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PERSPECTIVES Quel avenir pour les réformes économiques en pleine crise politique ? Sahar AL-ATTAR

En sollicitant l’aide financière de la communauté internationale en pleine crise politique, le gouvernement prend un pari osé. Car cette aide sera octroyée sur la base d’un programme de réformes, d’ores et déjà rejeté par l’opposition et par les syndicats, et qu’il devra pourtant s’engager, le 25 janvier, à mettre en œuvre à moyen terme. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a justifié ce choix par l’urgence économique, exacerbée par la guerre de juillet, d’une part, et par la disposition immédiate de la communauté internationale à soutenir le Liban, d’autre part. Mais il ne faut pas oublier que le programme de réformes proposées s’étale sur cinq ans et va donc survivre au gouvernement actuel. Et que le but final de Paris III n’est pas d’apporter un soutien ponctuel aux finances publiques du gouvernement Siniora, mais de les assainir à moyen terme et jeter les bases d’une économie saine. D’où l’intérêt de se demander quelles sont les chances réelles de mise en œuvre des réformes préconisées. « L’expérience prouve qu’il est déjà très difficile de mettre en œuvre des réformes structurelles dans un pays où la situation politique est stable, souligne une source diplomatique au Liban. Alors dans un pays aussi divisé que le Liban actuellement, cela paraît compromis », d’autant plus qu’il s’agit d’un pays fonctionnant sur la base d’une démocratie consensuelle. D’où les reports successifs de la conférence d’aide internationale dans le passé, en vue d’obtenir un consensus autour du programme de réformes. Un consensus encore plus difficile à réaliser aujourd’hui qu’hier. Certaines mesures préconisées dans le programme peuvent être appliquées par décret, ce qui permettrait de contourner la crise actuelle. Mais la très grande majorité des réformes, notamment les réformes structurelles, les plus fondamentales, nécessitent le vote du Parlement. Comment le gouvernement, de retour de Paris III, entend-il soumettre des projets de loi à un Parlement que le président de la Chambre refuse de réunir ? C’est sans doute la question que se poseront les bailleurs de fonds. Le gouvernement ne le cache pas, il entend privilégier les donations. Les pays arabes, comme l’Arabie saoudite, le Qatar et le Koweït, ont tout intérêt à maintenir la stabilité financière du Liban où ils ont récemment réalisé des investissements importants. Dopés par les liquidités du pétrole, ils seront sans doute les plus enclins à faire des donations. Certains pays occidentaux contribueront peut-être aussi, pour renforcer le gouvernement Siniora. Toutefois, pour être réaliste, les contributions sous formes de dons n’atteindront sans doute pas les attentes financières du gouvernement. Il devra plaider pour des prêts à intérêts bonifiés, notamment auprès des institutions internationales. Mais les bailleurs de fonds, échaudés par Paris II, réclameront un minimum de garanties pour que ces fonds ne financent pas simplement les déficits publics, et permettent à terme au Liban de renouer avec la croissance, à travers les réformes préconisées. Or « en ce qui concerne les réformes structurelles, contrairement aux mesures fiscales, le plan du gouvernement reste très évasif sur l’agenda et sur le mécanisme de mise en œuvre », déplore la source précitée. Ce qui n’est pas de nature à rassurer les éventuels prêteurs. Ces derniers savent aussi que si la crise politique se poursuit, non seulement les réformes seront impossibles à appliquer, mais l’efficacité des fonds injectés serait compromise par l’absence d’investissements. L’impact de Paris III sur l’économie réelle serait donc réduit. Le gouvernement a l’air de miser sur l’absence de divergences politiques majeures sur les mesures préconisées dans le programme. Selon lui, le plan a été discuté par les différentes parties qui n’ont pas émis d’objections fondamentales et les critiques adressées aujourd’hui par l’opposition s’inscrivent uniquement dans le contexte de bataille politique. Ce qui pourrait laisser croire que si la crise politique était résolue, les réformes seront effectivement mises en œuvre. Mais pour le moment, la solution ne se profile pas. En espérant que d’ici au 25 janvier, les bailleurs de fonds auront un peu plus de raisons de croire qu’un sauvetage de l’économie libanaise est possible.
En sollicitant l’aide financière de la communauté internationale en pleine crise politique, le gouvernement prend un pari osé. Car cette aide sera octroyée sur la base d’un programme de réformes, d’ores et déjà rejeté par l’opposition et par les syndicats, et qu’il devra pourtant s’engager, le 25 janvier, à mettre en œuvre à moyen terme.
Le Premier ministre, Fouad Siniora, a justifié ce choix par l’urgence économique, exacerbée par la guerre de juillet, d’une part, et par la disposition immédiate de la communauté internationale à soutenir le Liban, d’autre part.
Mais il ne faut pas oublier que le programme de réformes proposées s’étale sur cinq ans et va donc survivre au gouvernement actuel. Et que le but final de Paris III n’est pas d’apporter un soutien ponctuel aux finances publiques du...