Rechercher
Rechercher

Actualités

Les commerçants du centre-ville lancent une campagne médiatique pour relancer l’activité Envers et contre tout, le cœur de Beyrouth va continuer à battre

De manifestations en manifestations, en passant par les séances de dialogue et les Conseils des ministres, le centre-ville en est à son dernier souffle. Mais il refuse de rendre l’âme. Le choix du lieu des divers mouvements de protestation n’est pas anodin. Outre le symbole politique que représentent le Grand Sérail et le siège du Parlement, le centre-ville est considéré comme le cœur de l’activité commerciale et bancaire du pays. Selon Ralph Eid, propriétaire d’une série de magasins de luxe, l’activité globale générée au centre-ville participe à hauteur de 11 % au PIB. Au-delà des principales institutions financières installées rue Riad el-Solh, communément appelée la rue des Banques, le quartier compte près de 800 commerces et restaurants, et emploie plus de 5 000 personnes. Globalement, près de 10 000 familles vivent directement ou indirectement des activités du centre-ville. Et ces dernières sont incontestablement celles qui payent le plus lourd tribut de l’instabilité politique qui prévaut dans le pays depuis l’assassinat de Rafic Hariri. De la manifestation du 14 mars à celle d’aujourd’hui, le quartier n’a jamais eu l’occasion de profiter pleinement de son potentiel, et connaître l’essor qui lui était promis. Cette année a cependant été particulièrement difficile, surtout après les investissements massifs réalisés en vue d’une saison touristique exceptionnelle. Le groupe Aïshti, par exemple, qui compte 500 salariés, a investi près de 20 millions de dollars pour s’installer au centre-ville, selon son CEO, Michel Salamé. Sur les six premiers mois de l’année, les affaires avaient pourtant repris, atteignant un niveau proche de celui de 2004. Mais en général, les commerces du centre-ville réalisent près de 40 % de leur chiffre d’affaires annuel en été, grâce à la clientèle libanaise qui représente 60 % des visiteurs, mais surtout aux touristes qui détiennent un pouvoir d’achat beaucoup plus important. Or cet été, la guerre surprise a obligé les magasins et les restaurants à revoir leur compte. « L’offensive israélienne a amputé le chiffre d’affaires annuel du groupe de près de 30 %», a indiqué M. Salamé à L’Orient-Le Jour. Les commerçants ne se sont pas laissés découragés pour autant. Aidé par Solidere, qui a accordé une ristourne de deux mois de loyers, ainsi que d’autres propriétaires, la vie avait peu à peu repris au centre-ville. Sont alors arrivés les séances de dialogue et les Conseils des ministres entraînant un bouclage du secteur de nature à décourager les acheteurs. À plusieurs reprises, les commerçants ont exhorté les politiques à épargner la région. En vain. Et pour compléter un tableau bien sombre, de nouvelles manifestations, à durée indéterminée cette fois, ont commencé à quelques semaines de Noël. « Pour sauver l’année, tous les regards étaient portés vers la période des fêtes, Noël, le Nouvel An, et Adha, sachant que les magasins réalisent plus 20 % de leurs ventes annuelles à cette période », a affirmé Antoine Eid, responsable du groupe Joseph Eid. Mais dans le contexte politique actuel, les espoirs de voir débarquer les Libanais expatriés ou les touristes se sont évanouis. Restent les locaux. Certes le climat n’est pas à la fête, et la consommation s’en fait ressentir. « Globalement, l’activité s’est réduite de plus de 60 % dans l’ensemble du pays ces dix derniers jours », a déploré Ralph Eid. Mais le centre-ville, pris d’assaut par les manifestants, est particulièrement boudé par les Libanais. « La fréquentation des magasins du quartier a baissé de plus de 80 %. Quant aux restaurants, leur activité est presque nulle », a renchéri Antoine Eid. Une information confirmée par la propriétaire des restaurants Lina’s qui affirme que les autres branches, notamment à Jounieh ou à l’ABC, s’en sortent beaucoup mieux. Survivre à tout prix Les commerçants et les restaurateurs du centre-ville se sont donc mobilisés. Pour mieux affronter les difficultés, ils ont décidé de se rassembler au sein d’une association pour défendre leur droit de survivre. Cette association n’a pas encore officiellement vu le jour, mais elle commence déjà à s’activer. Hier, des dizaines de chefs d’entreprise et de commerce concernés se sont réunis pour évoquer le marasme ambiant et les moyens d’y faire face. Certains membres actifs de l’association ont d’abord réussi, grâce à des contacts établis avec l’armée, à dégager deux rues principales, Allenby et Foch. Ils ont également coordonné avec les responsables de Solidere pour rouvrir deux parkings, assurer des valets et un transport gratuit à partir du parking de BIEL. Des discussions ont par ailleurs été menées avec les organisateurs du mouvement de protestation pour épargner les galeries marchandes. Enfin, s’estimant victimes d’une médiatisation négative, relayée par les images d’un centre-ville désert, ils ont décidé de lancer une campagne dans la presse sous le slogan « The heart never skipped a beat » (le cœur n’a jamais arrêté de battre), pour rappeler aux clients que les magasins du centre-ville restent ouverts, sept jours sur sept. Une publicité signée l’Association des établissements du centre-ville. Que faire de plus ? Les idées ont fusé hier. Certains proposaient une réduction pour attirer les clients, d’autres d’organiser des événements pour redynamiser le secteur... Une initiative semble avoir fait l’unanimité : décorer le centre-ville pour retrouver une ambiance de fête. Autre point sur lequel les établissements du secteur sont d’accord : rester ouvert coûte que coûte. Sahar AL-ATTAR

De manifestations en manifestations, en passant par les séances de dialogue et les Conseils des ministres, le centre-ville en est à son dernier souffle. Mais il refuse de rendre l’âme.
Le choix du lieu des divers mouvements de protestation n’est pas anodin. Outre le symbole politique que représentent le Grand Sérail et le siège du Parlement, le centre-ville est considéré comme le cœur de l’activité commerciale et bancaire du pays.
Selon Ralph Eid, propriétaire d’une série de magasins de luxe, l’activité globale générée au centre-ville participe à hauteur de 11 % au PIB. Au-delà des principales institutions financières installées rue Riad el-Solh, communément appelée la rue des Banques, le quartier compte près de 800 commerces et restaurants, et emploie plus de 5 000 personnes. Globalement, près de 10...