Pour de multiples raisons, la question palestinienne est le problème le plus envahissant, complexe et dangereux en ce qui concerne la politique étrangère américaine. C’est également le problème le plus difficile à résoudre car il est profondément mêlé de culpabilité, d’émotion et de peur, au point d’en être détaché de toute pensée rationnelle. Les Américains, qu’il s’agisse des officiels gouvernementaux ou des simples citoyens, se sentent libres de critiquer les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France sans avoir peur d’être accusés d’être opposés aux peuples de ces pays. Mais les non-juifs ont peur d’être accusés d’antisémitisme même s’ils se contentent de critiquer la politique intransigeante de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon. L’attitude américaine...
Actualités - OPINION
La Palestine, un problème dans la politique étrangère américaine
Par Gunther Dean John, le 04 mai 2006 à 00h00
Par John Gunther Dean*
Pour de multiples raisons, la question palestinienne est le problème le plus envahissant, complexe et dangereux en ce qui concerne la politique étrangère américaine. C’est également le problème le plus difficile à résoudre car il est profondément mêlé de culpabilité, d’émotion et de peur, au point d’en être détaché de toute pensée rationnelle. Les Américains, qu’il s’agisse des officiels gouvernementaux ou des simples citoyens, se sentent libres de critiquer les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France sans avoir peur d’être accusés d’être opposés aux peuples de ces pays. Mais les non-juifs ont peur d’être accusés d’antisémitisme même s’ils se contentent de critiquer la politique intransigeante de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon. L’attitude américaine est non seulement avilissante pour nous Américains, mais elle n’aide pas non plus Israël ou les juifs en général. Israël n’est plus, si elle l’a jamais été, une œuvre de bienfaisance de la part de la communauté internationale. Israël est un État nation puissant et riche. (…).
Comme n’importe quels autres États, Israël et l’Amérique ont des intérêts nationaux qui ne coïncident pas toujours. Pour que les citoyens de chaque partie puissent organiser et évaluer cette relation bilatérale, ils doivent nécessairement définir de manière rationnelle leurs intérêts et évaluer ce qu’ils sont prêts à faire pour les protéger.
C’est assurément ainsi que les Israéliens ont envisagé leurs relations avec les États-Unis. Quand Israël a vu un conflit entre ses objectifs et les nôtres, il a naturellement choisi les siens. L’Amérique a rarement procédé de même.
Au niveau du gouvernement, on prend de multiples précautions avec des problèmes qui ont pourtant sévèrement altéré les intérêts américains. Par exemple : l’invasion israélienne et l’occupation du Liban ont profondément troublé les relations entre les États-Unis et le reste du Moyen-Orient ; la politique israélienne envers les Palestiniens a stoppé le processus de paix et assurément nourri le terrorisme dirigé contre les États-Unis.
Nous avons fermé les yeux face à des événements contre lesquels nous nous serions élevés, éventuellement militairement, s’ils avaient été perpétrés par d’autres personnes en d’autres lieux. Les deux illustrations les plus fortes de ceci sont quand, en 1954, des agents israéliens ont mis le feu à une bibliothèque appartenant au gouvernement américain à Alexandrie dans une tentative d’altérer les relations égypto-américaines et quand, en 1967, la marine et l’aviation israéliennes ont tenté de couler un navire américain, le USS Liberty. Une attaque au cours de laquelle 75 soldats américains ont été blessés et 37 tués (…). Une telle attaque, si elle avait été perpétrée par n’importe quel autre pays du monde, aurait certainement provoqué une réaction militaire immédiate.
En dépit de nos problèmes fiscaux, les États-Unis ont également été une corne d’abondance pour Israël. Nous avons octroyé des aides à Israël ou accordé des prêts dont aucun remboursement n’était attendu, pour un montant de 100 milliards de dollars. Nous avons établi avec Israël des relations commerciales privilégiées (…). Nous avons également subventionné l’industrie militaire israélienne alors qu’Israël contournait la politique américaine en vendant des armes là où Washington essayait d’empêcher ce genre de commerce, comme en Chine par exemple.
Conscients du risque d’être taxés d’antisémitisme, les spécialistes américains du Moyen-Orient n’osent pas dire en public les conclusions de leurs études.
Les Israéliens agissent d’une manière bien plus égoïste et sécuritaire que les Américains. Alors que les Américains craignent de critiquer l’occupation israélienne de la Palestine, le fameux universitaire israélien, Avi Shlaim, a décrit de manière franche l’occupation israélienne avant le retrait unilatéral (…).
Conscient de disposer d’un chèque en blanc de la part des Américains, les Israéliens accordent peu d’intérêt aux tentatives de Washington visant à établir les conditions favorables à sa politique au Moyen-Orient.
Ce qui ne veut pas dire que les Israéliens sont à blâmer. Les Américains sont en effet les vrais fautifs. Les Israéliens agissent simplement rationnellement, en fonction de leurs intérêts. Ce sont les Américains qui agissent de manière irrationnelle. Un certain nombre d’Israéliens partagent cette analyse et redoutent que la faiblesse américaine profite surtout à l’extrême droite israélienne. À terme, ce sont les intérêts israéliens et la démocratie israélienne elle-même qui en subiront les conséquences.
* Profondément troublé par la politique américaine dans la région, John Gunther Dean, ancien ambassadeur américain notamment au Liban, a mis sur papier un certain nombre d’idées qu’il souhaite voir diffusées. Nous en avons publié ici de larges passages.
Par John Gunther Dean*
Pour de multiples raisons, la question palestinienne est le problème le plus envahissant, complexe et dangereux en ce qui concerne la politique étrangère américaine. C’est également le problème le plus difficile à résoudre car il est profondément mêlé de culpabilité, d’émotion et de peur, au point d’en être détaché de toute pensée rationnelle. Les Américains, qu’il s’agisse des officiels gouvernementaux ou des simples citoyens, se sentent libres de critiquer les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France sans avoir peur d’être accusés d’être opposés aux peuples de ces pays. Mais les non-juifs ont peur d’être accusés d’antisémitisme même s’ils se contentent de critiquer la politique intransigeante de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon. L’attitude américaine...
Pour de multiples raisons, la question palestinienne est le problème le plus envahissant, complexe et dangereux en ce qui concerne la politique étrangère américaine. C’est également le problème le plus difficile à résoudre car il est profondément mêlé de culpabilité, d’émotion et de peur, au point d’en être détaché de toute pensée rationnelle. Les Américains, qu’il s’agisse des officiels gouvernementaux ou des simples citoyens, se sentent libres de critiquer les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France sans avoir peur d’être accusés d’être opposés aux peuples de ces pays. Mais les non-juifs ont peur d’être accusés d’antisémitisme même s’ils se contentent de critiquer la politique intransigeante de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon. L’attitude américaine...
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