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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - La dépendance au narguilé suscite l’inquiétude des responsables de la santé «L’inoffensive » chichadans la ligne de mire des autorités égyptiennes

Le sac renfermant « chicha » et tabac à la saveur de pomme est devenu le souvenir obligé rapporté par de nombreux touristes d’Égypte. Mais si les «chicha lounges» sont à la mode en Occident, la dépendance au narguilé – comme la chicha est appelée dans d’autres pays du Proche-Orient – gagne rapidement du terrain en Égypte et suscite l’inquiétude des responsables de la santé. «Je la crois moins nocive pour la santé que la cigarette, parce qu’elle (la fumée) passe par l’eau avant d’être aspirée», dit une jeune touriste néerlandaise, en tirant très fort sur le tuyau de sa chicha dans le bazar de Khan Khalili, au Caire. Les experts du domaine de la santé tentent de briser cette image inoffensive de la pipe orientale, munie d’un long tuyau communiquant avec un flacon d’eau aromatisée que la fumée traverse avant d’arriver à la bouche du fumeur. «Il ne s’agit pas seulement d’une mode à l’étranger, elle devient aussi de plus en plus populaire dans la région», déclare Fatima al-Awwa, du bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Le problème de la chicha a longtemps été ignoré, mais la réalité est étonnante», ajoute ce médecin responsable d’Initiative sans tabac. «Une heure de chicha équivaut à entre 100 et 200 cigarettes», affirme Mme Awwa, expliquant que pour la même quantité de nicotine, la chicha expose les fumeurs à une plus grande quantité de fumée que les cigarettes. Une étude de l’OMS révèle que le fumeur de narguilé est exposé à de plus importantes quantités de nicotine, de monoxyde de carbone et d’autres toxines que le fumeur de cigarettes. L’étude souligne que la force nécessaire pour aspirer l’air à travers le tuyau permet à la fumée de pénétrer plus profondément dans les poumons. Une étude égyptienne, menée par l’ancien ministre de la Santé Awad Tageddine, rend également le narguilé responsable du retour de la tuberculose en Égypte, l’un des pays les plus touchés par le tabagisme au monde. «Une moyenne de 2,5% du revenu du foyer est dépensée en tabac en Égypte, plus que les sommes allouées à la santé et aux loisirs», déclare Mme Awwa. Sur le mur de son bureau est accrochée une fatwa de l’ex-mufti d’Égypte, affirmant que fumer est contraire à l’islam. Le ministre de la Santé, Hatem al-Gabali, s’est déclaré inquiet de l’impact de cette mode. Un projet de loi sera soumis lors de la nouvelle session du Parlement pour imposer une nouvelle taxe de 10% sur le tabac, a-t-il affirmé. «Les Égyptiens consomment 20 millions de cigarettes par jour. Il n’y a pas de chiffres précis pour la chicha, mais elle est devenue une tendance», selon M. Gabali. «La nouvelle taxe devrait engendrer 800 millions de livres égyptiennes, qui iront aux assurances médicales», a-t-il précisé. Mme Awwa souligne l’absence de règles de production du tabac pour chicha, contrairement aux cigarettes. Plutôt qu’une dépendance, fumer la chicha est perçu comme l’occasion pour les fumeurs de bavarder pendant des heures, chez eux ou dans les cafés, en se passant le tuyau. Autrefois passe-temps des hommes issus des classes modestes, fumer la chicha est devenu un phénomène de mode, largement adopté par les jeunes Égyptiennes. «Les femmes qui fument des cigarettes sont mal perçues en Égypte, mais la chicha, c’est amusant et je ne la crois pas nocive», estime Hoda, jeune femme voilée de 20 ans, en tirant sur sa chicha dans un café à la mode offrant du tabac au goût de melon ou de cappuccino. Le nom chicha est une déformation du mot haschisch, la consommation de cette drogue étant l’usage initial de cet instrument. Au café Zahret Strand, au centre du Caire, la campagne antitabac égyptienne ne semble pas avoir d’impact. Mohammad, veuf de 61 ans élégamment vêtu, vient fumer deux chichas chaque soir. «Je suis certain que c’est mauvais pour la santé, mais c’est mon cadeau de la journée», dit-il en concluant: «Si la chicha ne me tue pas, autre chose le fera. C’est à Dieu d’en décider.»
Le sac renfermant « chicha » et tabac à la saveur de pomme est devenu le souvenir obligé rapporté par de nombreux touristes d’Égypte. Mais si les «chicha lounges» sont à la mode en Occident, la dépendance au narguilé – comme la chicha est appelée dans d’autres pays du Proche-Orient – gagne rapidement du terrain en Égypte et suscite l’inquiétude des responsables de la...