux sont vagues et à long terme. « Le plan n’est pas global. C’est un programme financier, auquel a été ajouté un volet social pour le faire accepter localement », affirme-t-il. M. Fadlallah relève toutefois les mesures « positives » concernant le climat des affaires, mais selon lui ces mesures ne porteront leurs fruits qu’à long terme. « En attendant, les dépenses d’investissements publics seront gelées à 2,7 % du PIB. Or simplement pour assurer la maintenance des infrastructures et les déficits accumulés à ce niveau, les dépenses doivent être de 3 % du PIB. On ne peut pas compter sur les investissements privés pour tous les secteurs, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer notamment dans les infrastructures. », estime-t-il. Aussi, M. Fadlallah déplore que les secteurs productifs ne soient pas mentionnés dans le programme. Le volet social Abordant le volet social, M. Fadlallah n’est pas opposé à la volonté du gouvernement de rationaliser les dépenses dans l’éducation et dans la santé : « Mais il s’agit de mesures financières et non sociales. » Selon lui, le gouvernement devrait proposer des mesures plus concrètes pour développer les filets sociaux à travers les transferts liés au revenu, au lieu d’amplifier les aides directes aux plus défavorisés. « Certes, le programme de lutte contre la pauvreté de la BM est favorable pour soutenir les plus marginalisés (les handicapés, les vieux, les familles monoparentales…), mais l’implication sociale du gouvernement ne peut se limiter à cela. Il faut améliorer les filets sociaux et élargir la base des bénéficiaires », estime-t-il. Concernant les mesures fiscales, M. Fadlallah a salué la mesure d’unification de l’impôt sur le revenu, mais il a ajouté en revanche que « l’augmentation des impôts indirects, que ce soit à travers la TVA ou le prix de l’essence, se répercutera gravement sur les classes défavorisées qui ont déjà payé un lourd tribut ces dernières années. Une étude prouve que les classes pauvres sont trois fois plus affectées par la pression fiscale indirecte que les classes aisées. Aussi, une grande partie de la classe moyenne par exemple consomme entre 120 et 130 % de son revenu en s’endettant. Accroître les taxes à la consommation l’obligera à s’endetter davantage, ce qui transformera l’endettement public en endettement privé ». Quant aux privatisations, le Hezbollah affirme qu’il « n’a aucune idéologie à ce niveau. Le but d’une privatisation est de réduire le coût pour le client en instaurant la concurrence. Mais si le transfert de la propriété du public au privé s’opère sans libéralisation du secteur, ce but ne sera pas atteint. Pour les télécoms en particulier, le montant de la vente doit compenser la perte de recettes et s’établir au moins à 8 ou 9 milliards de dollars pour la cession de 40 % des lignes fixes et 60 % des cellulaires, estime M. Fadlallah. Et cette opération doit se faire dans une totale transparence pour préserver l’intérêt public ». De toute façon, même si l’ensemble des réformes prévues dans le plan sont appliquées, le responsable du Hezbollah estime que le programme n’atteindra pas ses objectifs de réduction du ratio de la dette par rapport au PIB à 145 %. « Les réformes permettront sans doute de stabiliser la dette sur cinq ans, mais elles ne renverseront pas la dynamique de la dette, qui repartira ensuite à la hausse. Au contraire, le gel des dépenses publiques combiné à la hausse de la fiscalité appauvrira les Libanais, à hauteur de plus de 10 % du PIB. Malheureusement, le programme ne s’attaque pas au cœur des déséquilibres de l’économie », conclut M. Fadlallah.
Dans le but d’instaurer un débat autour du programme économique du gouvernement, «L’Orient-Le Jour» a voulu recueillir le point de vue des principales forces en présence. Après le CPL, qui a dénoncé la logique financière du plan de réformes, le Hezbollah s’est à son tour élevé contre la maigreur des volets relatifs à la croissance et aux services sociaux. Le vice-président du Centre consultatif pour les études et la documentation, Abdel-Halim Fadlallah, a relevé un certain nombre de mesures positives. Mais dans l’ensemble, il estime que le plan ne s’attaque pas au cœur des problèmes économiques.
«Pour porter ses fruits, un programme de réformes doit faire l’objet d’un consensus, et l’expérience du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, notamment en Asie, le prouve », précise...