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Début de polémique en France après la rencontre de Ségolène Royal avec un député du Hezbollah à Beyrouth

L’attitude de Ségolène Royal au Liban vis-à-vis du Hezbollah et du Hamas a créé le week-end écoulé un début de polémique dans la classe politique française, plus particulièrement au sein de la droite. M. François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, a notamment dénoncé des « fautes choquantes » de la candidate socialiste pour 2007, rapporte l’AFP dans une dépêche datée de Paris. Il n’y a « ni faux pas ni maladresse », a affirmé Mme Royal, dont c’était le premier déplacement à l’étranger comme candidate PS à la présidence. La candidate socialiste, rappelle-t-on, a rencontré au cours de sa visite à Beyrouth, à la fin de la semaine dernière, le député du Hezbollah Ali Ammar, dans le cadre d’une réunion avec la commission parlementaire des Affaires étrangères. Selon certaines informations, Ali Ammar aurait comparé Israël au nazisme et les milieux de la droite française reprochent à la candidate socialiste de n’avoir pas réagi. Pour M. Fillon, « accepter de parler avec un membre du Hezbollah, organisation qui prône la destruction d’Israël, qui a provoqué et mené la guerre contre Israël en entrant en territoire israélien et en prenant des otages, était déjà une faute ». Et « laisser insulter sans réagir les alliés et amis de la France, qu’il s’agisse des États-Unis ou d’Israël, en est une autre, lourde ». La polémique porte sur deux points : la réaction de Mme Royal vis-à-vis du Hezbollah et la possibilité qu’elle avait envisagé, avant une mise en garde de son entourage, de rencontrer des membres du Hamas qui sont « démocratiquement désignés ». Selon Mme Royal, le député Ali Ammar n’a pas comparé Israël au « nazisme », lors de la réunion de la commission des AE. « Si cela avait été le cas, l’ambassadeur de France à Beyrouth, qui assistait à l’entretien, aurait réagi. Or, il ne l’a pas fait », a fait remarquer à Paris un élu socialiste qui a requis l’anonymat. Le même soutient qu’il y a eu « un problème de traduction ». Ali Ammar avait également longuement insisté sur « la folie de la politique américaine » et Mme Royal avait dit partager avec lui « beaucoup de choses, notamment l’analyse du rôle des États-Unis », avant de finalement rectifier en affirmant qu’il ne fallait « pas confondre la politique de l’Administration Bush avec la politique globale des États-Unis ». Selon François Bayrou (UDF – centriste), également candidat à la présidentielle, les élus du Hezbollah « ne peuvent pas être regardés comme des élus du Liban comme les autres ». « Je ne veux pas faire de la polémique présidentielle à ce propos », a déclaré M. Bayrou sur TF1. « Simplement un mot pour dire que le Hezbollah, ça ne peut en aucun cas être regardé comme un parti politique comme les autres. Les élus du Hezbollah, avec les thèses qui sont les leurs, ne peuvent pas être regardés comme des élus du Liban comme les autres », a poursuivi le responsable centriste. « Je rappelle la crise qui existe en ce moment au Liban entre le Hezbollah et le gouvernement libanais, et il me semble que toutes les forces de la France doivent être accordées pour soutenir le gouvernement libanais », a ajouté M. Bayrou. Pour Hervé de Charette (UMP – parti de Nicolas Sarkozy), ancien ministre des Affaires étrangères, « Ségolène Royal s’est trouvée complètement piégée par le Hezbollah ». La presse française réservait samedi de nombreux articles au voyage de Mme Royal. Pour Le Monde, « Mme Royal s’efforce d’éviter les pièges de la diplomatie », mais, pour Le Figaro, elle « fait assaut d’antiaméricanisme avec le Hezbollah ». Le Parisien relevait pour sa part cette réflexion d’un député libanais : « Je ne sais pas si elle a bien compris toute la complexité de notre région. » Douste-Blazy : Des idées « simplistes » De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a mis en garde hier la candidate socialiste contre des idées « simplistes » au Proche-Orient. « Dans ses Mémoires, le général de Gaulle avait écrit: “J’allais vers l’Orient compliqué avec des idées simples”. Encore faut-il que ces idées ne soient pas simplistes », a dit M. Douste-Blazy à la radio France Info, en commentant des déclarations controversées de Mme Royal en visite dans la région. « Je ne souhaite pas faire de procès d’intention à Mme Royal. Mais j’ai envie de lui dire qu’on est d’autant plus fort et écouté dans un dialogue que l’on reste très ferme sur la défense de nos principes », a dit M. Douste-Blazy (UMP, droite au pouvoir). La réponse de Julien Dray Réagissant aux propos de M. Douste-Blazy, le coordinateur des porte-parole de Ségolène Royal, Julien Dray, a vertement critiqué le chef du Quai d’Orsay pour avoir accusé la candidate PS d’avoir des idées « simplistes » en matière internationale. M. Dray a déclaré à propos du ministre : « Si c’était une flèche, ça se saurait. » Commentant également sur Radio J les attaques de l’UMP contre Mme Royal à propos de sa rencontre avec un député du Hezbollah, M. Dray a estimé que « les responsables de l’UMP étaient certainement en difficulté » pour réagir comme ils le font. « Je comprends qu’ils ne sont pas contents que le voyage de Mme Royal ait pris cette importance. Elle a voulu se mettre tout de suite en situation. Je comprends la rancœur, mais franchement, il y a mieux à faire », a-t-il dit en dénonçant une « polémique inutile et stérile ». Mais, M. Dray a surtout concentré son attaque sur le ministre des Affaires étrangères. « Si c’était une flèche, ça se saurait et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de politique diplomatique, il n’a pas brillé. Donc, je n’ai aucune leçon à recevoir de ce monsieur », a lancé M. Dray, joint par téléphone en Israël où il se trouvait avec Mme Royal. Julien Dray s’en est pris également aux amis de Nicolas Sarkozy. « Je comprends qu’ils ont les boules et que les amis de M. Sarkozy dans la communauté juive essaient de monter une petite polémique », a-t-il dit, en leur conseillant « de rester chez eux ». « Tout cela n’est pas digne de grands responsables politiques », a-t-il poursuivi, ajoutant: « Il y en a qui veulent nous donner des leçons, franchement ils sont mal placés pour le faire. » Quant au Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, il a pris la défense de Ségolène Royal, estimant que la polémique provoquée par la rencontre avec le député du Hezbollah était « déplacée ». S’exprimant sur Radio communauté juive (RCJ), M. Hollande, également compagnon de la candidate PS à la présidentielle, a fait état des informations en sa possession selon lesquelles « la traduction donnée à Ségolène Royal et à l’ambassadeur n’était qu’une traduction abrégée, sommaire, qui ne comportait pas tous les propos rapportés par ailleurs aux journalistes ». « Le Hezbollah a tenu des propos, comme d’habitude, provocateurs, insultants, elle y a réagi, comme elle devait y réagir » car une fois qu’elle a eu « la traduction », elle a « dit combien ces propos étaient inacceptables », a expliqué M. Hollande. « Je trouve cette polémique déplacée », a-t-il souligné. Le premier secrétaire a jugé que si « le Hezbollah était un parti politique au Liban, ce n’était pas un parti comme les autres, puisque c’est une organisation militaire, provocatrice ». Pour lui, Ségolène Royal a eu « raison d’aller » au Liban.
L’attitude de Ségolène Royal au Liban vis-à-vis du Hezbollah et du Hamas a créé le week-end écoulé un début de polémique dans la classe politique française, plus particulièrement au sein de la droite. M. François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, a notamment dénoncé des « fautes choquantes » de la candidate socialiste pour 2007, rapporte l’AFP dans une dépêche...