Les grandes lignes du programme de réformes économiques, qui sera présenté à la conférence de soutien au Liban, Beyrouth I, sont loin de faire l’unanimité. L’expert économique chevronné, Marwan Iskandar, a mis en exergue hier, lors d’un point de presse, l’importance de la tenue de cette conférence dans la revitalisation de l’économie libanaise, mais il a remis en question certaines mesures préconisées.
« Depuis une dizaine d’années, les gouvernements qui se sont succédé ont tablé sur une croissance de 5 %, or ceci s’avère être une mission impossible avec la dette actuelle et son service, d’où la nécessité de la tenue de Beyrouth I », a estimé Marwan Iskandar.
Il a ajouté que l’avantage de cette conférence par rapport aux précédentes est que trois nouveaux pays se sont engagés à soutenir le Liban : la Russie, la Chine et les États-Unis.
Cependant, pour l’expert, le volet fiscal du plan de réforme économique est mal adapté au cas libanais.
Une des propositions du programme est une hausse de l’impôt sur les intérêts des dépôts bancaires de 5 à 8 %.
Pour Marwan Iskandar, cette mesure aura des retombées très néfastes sur une économie dont la valeur du secteur bancaire vaut trois fois le produit intérieur brut (PIB).
« Le secteur bancaire libanais est actuellement en plein boom local mais aussi régional, cette mesure aura pour effet de dissuader les Libanais de déposer dans les succursales locales et d’opter pour les branches régionales », a-t-il martelé.
Sur la hausse de la TVA, il s’est demandé comment un pays avec une conjoncture économique pareille peut supporter une telle hausse.
« L’économie libanaise a besoin de politiques de soutien et non de politiques de pression », a-t-il estimé.
M. Iskandar prône une hausse de la TVA, mais combinée à une série de baisses ou même d’exonérations d’impôts. Et cela afin d’équilibrer l’économie sans l’étouffer et d’augmenter la productivité des entreprises libanaises.
L’État et la privatisation
« Toute institution gérée par l’État est vouée à l’échec », s’est-il insurgé, estimant que la mainmise de l’État sur les institutions économiques-clés empêche la hausse de la productivité des employés.
Même si l’État ne détient qu’une faible part dans ces groupes, son intervention est très pesante, à l’image du Casino, d’Intra Investment et de la MEA, a-t-il ajouté.
Selon lui, la privatisation est une étape-clé dans le processus de sauvetage de l’économie libanaise, mais cette démarche, depuis que l’État libanais s’est engagé à l’entreprendre, a souvent fait preuve d’échec. Il estime que l’historique de l’État dans ses engagements pour les réformes n’a été que décevant.
Un manque de vision de croissance, des institutions avec des milliers d’employés fictifs, une lourde bureaucratie, une informatisation presque inexistante dans beaucoup d’institutions publiques comme la CNSS… Pour toutes ces raisons et bien d’autres, Marwan Iskandar considère que le rôle de l’État doit être inéluctablement réduit.
« Les engagements sur les réformes économiques ne doivent pas juste être liées à Beyrouth I, ces réformes sont une nécessité nationale pour ressusciter le pays », a-t-il-conclu.
Magali GHOSN
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats Les grandes lignes du programme de réformes économiques, qui sera présenté à la conférence de soutien au Liban, Beyrouth I, sont loin de faire l’unanimité. L’expert économique chevronné, Marwan Iskandar, a mis en exergue hier, lors d’un point de presse, l’importance de la tenue de cette conférence dans la revitalisation de l’économie libanaise, mais il a remis en question certaines mesures préconisées.
« Depuis une dizaine d’années, les gouvernements qui se sont succédé ont tablé sur une croissance de 5 %, or ceci s’avère être une mission impossible avec la dette actuelle et son service, d’où la nécessité de la tenue de Beyrouth I », a estimé Marwan Iskandar.
Il a ajouté que l’avantage de cette conférence par rapport aux précédentes est que trois nouveaux pays se sont engagés à soutenir...