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Patrimoine - Appel aux mécènes et grandes firmes commerciales pour parrainer des sites historiques Stratégies euro-méditerranéennes pour la promotion de l’héritage culturel May MAKAREM
Par MAKAREM May, le 12 décembre 2006 à 00h00
Le patrimoine de la Méditerranée est un héritage commun et un enjeu de développement économique durable. Aussi, à l’initiative d’Euromed Heritage et du ministère italien de la Culture, les directeurs généraux des Antiquités et de la Culture d’Algérie, d’Égypte, de Jordanie, de Tunisie, d’Israël, du Liban, de Palestine et de Syrie, ainsi que les responsables de l’Office de coopération de la Commission européenne (EuropeAid) et quelque deux cents spécialistes et représentants d’universités, d’organisations civiles et d’instituts chargés du patrimoine dans les pays riverains du bassin méditerranéen (Nord et Sud), se sont réunis à Istanbul pour peaufiner les stratégies permettant la promotion de l’héritage culturel, pour les sept années à venir (2007-2013). Créé en 1998 par la Commission européenne, Euromed Heritage a déjà consacré 57 millions d’euros pour aider les pays partenaires à créer des programmes visant à encourager la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion du patrimoine, et ce dans divers domaines comme l’archéologie, l’architecture, l’artisanat, les manuscrits, la musique, les traditions orales, la reconversion des arsenaux, etc.
La préservation de l’héritage méditerranéen est une opération hautement politique et économique et l’objectif d’Euromed Heritage est d’en faire « un domaine concret d’action » et l’outil d’une « stratégie d’ouverture, de tolérance, de paix et de stabilité dans la région ». En 1995, à Barcelone, les conférenciers avaient insisté sur l’importance de ce vecteur privilégié de dialogue et d’échanges entre les différentes cultures et civilisations et avaient lancé un ensemble de mesures concrètes pour la promotion de l’héritage culturel. Toutefois, « le but principal de tout programme doit, à l’avenir, être centré sur l’appropriation du patrimoine par les populations elles-mêmes et donc sur son éducation et son accès à la connaissance du patrimoine » pour qu’elles sachent le garder à l’abri de la dégradation. La sensibilisation du grand public est la pierre angulaire des stratégies définies par le Forum d’Istanbul. Car la protection du patrimoine n’est pas seulement une affaire de spécialistes, elle suppose un effort collectif. En éduquant le public on peut changer sa mentalité et le transformer de consommateur prédateur en consommateur protecteur. De même, il faut assurer aux jeunes générations des cours de formation professionnelle et universitaire dans le domaine de la restauration, de la conservation, de l’archivage, de la documentation et du catalogage.
Par ailleurs, le Forum d’Istanbul a pressé les partenaires du Sud méditerranéen à transformer leur capital culturel en un atout économique et social. Elle a mis l’accent sur l’importance du tourisme culturel comme source de revenu et facteur de développement local.
Le génie du don :
parrainer un site historique
Un appel à la création d’un partenariat public-privé « qui respecte les limites et les conditions imposées par le principe général définissant le patrimoine culturel comme bien public » a été également lancé. En effet, le mécénat est classé parmi les priorités stratégiques établies par Euromed Heritage, qui a demandé aux pays membres d’encourager les entreprises et les particuliers à « investir afin de préserver le patrimoine ». Qu’il soit un bâtiment historique, une maison traditionnelle, un site archéologique, un hammam, une église, une mosquée, une collection photographique, ou encore une bibliothèque, les mécènes et grandes firmes bancaires et commerciales pourront contribuer à la sauvegarde de l’expression de notre mémoire et de notre identité.
En outre, l’appui institutionnel est proposé dans l’optique de redéfinir le rôle des institutions chargées du patrimoine culturel et de renforcer les capacités de planification et de coordination des ministères de la Culture, de promouvoir des mesures allant dans le sens de la décentralisation administrative des institutions du patrimoine, de favoriser des actions destinées à protéger l’héritage culturel en périodes de conflits et en cas de catastrophes naturelles et de développer des capacités de gestion d’urgence.
