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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Médiations arabes et locales pour résoudre la crise L’opposition propose un cabinet de trente, la majorité accepte sous condition

Au cinquième jour du mouvement organisé par l’opposition, les voies à une solution demeurent bouchées, à moins que l’initiative nocturne de la Rencontre nationale, que préside M. Omar Karamé, en direction de la majorité n’aboutisse, et que les forces du 8 Mars ne réagissent favorablement à la proposition de règlement du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui continue, quarante-huit après son départ de Beyrouth où il avait entrepris une mission de bons offices, lundi et mardi, de faire état d’une « lueur d’espoir ». Du Caire où il participait à une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, M. Moussa a réaffirmé qu’il existe effectivement toujours une « lueur d’espoir » pour le Liban. Il a indiqué que les propositions qu’il a soumises aux responsables politiques libanais ont été, « de manière générale, favorablement accueillies ». À Beyrouth, mandaté par la Rencontre nationale qui regroupe les anciens chefs de gouvernement et des pôles sunnites, l’ancien député Fathi Yakan a soumis en soirée au Premier ministre, Fouad Siniora, une proposition de règlement qui a obtenu l’aval du secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, et qui se recoupe avec celle du secrétaire général de la Ligue arabe : il s’agit d’élargir le gouvernement pour obtenir un cabinet de 30, composé de 19 ministres issus de la majorité, de 10 de l’opposition et d’un « ministre-roi » qui serait nommé par le président de la Chambre, Nabih Berry, mais qui serait agréé par les deux courants. À la différence de l’initiative Moussa qui s’articule autour de trois points principaux : le tribunal international, la composition d’un gouvernement savamment dosé et la présidentielle, celle de la Rencontre nationale ne porte que sur le gouvernement. M. Yakan est parti du Sérail avec l’accord de principe de la majorité, qui souhaite cependant que le gouvernement élargi soit composé de 19 ministres de la majorité, 9 de l’opposition et de deux « ministres-rois ». De la sorte, ni la majorité ne détiendra les deux tiers des voix en Conseil des ministres, ni l’opposition n’aura la minorité de blocage et la présence de deux « ministres-rois » empêchera une paralysie du gouvernement au cas où la minorité déciderait de nouveau de démissionner en cas de conflit. C’est ce qui ressort d’ailleurs des propos tenus par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmad Fatfat, qui a assisté à l’entretien Siniora-Yakan. M. Fatfat a indiqué à la presse qu’il doit suivre avec l’ancien député le mécanisme d’application de cette initiative à partir du moment où les forces du 8 Mars réagiraient favorablement à leur contre-proposition de règlement. En d’autres termes, voir si le sit-in de l’opposition doit être levé avant que le gouvernement ne soit élargi ou vice versa. Qu’il s’agisse de l’initiative de la Rencontre nationale, ou de celle de M. Moussa, dans certains cercles politiques on n’exclut pas qu’un compromis soit rapidement trouvé, les deux forces du 14 Mars et du 8 Mars se trouvant chacune face à une impasse totale. Les deux parties sont allées tellement loin dans leur refus d’une solution médiane, qu’elles ne peuvent plus reculer, indique-t-on dans ces milieux et qu’elles ont besoin d’une échappatoire, de l’aide d’une tierce partie pour régler la crise sans qu’il n’y ait de vainqueur ou de vaincu. Mais c’est oublier un obstacle de taille : le facteur régional. Il convient ainsi de relever que l’opposition n’a toujours pas donné une réponse aux idées véhiculées par le secrétaire général de la Ligue, qui est resté en contact hier, avec le Premier ministre, Fouad Siniora. C’est que, contrairement à ce qu’a affirmé l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Khoja, qui a déclaré, sur le perron de Bkerké, que les Libanais « seuls » détiennent la solution du problème qui se pose, l’opposition attendait le résultat des contacts entrepris par M. Moussa à l’échelle arabe, avant de répondre par l’affirmative ou la négative à sa proposition de règlement. En d’autres termes, les forces du 8 Mars attendent la réaction de Damas et de Téhéran, les deux principaux moteurs, voire instigateurs de la crise actuelle. C’est ce qui ressort d’ailleurs des explications fournies à L’Orient-Le Jour, par des sources proches du président de la Chambre, Nabih Berry. « Le secrétaire général de la Ligue n’était pas porteur d’une initiative. Il est venu pour recueillir le point de vue des différentes parties (au conflit) à qui il a soumis deux ou trois idées auxquelles il souhaite assurer une couverture arabe », a indiqué cette source. Selon cette source, il n’existe rien de concret jusqu’à présent, « parce que le secrétaire de la Ligue veut connaître le point de vue des Arabes aux idées qu’il a présentées et qui concernent le tribunal, le gouvernement et la présidentielle. Il doit ainsi sonder les Syriens et les Iraniens qui sont d’une façon ou d’une autre concernés par cette question, ainsi que les Égyptiens et les Saoudiens. D’autres doivent, de leur côté, sonder les Américains », a-t-on indiqué de même source. Mais il est d’ores et déjà clair que la Syrie accepterait difficilement toute ébauche de compromis alors qu’elle se voit déjà près du but. De sources proches de la majorité, on indique ainsi que la mission du ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, à Damas, s’est soldée par un échec dans la mesure où elle s’est heurtée à l’intransigeance syrienne. Et la Syrie est déterminée à obtenir la chute du gouvernement Siniora. Un vieux rêve de Bachar el-Assad alors que la logique du 8 Mars s’inscrit dans le prolongement de la politique syrienne. Selon la source proche du président de la Chambre, avant de donner une réponse à l’initiative Moussa, l’opposition veut connaître l’ordre dans lequel les idées qu’il a avancées à Beyrouth seront appliquées. « Il faut qu’un gouvernement d’union nationale soit formé et puis nous discuterons du tribunal international », a précisé la source. Or la majorité reste intraitable sur ce sujet : un gouvernement au sein duquel l’opposition détiendrait une minorité de blocage ou qui risque de compromettre la création d’un tribunal international est hors de question. Tilda ABOU RIZK

Au cinquième jour du mouvement organisé par l’opposition, les voies à une solution demeurent bouchées, à moins que l’initiative nocturne de la Rencontre nationale, que préside M. Omar Karamé, en direction de la majorité n’aboutisse, et que les forces du 8 Mars ne réagissent favorablement à la proposition de règlement du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui continue, quarante-huit après son départ de Beyrouth où il avait entrepris une mission de bons offices, lundi et mardi, de faire état d’une « lueur d’espoir ».
Du Caire où il participait à une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, M. Moussa a réaffirmé qu’il existe effectivement toujours une « lueur d’espoir » pour le Liban. Il a indiqué que les propositions qu’il a soumises aux responsables...