Les plus grands hommes d’affaires du Liban se sont engagés à partager leur expérience et à offrir leurs assistances techniques et financières aux jeunes entrepreneurs. C’est grâce à une quarantaine d’entre eux, et à l’initiative du ministre des Finances Jihad Azour, que « Bader » a ainsi vu le jour.
« Le but de “Bader” est de promouvoir l’esprit d’entreprise et de soutenir les jeunes étudiants et entrepreneurs libanais afin qu’ils deviennent pionniers dans leurs domaines », a déclaré hier le président de l’organisation, Robert Fadel, à l’occasion du lancement officiel de l’organisation hier à la villa Sursock.
« Nous avons pris cette initiative afin de remettre le Liban sur les rails après qu’il eut été longtemps mis à l’écart dans l’évolution mondiale », a souligné Neemat Frem, membre de l’organisation, et directeur administratif d’Indevco.
À son tour, Salah Osseiran a révélé qu’une étude réalisée par la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture évalue le taux de chômage entre 8 et 10 % de la population active. « Ces chiffres sont loin de refléter la gravité de la situation de l’emploi au Liban, puisqu’une très grande majorité des jeunes a émigré », a-t-il marqué dans son intervention. Selon lui, « Bader » veut donc, dans la limite du possible, résorber le phénomène de la fuite des cerveaux.
La vision de « Bader »
Une des missions prônées par les fondateurs de cette organisation sera de sensibiliser les jeunes à l’importance de l’entrepreneuriat. Cette campagne sera ainsi principalement menée auprès des jeunes dans les différentes universités à travers des « road show ».
L’organisation s’engage également à former les jeunes en recrutant les meilleurs et en les embauchant dans les entreprises gérées par les membres de « Bader ».
Une compétition sera également lancée en septembre par l’université américaine MIT pour récompenser le « meilleur business plan ».
Cette compétition sera l’occasion de faire profiter les jeunes Libanais des expériences des institutions mondiales.
Mais la sensibilisation n’est pas la seule mission de l’organisation.
M. Fadel a ainsi mis en exergue un obstacle majeur auquel font face les jeunes entrepreneurs libanais : le financement.
« Les moyens de financement traditionnels, via les banques ou les emprunts, dissuadent souvent les entrepreneurs à se lancer dans de nouveaux projets. Nous cherchons à introduire sur le marché libanais le concept de fonds d’investissement de capital-risque », a-t-il expliqué.
La création de ce fonds d’investissement est prévue pour janvier 2007. Ce fonds, qui sera géré par un groupe international de financement des capitaux-risques, assistera les PME dans leurs différentes phases.
Ces entreprises bénéficieront, dans ce cadre, de l’assistance et du savoir-faire d’instituts tels que Berytech et Kafalat.
Berytech, dotée d’un budget annuel de 0,5 million de dollars, assure ainsi des incubateurs pour les « start-ups », à son siège à la faculté de génie de l’Université Saint-Joseph.
Une assistance technique et des conseils seront également fournis sur une période de six mois ; l’entreprise pourra ensuite choisir de garder ses bureaux à cet emplacement (l’ESIB), surtout que les loyers sont à des prix préférentiels.
Le directeur de Beyrtech, Maroun Chammas, a ainsi profité du lancement de « Bader » pour annoncer un projet de création de quatre nouveaux incubateurs qui couvriront l’ensemble du territoire libanais.
D’un autre côté, l’activité de Kafalat s’inscrit également dans le cadre de cette initiative.
Kafalat a récemment introduit de nouvelles formules de garanties qui seront gérées en collaboration avec le Fonds d’investissement européen. Le premier consiste à offrir un crédit qui peut aller jusqu’à 400 000 dollars avec une garantie de 85 %. Mais ce programme sera évidemment plus exigeant en matière de documents et de fonds propres que son prédécesseur traditionnel. Le deuxième programme vise les « start-ups innovatrices ». L’entreprise doit impérativement offrir un produit nouveau et faire preuve de créativité. Le plafond de financement d’un tel projet est de 200 000 dollars et s’étend sur 5 ans.
L’organisation et l’État
Par ailleurs, l’organisation vise à établir un partenariat avec l’État à travers sa collaboration avec les ministères de l’Économie et du Commerce, et le ministère des Finances.
« Le partenariat entre le privé et le public est crucial », a martelé le PDG de Dar el-Handasa, également membre de « Bader », Tala el-Chaer.
L’organisation vise à travers cette collaboration à diminuer les formalités qui pèsent lourd sur le fonctionnement des entreprises et rendent réticents les jeunes entrepreneurs.
À ce niveau, Salah Osseiran a repris la parole pour mettre l’accent sur les lacunes législatives.
« Il est primordial d’amender la loi sur le travail qui entrave souvent les recrutements, il est aussi nécessaire de revoir les lois sur l’embauche et le licenciement », a-t-il commenté.
À la question de savoir si ce projet ne revêt pas un cachet néolibéral, le ministre de l’Économie, Sami Haddad, a rétorqué « Notre but est de créer des emplois, le privé est en train de prendre la relève après les échecs répétés des institutions publiques ; si c’est ça être libéral, je suis alors le roi du libéralisme. »
Magali GHOSN
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« Le but de “Bader” est de promouvoir l’esprit d’entreprise et de soutenir les jeunes étudiants et entrepreneurs libanais afin qu’ils deviennent pionniers dans leurs domaines », a déclaré hier le président de l’organisation, Robert Fadel, à l’occasion du lancement officiel de l’organisation hier à la villa Sursock.
« Nous avons pris cette initiative afin de remettre le Liban sur les rails après qu’il eut été longtemps mis à l’écart dans l’évolution mondiale », a souligné Neemat Frem,...