New York, de notre correspondante aux Nations unies, Sylviane ZEHIL
C’est le choc et la consternation à l’ONU après l’assassinat du ministre de l’Industrie, Pierre Gemayel. Ce meurtre est tombé le jour où le Conseil de sécurité a approuvé la lettre du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, pour la création du tribunal international qui doit juger les assassins de l’ex-ministre Rafic Hariri et les autres victimes des attentats perpétrés entre octobre 2004 et décembre 2005. Réuni pour discuter du dossier palestinien, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration présidentielle dans laquelle il « condamne sans équivoque » l’assassinat de Gemayel, « un patriote qui était un symbole de liberté et de l’indépendance politique du Liban ».
Le Conseil « condamne toute tentative de déstabiliser le Liban en recourant à l’assassinat politique ou à d’autres actes terroristes », poursuit la déclaration. Il « appelle toutes les parties libanaises et régionales à faire preuve de retenue et de sens des responsabilités pour prévenir davantage de détérioration au Liban ».
Kofi Annan a pour sa part condamné le meurtre « de sang-froid » de Pierre Gemayel, « fervent partisan de l’indépendance, de la démocratie et de l’unité du Liban », a annoncé, lors d’un point de presse, le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric. « Le secrétaire général condamne avec fermeté ce crime, et présente ses sincères condoléances à la famille du défunt et au gouvernement du Liban », a ajouté M. Dujarric.
Kofi Annan a en outre souligné que « de tels actes de terrorisme sapent la stabilité du Liban », estimant qu’ils sont « inacceptables », et qu’ils « n’ont pas leur place dans une société ouverte et démocratique ». « Les auteurs et les instigateurs de l’attaque d’aujourd’hui doivent être traduits en justice pour mettre fin à l’impunité », a affirmé le secrétaire général. Il a de plus appelé toutes les parties à «préserver l’unité nationale en ce moment critique ».
Gambari : « Violences graves à l’horizon »
Réunis en séance plénière pour débattre de la question du Moyen- Orient, les membres du Conseil de sécurité ont condamné avec fermeté, et à l’unanimité, ce crime. Lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques de l’ONU, Ibrahim Gambari, a rappelé que cet assassinat s’était produit « au sein d’un environnement de plus en plus complexe ».
Rappelant les concertations politiques dans lesquelles les dirigeants libanais étaient engagées du 6 au 11 novembre et la démission de cinq ministres du gouvernement Siniora, M. Gambari a souligné que pour l’ONU, « la menace de violences encore plus graves pointe à l’horizon du paysage politique libanais ». « Il est impératif que les parties fournissent tous les efforts possibles en vue d’œuvrer ensemble pour le Liban », a-t-il dit.
« C’est une grande tragédie. Nos pensées vont à la famille de Pierre Gemayel », a déclaré le représentant des États-Unis, John Bolton. Cet assassinat « montre clairement que nous devons soutenir les forces démocratiques au Liban. Il ne réussira pas à provoquer le changement du gouvernement, et il prouve que nous avons besoin d’établir le tribunal international et de prolonger le mandat de la commission d’enquête internationale dirigée par Brammertz », a-t-il déclaré avant que le Conseil n’approuve la lettre d’Annan sur le tribunal international. M. Bolton a en outre souligné « le besoin pour le tribunal d’être flexible afin de juger les responsables d’autres assassinats politiques au Liban ».
John Bolton a d’autre part réitéré « le soutien » des États-Unis « au gouvernement Siniora et aux forces démocratiques au Liban. Nous appelons tous les pays de la région à apporter leur soutien au gouvernement démocratique de Siniora ». Le représentant américain a exigé « la coopération de tous pour trouver rapidement les assassins de Pierre Gemayel».
Le représentant de la France aux Nations unies, Jean-Marc de La Sablière, a aussi fait part de la « profonde émotion et de la consternation des autorités françaises après le lâche assassinat de Pierre Gemayel ». « La France adresse ses condoléances à la famille de M. Gemayel et condamne dans les termes les plus forts cette nouvelle tentative de déstabilisation du Liban à travers le recours à la violence, à l’intimidation, à l’assassinat », a-t-il ajouté.
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