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Les Libanais ressoudés dans le malheur À Beyrouth, les chiites viennent dormir dans les écoles chrétiennes

Lorsque Faten Fneich, une habitante du Liban-Sud, a entendu le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, annoncer que des jours difficiles attendaient les habitants de sa région, elle n’a pas hésité longtemps. Elle a ajusté son foulard, rassemblé ses cinq enfants et pris le chemin des régions chrétiennes. « Nous sommes venus ici parce que c’est une région chrétienne qu’Israël ne bombardera pas », explique cette mère de famille qui campe dans la cour d’une école du quartier de Karm al-Zaytoun, à Achrafieh. Comme des dizaines de milliers de chiites du Sud, l’offensive israélienne l’a contrainte à fuir son village, Maaraboun, pour se réfugier dans la capitale. L’école où elle a trouvé où dormir avec ses enfants est ornée d’un vieux portrait du président Béchir Gemayel, tué quelques jours après son élection en 1982 dans le sillage de l’invasion israélienne lancée pour chasser les Palestiniens du Liban. Il serre la main au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, libéré récemment après 11 ans en prison. Pour les chiites, ces deux personnages sont restés les symboles des combats qui ont ensanglanté le pays pendant les années de la guerre civile. Mais aujourd’hui, c’est sous leurs effigies, qui rappellent les années noires du Liban, que s’abritent ceux qui redoutent qu’elles ne reviennent. « C’est la première fois que nous avons osé venir dans un quartier chrétien », admet Labibeh Khorshid, serrée dans son voile traditionnel. « Au début, on avait l’impression d’être indésirables. Les gens nous jetaient des regards désapprobateurs ou faisaient des commentaires sur notre voile. Maintenant, tout va bien. On nous offre des vêtements, des médicaments, tout », assure-t-elle. « C’est le malheur qui nous unit », ajoute-t-elle, en serrant contre elle son fils de 10 ans, Tamer dont les yeux brillent de joie. « Quand les gens sont abandonnés à leur propre sort, ils peuvent vivre ensemble en paix et en harmonie. Ce sont les politiciens et les leaders qui suscitent les frictions », assure Labibeh. Les jumeaux Guevara et Fidel C’est cette conviction qui a inspiré deux jeunes volontaires, membres d’un mouvement laïc de gauche, à organiser dans cette école chrétienne l’accueil des déplacés chiites. Ils sont frères jumeaux, et s’appellent... Guevara et Fidel. « Un magasin près de l’école a refusé au début de servir les déplacés, explique Guevara, mais maintenant il offre gratuitement des glaces aux enfants. » Dans la cour de l’école, un homme dessine avec soin des caractères arabes sur le mur. Il veut ainsi remercier les résidents du quartier pour leur solidarité avec les déplacés du Liban-Sud. « Nous, les habitants du Sud... », disent les premiers mots de ce qui sera un poème de gratitude. La capitale, relativement épargnée par les raids et bombardements israéliens, s’est transformée en sanctuaire pour les déplacés, qui ont pris leurs quartiers dans les écoles et les jardins. Dans des villages chrétiens du Sud, épargnés par les raids, même les couvents ont ouvert leurs portes aux fuyards épuisés qui tentent d’échapper au bombardiers israéliens, en maraude dans le ciel du Liban. « L’année dernière, nous lancions des slogans hostiles les uns contre les autres », commente Hussein Ismaïl, 17 ans, qui se souvient des tensions entre les communautés libanaises après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et le départ des troupes syriennes du Liban. « Maintenant, nous nous aidons face à un ennemi commun. » Nayla RAZZOUK (AFP)
Lorsque Faten Fneich, une habitante du Liban-Sud, a entendu le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, annoncer que des jours difficiles attendaient les habitants de sa région, elle n’a pas hésité longtemps. Elle a ajusté son foulard, rassemblé ses cinq enfants et pris le chemin des régions chrétiennes.
« Nous sommes venus ici parce que c’est une région chrétienne qu’Israël ne bombardera pas », explique cette mère de famille qui campe dans la cour d’une école du quartier de Karm al-Zaytoun, à Achrafieh.
Comme des dizaines de milliers de chiites du Sud, l’offensive israélienne l’a contrainte à fuir son village, Maaraboun, pour se réfugier dans la capitale.
L’école où elle a trouvé où dormir avec ses enfants est ornée d’un vieux portrait du président Béchir Gemayel, tué quelques...