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Actualités

Liban-Sud Michel Chiha, il y a 62 ans

Le VIIe appel des évêques maronites, rendu public mercredi dernier, a consacré une mention spéciale au Liban-Sud, exhortant notamment l’État à « prendre toutes ses responsabilités en main à l’égard des habitants du Sud sinistré et à œuvrer pour son développement en y créant des projets économiques susceptibles d’enraciner les habitants dans leur terre ». Il y a 62 ans, en véritable précurseur, Michel Chiha soulignait déjà, le 1er juin 1944, dans les colonnes du quotidien «Le Jour », que « Le Liban a des obligations envers le Sud comme il en a envers la Békaa, un peu trop abandonnés », affirmant que « le Liban-Sud n’est pas assez connu, pas assez aimé », et qu’il a « longtemps souffert d’une sorte de disgrâce ». Nous reproduisons aujourd’hui cet éditorial de Michel Chiha du fait que, 62 ans plus tard, il reste d’une brûlante actualité et, à l’instar de l’appel des évêques maronites, il met plus que jamais le doigt sur la plaie. Le petit cours d’eau sinueux au pied des ruines de Beaufort, le Litani aux eaux vertes qu’encadre la poussée sauvage des lauriers-roses, il faut l’aller voir en cette saison. C’est de la joie qui coule dans l’étroite vallée odorante. Et sur la montagne nue se dresse, comme aux jours d’autrefois, le vieux château ou seulement son ombre. L’histoire dans ce pays-là est incorporée au paysage. Chaque rocher est un souvenir, chaque bourgade un royaume. L’habitant d’aujourd’hui paraît indifférent, il est vrai, à cette grandeur. Le site est plus vivant que lui. Ce n’est qu’un peu plus loin qu’on trouve, sur la montagne, dans des demeures de pierre blanche couvertes de tuiles rouges, au milieu de quelque verdure, des visages émouvants. Mais tout cela est d’une austérité barrésienne qui fait évoquer le Greco et les environs de Tolède. Le Liban-Sud n’est pas assez connu, pas assez aimé. Il a longtemps souffert d’une sorte de disgrâce. Peut-être fatigué d’un passé retentissant, il s’était de lui-même comme retiré du monde. Petit à petit, depuis mille ans, on l’avait oublié... Ce pays qui est le Liban éternel, ce prolongement de notre montagne qui conduit aux pentes douces de la Galilée, ces confins de Tyr et de Sidon où résonnent encore des pas sacrés, il faut pour bien des raisons que nous y revenions avec notre âme. Il y a là pour tous les Libanais un devoir chaque jour plus impérieux. Notre « marche » du Sud paraît chaque jour plus importante, plus vitale. Le peuplement que d’autres voudraient y faire, c’est à nous de l’entreprendre. Les orangers qu’on peut y faire pousser, c’est à nous de les aligner le long d’une côte admirable. Et avec cela, maintes cultures qui sont possibles dans ces terres si convoitées. Le Liban a des obligations envers le Sud comme il en a envers la Békaa, un peu trop abandonnés l’un et l’autre. Nous avons pourtant à tirer du sol et de la nuit, dans l’une et l’autre provinces, une masse de richesses matérielles et spirituelles. Pour l’avenir du Liban, il convient que chacun ici le sache et s’en souvienne. Michel CHIHA 1er juin 1944
Le VIIe appel des évêques maronites, rendu public mercredi dernier, a consacré une mention spéciale au Liban-Sud, exhortant notamment l’État à « prendre toutes ses responsabilités en main à l’égard des habitants du Sud sinistré et à œuvrer pour son développement en y créant des projets économiques susceptibles d’enraciner les habitants dans leur terre ». Il y a 62 ans, en véritable précurseur, Michel Chiha soulignait déjà, le 1er juin 1944, dans les colonnes du quotidien «Le Jour », que « Le Liban a des obligations envers le Sud comme il en a envers la Békaa, un peu trop abandonnés », affirmant que « le Liban-Sud n’est pas assez connu, pas assez aimé », et qu’il a « longtemps souffert d’une sorte de disgrâce ». Nous reproduisons aujourd’hui cet éditorial de Michel Chiha du fait que, 62 ans...