Le Liban sur le projet
Qantara : traversées
d’Orient et d’Occident
Parmi une pléthore de projets inscrits dans le programme Euromed Heritage, « Qantara. Patrimoine méditerranéen : traversées d’Orient et d’Occident » est actuellement en cours de réalisation. Initié par la Commission européenne et piloté par l’Institut du monde arabe (IMA), le projet a pour objectif la mise en œuvre d’une base de données (textes, images fixes ou animées, réelles ou de synthèse, documents sonores, bornes interactives) sur le patrimoine arabo-musulman à la période médiévale. Le Liban (par le biais de la Direction générale des Antiquités) ainsi que la France, l’Espagne, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Jordanie et l’Égypte participent à la réalisation de cette base, qui sera consultable sur Internet. Elle sera également l’objet d’une exposition et d’une publication en français, arabe, espagnol et anglais.
Le recensement du patrimoine et du fonds artistique arabo-musulmans répartis sur les rives de la Méditerranée mettra en évidence, à travers des exemples concrets d’architecture, de décor architectural, d’objets d’art, de techniques et de savoir-faire, le partage des valeurs culturelles communes entre pays musulmans riverains, et dans bien des cas, avec les pays européens de la rive opposée.
La période chronologique prise en compte s’étend de l’avènement de l’islam jusqu’au XIXe siècle. On pourra voir et comprendre tout ce qui témoigne de la richesse des échanges dans cet espace géographique ouvert sur la mer et qui a suscité, au-delà des contraintes de l’histoire, des conquêtes et des croisades, une sensibilité commune, voire une identité partagée entre les habitants.
Ainsi, les minarets à section carrée de la mosquée des Omeyyades de Damas seront à l’origine du minaret de la mosquée Sidi Uqba de Kairouan qui, lui-même, sera le lointain ancêtre du minaret de Kutubiyya de Marrakech dont la Giralda de Séville donnera, à la fin du XIIe siècle, une nouvelle et parfaite formulation. Les céramiques dorées de Valence et de Manisès font revivre des procédés mis au point 600 ans auparavant par les potiers de l’Orient abasside.
En dégageant des thèmes fondamentaux et communs, comme l’eau et le jardin, la géométrie, la représentation figurative, la calligraphie, « Qantara » renforcera l’articulation et la cohésion de sa base de données et invitera à une découverte multiforme des diverses expressions artistiques qui se sont entrecroisées d’une rive à l’autre du bassin méditerranéen.
Signalons enfin que c’est dans le cadre du Forum d’Istanbul que le Prix du journalisme Euromed Heritage 2006 a été remis à la Jordanienne Razan Nasser et à l’Italien Damiano Laterza.
Organisé en collaboration avec l’Unesco, la Fédération internationale des journalistes, l’Association de la presse étrangère à Rome et Ansmed, ce concours international a un objectif précis : inciter les journalistes à promouvoir et à mieux faire connaître le patrimoine auprès des lecteurs. L’édition 2007 est déjà lancée.
Le patrimoine de la Méditerranée est un héritage commun et un enjeu de développement économique durable. Aussi, à l’initiative d’Euromed Heritage et du ministère italien de la Culture, les directeurs généraux des Antiquités et de la Culture d’Algérie, d’Égypte, de Jordanie, de Tunisie, d’Israël, du Liban, de Palestine et de Syrie, ainsi que les responsables de l’Office de coopération de la Commission européenne (EuropeAid) et quelque deux cents spécialistes et représentants d’universités, d’organisations civiles et d’instituts chargés du patrimoine dans les pays riverains du bassin méditerranéen (Nord et Sud), se sont réunis à Istanbul pour peaufiner les stratégies permettant la promotion de l’héritage culturel, pour les sept années à venir (2007-2013). Créé en 1998 par la Commission...