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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Jusqu’au samedi 15 avril, au « Dôme du City Center » (place des Martyrs) « Waynoun », ou la mémoire en apesanteur

Invitée par les associations des familles de disparus à faire un travail marquant la date du 13 avril, Nada Sehnaoui signe une installation au « Dôme City Center ». Une démarche artistique qui s’inscrit dans le cadre de l’événement baptisé « Tinzakar ma tinaad ». Certainement sur la mémoire mais aussi sur la rédemption. 13 avril 1975. Une date inoubliable dans l’histoire du Liban. Une date, pourtant, que responsables et population s’acharnent à oublier. « Ressusciter les morts des tombeaux de l’oubli, raconter leur histoire et connaître les raisons de ces disparitions. » Trois revendications du comité de réconciliation d’Afrique du Sud pour connaître la vérité sur les massacres (elle revient de droit aux morts) et enclencher un processus d’amnistie. Une sorte de pardon collectif issu des coutumes africaines ancestrales et que le président Nelson Mandela avait institué pour éviter toute vendetta. Avant d’entreprendre cette démarche artistique dépouillée, Nada Sehnaoui s’interroge puis s’approprie ces revendications et les accroche sur les murs lézardés à l’entrée de la bâtisse. Comment ? Comment peut-on tourner la page ? Comment aller de l’avant si le peuple n’a pas réglé des comptes…avec sa mémoire ? Puis pourquoi ? Pourquoi n’avoir pas fait comme l’Afrique du Sud ? Cette initiative qui met la victime et le bourreau face à face pour que l’un demande à haute voix l’absolution de ses crimes et que l’autre panse ses blessures. L’artiste n’est pas à son premier travail sur la mémoire. Depuis quelques années, elle intensifie les actions et multiplie les activités artistiques qui s’articulent autour de ce thème. Pour preuve, ces œuvres picturales et les installations comme celles de 2003 et 2004 à Byblos et sur la place des Martyrs. Bardée de diplômes (historienne, sociologue, cinématographe, entre autres), l’artiste est un maillon indispensable dans la vie artistique du pays. Une fois de plus, elle œuvre pour rendre hommage à ces oubliés, ces marginaux de la vie qui n’ont même pas eu droit à une sépulture. Trois mille noms recensés (reconnus disparus par l’État), répertoriés ; des vies castrées et des destins décimés. Pour Nada Sehnaoui, c’est un travail laborieux qui nécessitera plus de deux mois. Et au bout du compte, ces murs sentant le moisi et le faisandé où défilent trois mille noms. Tantôt seuls, tantôt en famille, ce sont des vies humaines qui se déroulent, telle la pellicule d’un film sur une bande en plastique transparente. Sur le sol, cinq cents photos de disparus. Elle les a collées sur de grands ballons noir et blanc de façon à conjuguer l’ombre et la lumière et à ne pas distinguer les disparités de chacun. En fond sonore, une interrogation qui revient toujours : « waynoun ? » (où sont-ils ?). Ces ballons sont fixés au sol. Pour ne pas laisser s’envoler ces tristes souvenirs ? Pour les fixer à jamais et mieux reconstruire ? Les interprétations sont nombreuses. En zigzaguant entre ces ballons comme pour surfer dans les circonvolutions de la mémoire, chacun se sera souvenu et aura rendu hommage à ces personnes oubliées. Plus haut, au second étage, une installation signée Tania Bakalian (Tanbak). Dans ce canevas géant, les portraits croqués se côtoient, diaphanes et évanescents. Rattachés par un fil qui évoque Pénélope attendant Ulysse, toutes ces Pénélopes libanaises sont dans l’attente d’un signe. Colette KHALAF
Invitée par les associations des familles de disparus à faire un travail marquant la date du 13 avril, Nada Sehnaoui signe une installation au « Dôme City Center ». Une démarche artistique qui s’inscrit dans le cadre de l’événement baptisé « Tinzakar ma tinaad ». Certainement sur la mémoire mais aussi sur la rédemption.
13 avril 1975. Une date inoubliable dans l’histoire du...