FLÉCHETTES Baabda, la hauteur (de vues)

C’est assez agréable. Quand des étrangetés sautent d’elles-mêmes aux yeux, il n’y a pas beaucoup d’efforts à fournir pour en traiter sur le mode plaisant. Il n’y a qu’à les ponctuer de points d’exclamation, de « mais oui, vous avez bien lu », de « sic », ou de « no comment ». Tenez, lorsque Baabda proclame que le gouvernement est illégitime, non constitutionnel, qu’il va être boycotté lors des cérémonies de demain. Que les ministres non seulement ne seront pas reçus, mais se trouveront remplacés par d’anciens ministres, na… Est-il vraiment besoin de relever que c’est le monde à l’envers. Que depuis la prorogation, l’illégitime, le non-constitutionnel, le boycotté on sait bien qui c’est. Chapeau donc pour l’exploit de voltige, et le tour de passe-passe. Mais le champion se surpasse encore. Il accuse Chirac de n’agir que pour un seul groupe de Libanais, une seule famille. Tout cela parce qu’il lui avait sucré en 98 une visite d’une semaine à Paris, car Hariri n’avait pas été nommé. Autres hautes raisons invoquées : le silence constant sur la ligne directe Élysée-Baabda. Ou encore, et surtout, le conflit sur le marché du téléphone mobile. Tant de franchise émeut, désarçonne. Bref, Chirac serait de parti pris. Autant dire qu’il ne se comporte pas en président de tous les Libanais. Et là, on ne peut que donner raison au maître. Car de président impartial, il nous en faudrait bien un. Et même de président tout court. Jean ISSA