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Actualités - CHRONOLOGIE

PARIS III - Le Conseil des ministres adopte le plan de réformes Azour : Il est temps que les Libanais comprennent les dangers et les enjeux économiques du pays

Le Conseil des ministres a enfin adopté hier le programme socio-économique de réformes qui sera soumis à la conférence d’aide internationale, le 25 janvier à Paris. Le ministre des Finances, Jihad Azour, qui s’évertue depuis plus d’un an à placer ce sujet au menu des débats, n’a pas caché sa satisfaction. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, il a dit croire à la réussite de Paris III et à la possibilité de mettre en œuvre ces réformes malgré les tiraillements politiques. « Les bailleurs de fonds sont certes moins rassurés qu’avant mais ils sont toujours disposés à soutenir le Liban, a-t-il affirmé. Quant à l’opposition, elle ne devrait pas avoir d’objections sur les réformes préconisées, du moins d’un point de vue économique. Lorsque la première version de ce programme avait été discutée au sein du cabinet, les ministres aujourd’hui démissionnaires l’avaient saluée. Sans parler du programme économique du Courant patriotique libre qui va beaucoup plus loin que celui du gouvernement, et parle notamment de réduction des effectifs de l’administration. » Pour le ministre, le programme sera donc appliqué si les dirigeants politiques décident de prendre en compte l’intérêt du pays. De toute façon, les fonds internationaux promis à Paris III seront versés progressivement en fonction de la mise en œuvre des réformes, et dans le cadre d’un système de contrôle mis en place avec l’aide de la Banque mondiale, a poursuivi le ministre. « Il faut comprendre que la communauté internationale ne veut pas financer le gouvernement de Fouad Siniora, mais soutenir l’économie libanaise. Le gouvernement devra remplir les engagements pris à Paris III. » Et ce, non seulement pour obtenir les fonds, mais pour assurer l’avenir du pays. « Il est temps que les Libanais comprennent les dangers et les enjeux économiques du pays », a affirmé M. Azour. Les dangers sont encore plus présents depuis l’offensive israélienne : récession, émigration, détérioration grave des finances publiques, avec tous les risques que cela comporte. Quant aux enjeux, ils sont d’autant plus clairs que l’économie libanaise a fait la preuve de son potentiel, malgré les secousses politiques, la hausse internationale des taux d’intérêt et la flambée du brut. « Au premier semestre de l’année, a rappelé le ministre, l’économie libanaise a prouvé qu’elle était capable de croître. Les prévisions de croissance étaient d’environ 7 %, les exportations en hausse de plus de 30 %, la balance des paiements excédentaires de 2,5 milliards de dollars et la jeunesse qualifiée recommençait à rentrer au pays. » La guerre a changé les données et le programme a été amendé en fonction. Les ratios et les objectifs à moyen terme ont été révisés en fonction des nouvelles hypothèses. Une des différences majeures observées avec le programme d’avant-guerre est le report de la hausse sur la TVA à 12 % à 2008. « La guerre a généré une récession économique qui nous a obligés à revoir nos priorités. Ainsi l’année 2007 sera celle de la relance grâce à une série de réformes comme la privatisation des télécoms, la corporatisation de l’EDL, la réforme du régime de retraite, des marchés financiers et autres. L’année 2008 sera celle de l’ajustement », a-t-il indiqué. Aussi les mesures fiscales ont été choisies de sorte à limiter leur impact négatif ; en guise d’exemple, le ministre a affirmé que « selon les statistiques, 59 % des dépenses d’un ménage libanais dont le revenu est de 15 millions de livres par an ne sont pas assujettis à la TVA, d’où le choix de relever cette taxe. On a également fait le choix d’augmenter la taxe sur les taux d’intérêt et pas celle sur les entreprises pour ne pas déprimer l’investissement déjà en berne ». Autre changement imposé par la guerre, l’approche à l’égard de la communauté internationale qui privilégie désormais les donations à la place des financements à long terme. « On a essayé de faire le programme le plus réaliste et le moins pénible possible. Il ne peut pas y avoir de relance sans un effort de la part des Libanais. Il n’y a pas de programme parfait, a-t-il poursuivi, mais celui-là a le mérite de traiter plus d’un problème à la fois. » Outre l’aspect financier, ce programme prévoit notamment des réformes sociales, des mesures pour améliorer le climat des affaires et développer les marchés financiers, ainsi que des mesures pour instaurer la bonne gouvernance et la transparence dans l’administration. Il prévoit, par exemple, la création d’une autorité de régulation des marchés publics, un audit des comptes publics de 1998 à aujourd’hui, un comité de gestion de la dette... La réforme des finances publiques doit permettre à l’État de dégager de nouvelles marges de manœuvres. « En 2006, quatre milliards de dollars sont allés au service de la dette et à l’EDL, restait un peu plus d’un milliard dans les caisses de l’État pour subvenir à ses besoins, a souligné M.Azour. Or, en rationalisant les dépenses publiques, l’État pourra financer d’autres projets, notamment sociaux. Car il ne faut pas voir ce programme comme le seul projet du gouvernement, ce n’est que le point de départ. » D’autres projets pour 2007 En effet, selon lui, le gouvernement prépare une série d’autres programmes à caractère socio-économique. D’abord, le gouvernement a élaboré un document intitulé « Une vision pour le Liban » qui identifie les gisements de croissance et de créations d’emploi sur les dix prochaines années, et les moyens de les développer. Il aborde notamment le rôle de l’État et sa coopération avec le secteur privé. Aussi, le gouvernement entend lancer en 2007 une nouvelle stratégie sociale pour renforcer les filets de sécurité et la stabilité sociale. Il prévoit notamment des programmes d’accompagnements spécifiques pour les catégories sociales vulnérables comme les handicapés, les personnes âgées, les illettrés... Enfin, le gouvernement prépare avec l’aide de la Banque mondiale différentes stratégies sectorielles qui prendront en compte l’impact de la guerre. 17 secteurs et problématiques ont ainsi été identifiés dans les secteurs de l’énergie, de la santé, de l’éducation et autres. Sahar AL-ATTAR
Le Conseil des ministres a enfin adopté hier le programme socio-économique de réformes qui sera soumis à la conférence d’aide internationale, le 25 janvier à Paris.
Le ministre des Finances, Jihad Azour, qui s’évertue depuis plus d’un an à placer ce sujet au menu des débats, n’a pas caché sa satisfaction. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, il a dit croire à la réussite de Paris III et à la possibilité de mettre en œuvre ces réformes malgré les tiraillements politiques.
« Les bailleurs de fonds sont certes moins rassurés qu’avant mais ils sont toujours disposés à soutenir le Liban, a-t-il affirmé. Quant à l’opposition, elle ne devrait pas avoir d’objections sur les réformes préconisées, du moins d’un point de vue économique. Lorsque la première version de ce programme avait...