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Le « Prix des prix » et le « Best in Show » pour une architecture respectueuse de son environnement Arabie saoudite, Barcelone, Istanbul, Liban, Qatar... l’architecte Nabil Gholam sur tous les fronts
Par MAKAREM May, le 28 novembre 2006 à 00h00
L’année 2006 a constitué un tournant pour l’architecte Nabil Gholam qui a fait une entrée fracassante sur la scène architecturale. Deux de ses projets, les « souks » de Qatar et le quartier résidentiel de Khobar (un million de mètres carrés), ont été couronnés « Best in Show », par le «AR MIPIM Future Projects Awards », et ont remporté le « Prix des prix, toutes catégories confondues » lors de la « Foire internationale de l’immobilier » qui s’est déroulée à Cannes. Entre-temps, Gholam décroche le concours international lancé par l’Université américaine de Beyrouth pour la construction de la nouvelle faculté d’ingénierie. Nominé, en 2003, pour le Agha Khan Award, sélectionné par le « Chicago Tribune Award » pour la 77 West Wacker Tower de Chicago, lauréat du « Cityscape Architecture Review » en 2005, Gholam, qui est diplômé de l’École d’architecture de Paris-Villemin et de l’Université de Columbia, a collaboré, entre 1988 et 1994, avec le célèbre architecte catalan, Ricardo Bofill, dont il a piloté les agences de New York et de Paris. En 1994, il s’installe à Beyrouth et crée sa propre structure : « Architecture & Planning » qui se donne pour objectif « une architecture respectueuse à la fois de l’homme et de la nature ».
«Si on continue à construire sans prendre garde à l’aspect environnemental, on va se casser la gueule, souligne-t-il. Tôt ou tard, nous allons tous en pâtir et le regretter. Ce qui est aujourd’hui contraire aux principes écologiques sera demain économiquement et socialement lourd de conséquences. » Tant dans ses projets de tours que dans les maisons individuelles, Nabil Gholam reprend certaines règles de l’art de bâtir d’autrefois, des règles parfois oubliées, mais de plus en plus d’actualité en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse et aux États-Unis. Aux antipodes de l’architecture-objet, ses bâtiments résolument modernes appartiennent à leur environnement et s’attachent particulièrement à utiliser des matériaux locaux et à respecter l’orientation la plus favorable pour la ventilation ou l’ensoleillement. Bénéficiant de la collecte des eaux pluviales, des énergies alternatives, d’une ventilation suffisante pour éviter le recours à la climatisation ainsi que d’un éclairage naturel optimal, ses maisons écologiques permettent de réaliser des économies sur les factures d’électricité, de générer moins de déchets (une diminution des émissions de CO2) et un confort de vie important.
À Bsalim, Dahr al-Sawwan, Faqra ou Yarzé, l’architecte tente toujours de mettre à exécution ses idées. Il glisse des volumes mesurés et discrets qui se fondent dans le paysage dont il « refuse de rompre l’harmonie ». Du petit chalet à la villa de luxe, il invente à chaque fois une œuvre nouvelle dont il n’est pas difficile de découvrir la signature. Ses bâtisses, qui se posent en cube ou en rectangle, n’ont rien d’un manifeste. Car « l’idée n’est pas de démontrer qu’un beau logement est un grand logement. Mes clients n’ont besoin d’impressionner personne ». Leurs maisons ne sont pas des forteresses impénétrables, mais des lieux radieux ouverts sur la nature. Ainsi, la villa Farès, à Dahr al-Sawwan, occupe une colline de 12 000 mètres carrés. Mais l’impact de cette maison de 1 700 m2 de surface bâtie est quasiment invisible, puisque plus de la moitié des espaces sont aménagés en sous-sol.
Celle de Sabbagh Codsi, à Yarzé, est « la définition la plus modeste d’une maison écologique avant-gardiste ». De même, le village écologique qui sera prochainement planté à Kfarzébian accorde autant d’importance à la vie au-dehors qu’à celle de dedans. « Les constructions s’élèvent sur un seul niveau et occupent 5 % du terrain, au lieu des 30 % légaux », indique Gholam.
En ce qui concerne ses bâtiments urbains, l’architecte fait remarquer que les tours, mélange de verres et d’acier, « peuvent être aussi écologiques et économiques à gérer qu’un bâtiment en pierre. Il suffit de choisir les matériaux adéquats, les vitres spécifiques et de respecter des normes précises ». L’architecte explique que « tout est calculé avec des modèles scientifiques sur ordinateur ». Ainsi, dans le souk du Qatar, où l’atrium se déploie sur 100 000 m3, « nous avons pu réduire la température de 45 à 25° en plein été, et ce juste en utilisant des techniques simples mais ingénieuses, appelées “stratification”. Ces techniques, coûteuses, sont à moyen terme rentables, puisqu’elles permettent d’économiser sur les factures d’électricité et de mazout et de prévenir la pollution», précise-t-il.
À Khobar, en Arabie saoudite, le projet du quartier résidentiel qui s’étend sur un million de mètres carrés a également fait forte impression et pourra, selon les critiques, « servir de plate-forme à l’éclosion d’une nouvelle approche architecturale ». Gholam, qui a puisé « le meilleur dans l’art islamique en y incluant le meilleur de la modernité », propose « une architecture islamo-méditerranéenne, respectueuse des coutumes du pays ».
Nabil Gholam ne se focalise pas uniquement sur le monde arabe. Son agence « Architecture & Planning », qui comprend une trentaine de spécialistes, a aujourd’hui des succursales à Barcelone et à Istanbul. « Cela permet à nos architectes de découvrir de nouveaux horizons et de se battre dans des lieux où le niveau est très élevé. »
May MAKAREM
L’année 2006 a constitué un tournant pour l’architecte Nabil Gholam qui a fait une entrée fracassante sur la scène architecturale. Deux de ses projets, les « souks » de Qatar et le quartier résidentiel de Khobar (un million de mètres carrés), ont été couronnés « Best in Show », par le «AR MIPIM Future Projects Awards », et ont remporté le « Prix des prix, toutes catégories confondues » lors de la « Foire internationale de l’immobilier » qui s’est déroulée à Cannes. Entre-temps, Gholam décroche le concours international lancé par l’Université américaine de Beyrouth pour la construction de la nouvelle faculté d’ingénierie. Nominé, en 2003, pour le Agha Khan Award, sélectionné par le « Chicago Tribune Award » pour la 77 West Wacker Tower de Chicago, lauréat du « Cityscape Architecture Review...