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Actualités - OPINION

L’écheveau de trois, et les chevaux de Troie

– « Les amis de mes amis sont mes amis » Le Parrain, Don Corleone – « J’te fais une offre que tu peux pas refuser » Le même Brando, qui brandit un calibre. Un sigle : ANA. Aoun, Nasrallah, Assad. Un trio ? Pas du tout. Plutôt un triangle. Avec une certaine aire de jeu commune. Ensemble contre un même adversaire. Mais des angles (pas toujours obtus) distincts, voire opposés. Exemple : le tribunal international. Aoun ne demande que cela. Tandis qu’Assad n’en veut pas. Et que Nasrallah navigue entre les deux. Subtilement : s’il s’apprête à dire non au statut, c’est par un vertueux souci de parer des verdicts éventuellement iniques. À cause, selon lui, de la politisation du tribunal. Le tableau est donc bien plus compliqué que le fruste, le brutal, Don Corleone ne le pense. Le CPL n’est pas vraiment l’ami de l’ami de son ami local. Il l’a prouvé dans le temps quand il a renoncé, dans la Békaa, à des manifs pour le mazout. Parce que la presse officielle syrienne avait tenté de jeter de l’huile sur le feu, en appelant à une révolte de rue. À tout bout de champ, d’ailleurs, les aounistes se défendent d’être prosyriens. Mais, car il y a un mais énorme, on est quelque part forcément l’allié objectif de celui dont on partage les animosités. Ou les phobies : ainsi du Hamas et des radicaux sionistes qui sont pareillement contre la paix. La marge de manœuvre est étroite, délicate, quand on coopère sur des points importants, essentiels même, avec un axe auquel on affirme ne pas appartenir. D’autant que, moralement, on ne peut admettre les méthodes, le langage outrancier des partenaires. Heureusement, en quelque sorte, on n’a pas forcément à les dénoncer soi-même. Quand le camp d’en face s’abstient lui-même de le faire. Encore un exemple : le terme, clair, net et précis, de chantage. En dépit de la virulence des diatribes majoritaires contre le régime d’Assad ou contre les prosyriens, nul n’a encore utilisé ce vocable. Bien que de toute évidence, il ne s’agisse pas d’autre chose. Quand on vous menace de troubles, comme Damas l’a fait ouvertement. Ou de recourir à la rue, si l’on n’obtient pas un cabinet d’union. Comme le font tout aussi ouvertement les opposants du cru. Mais pourquoi cette retenue des majoritaires, pourquoi cette entorse à la franchise ? Parce que le mot de chantage a l’air d’être par trop infamant, et que personne ne veut aller si loin. Pour ne pas mettre en grave danger une paix civile déjà branlante. Ce qui est une excuse suffisante. Et même nécessaire. Encore qu’il faille faire attention à ses fréquentations, quand on est un Libanais distant des frères… Jean ISSA
– « Les amis de mes amis sont mes amis »
Le Parrain, Don Corleone

– « J’te fais une offre que tu peux pas refuser »
Le même Brando, qui brandit un calibre.

Un sigle : ANA. Aoun, Nasrallah, Assad. Un trio ? Pas du tout. Plutôt un triangle. Avec une certaine aire de jeu commune. Ensemble contre un même adversaire. Mais des angles (pas toujours obtus) distincts, voire opposés. Exemple : le tribunal international. Aoun ne demande que cela. Tandis qu’Assad n’en veut pas. Et que Nasrallah navigue entre les deux. Subtilement : s’il s’apprête à dire non au statut, c’est par un vertueux souci de parer des verdicts éventuellement iniques. À cause, selon lui, de la politisation du tribunal.
Le tableau est donc bien plus compliqué que le fruste, le brutal, Don Corleone ne le pense. Le CPL n’est pas vraiment...