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Actualités - OPINION

LE POINT Ségolène, vraiment ?

C’est l’histoire d’un boxeur qui s’est préparé des semaines durant à la rencontre et qui découvre, la veille du match, que l’adversaire n’est pas celui qu’il attendait. Bernard Kouchner le faisait observer hier, sur les ondes d’une radio : « Ségolène Royal ? Elle va être la pire des candidates pour Nicolas Sarkozy. » Non pas qu’elle soit particulièrement retors : son « côte à côte » – puisque, plutôt que d’un face-à-face, il s’était agi d’un monologue à trois avec Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius – avait permis de confirmer une réalité assez consternante hélas, à savoir que la pensée politique de Madame la future Présidente (on n’en est pas encore là, mais faisons comme si...) sonne plutôt creux. À l’écouter, on a l’impression qu’il lui suffira, le moment venu, d’appliquer les principes qui ont si bien réussi dans le Poitou-Charentes. Un peu comme ce président de General Motors qui avait décrété il y a quatre décennies que « ce qui est bon pour GM est bon pour l’Amérique ». Le manque de consistance de la candidate socialiste à la présidentielle d’avril-mai prochains, ils sont nombreux, dans son propre camp comme du côté de l’UMP, à l’avoir déjà observé. À l’image de Brice Hortefeux qui relève cruellement ses « allers et retours » et ses « pas de deux », notamment sur cette malencontreuse idée de jurys populaires, sur la carte scolaire ou, plus grave encore, sur le nucléaire iranien. Le « French Doctor », lui, a choisi d’attaquer par la bande, avouant n’avoir pas très bien compris ce que représentait « l’Europe par la preuve », même si, au plan interne, il juge qu’elle a « fait barrir de dépit les éléphants ». À cet égard, le faux pas d’Angers est très révélateur. À l’occasion d’une table ronde, en début d’année, la future candidate du Parti socialiste commettait son premier couac : devant des militants, elle exposait une proposition « révolutionnaire », disait-elle, consistant à exiger des enseignants une présence de 35 heures dans les collèges, histoire de mener de front cours et soutien scolaire gratuit. Mais attention, prenait-elle aussitôt soin de préciser, il convient de ne pas « le crier sur les toits pour ne pas prendre des coups de la part des syndicats concernés ». Est-il besoin de préciser que, depuis, la vidéo prise à cette occasion est diffusée en boucle sur Internet, un coup bas qui a le don de mettre hors d’elle l’intéressée. Mais toutes les lacunes, tous les faux pas du monde s’avèrent incapables de peser lourd dans la balance de la vox populi. Laquelle continue d’avoir pour Chimène les yeux de Rodrigue, voyant en elle une brise nouvelle qui souffle sur la vie politique, une sorte de furia francese dotée d’un gant de velours et d’une voix capable de rassurer l’électeur effarouché par toutes ces perspectives de révolution brandies comme autant de haches par Nicolas Sarkozy ou, plus grave encore, par Jean-Marie Le Pen. Quand ceux-là inquiètent par leurs rodomontades, elle choisit, elle, d’avoir des paroles d’infirmière au chevet d’un grand malade. Le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres a beau voir là l’expression d’« un poujadisme crade », son collègue de l’Économie et des Finances Thierry Breton peut bien bougonner qu’il ne dira « ni bravo ni merci à des idées qui sont à l’envers de ce qu’il faut faire », il n’empêche pas l’homme de la rue de s’extasier devant la nouvelle Marianne, celle qui a secoué le cocotier, au risque de faire tomber en même temps que les fruits l’arbre lui-même. Dans la manière qu’ont la madone des sondages, le Rastignac de Neuilly et le vieux canasson du FN de poser en rassembleur chacun de son camp, de donner l’illusion d’un changement à venir, il y a quelque chose de faussement rassurant. Segozy et Sarkolène, s’amuse à répéter le tombeur de Lionel Jospin, en 2002. Ce qui n’est pas tout à fait faux si l’on songe aux multiples emprunts faits par chacun dans la besace de l’autre. Et François Bayrou, qui piaffe d’impatience en attendant de s’aligner lui aussi sur la ligne de départ, vise juste quand il parle d’hémiplégie gauche-droite, feignant d’oublier toutefois ceux qui – de Villepin à Alliot-Marie, en passant par Chirac lui-même ... – pourraient en toute dernière minute bouleverser, rien que du côté du parti de la majorité, le tableau des partants dans la course à l’Élysée. Du coup, les chances de réussite de l’actuel superministre de l’Intérieur en viendrait à rétrécir comme peau de chagrin. On verrait alors se reproduire le coup de tonnerre qui avait tétanisé il y a cinq ans l’establishment français. Avec, cette fois, un second tour qui se jouerait entre la Royal – qui plaît surtout parce que « c’est une femme », à en croire les derniers sondages – et le héros de l’ultradroite dans le rôle qui lui sied si bien, celui du macho. Trop délirant pour être vrai ? Trop tôt, en tout cas, pour le prédire. Christian MERVILLE
C’est l’histoire d’un boxeur qui s’est préparé des semaines durant à la rencontre et qui découvre, la veille du match, que l’adversaire n’est pas celui qu’il attendait. Bernard Kouchner le faisait observer hier, sur les ondes d’une radio : « Ségolène Royal ? Elle va être la pire des candidates pour Nicolas Sarkozy. » Non pas qu’elle soit particulièrement retors : son « côte à côte » – puisque, plutôt que d’un face-à-face, il s’était agi d’un monologue à trois avec Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius – avait permis de confirmer une réalité assez consternante hélas, à savoir que la pensée politique de Madame la future Présidente (on n’en est pas encore là, mais faisons comme si...) sonne plutôt creux. À l’écouter, on a l’impression qu’il lui suffira, le moment venu,...