Dans le cadre régional et international actuel, la bonne gouvernance n’est plus un luxe prôné par un nombre de gouvernements occidentaux, mais demeure une nécessité pour garantir un développement économique durable.
« Nous assistons actuellement, dans notre région et plus spécifiquement au Liban, à une mutation radicale dans les systèmes en vigueur, l’implantation des systèmes de bonne gouvernance demeure une priorité », a martelé le ministre des Finances, Jihad Azour.
Des directeurs et représentants d’institutions publiques spécialisées dans la formation des fonctionnaires du secteur public dans la région MENA, ainsi que des représentants d’écoles d’administration publiques européennes et un nombre d’experts en bonne gouvernance ont entamé hier une série de débats, à l’Institut des finances, afin de jeter les bases d’une coopération régionale en matière de bonne gouvernance.
Désormais, cette dernière passe inéluctablement par la formation du fonctionnaire ou de l’employé afin qu’il véhicule le mieux possible les valeurs de responsabilités professionnelles et augmente sa capacité administrative et technique.
Le capital humain
Un néophyte de l’ultranéolibéralisme avait parfaitement exprimé ce concept en disant :« La personne devient une entreprise. »
La formation et le développement du capital humain demeurent ainsi le premier souci des institutions publiques et privées.
Le ministre des Finances a appelé ainsi à augmenter les investissements ainsi que les dépenses sur le capital humain.
« Je propose la création d’un réseau régional d’instituts de formation afin d’accroître les capacités humaines dans le public et le privé », a-t-il ajouté.
De son côté, Omar Razzaz, représentant de la Banque mondiale au Liban, a mis en garde contre la transposition aveugle des modèles réussis de formation.
« Il est nécessaire de créer une stratégie de long terme dans le processus de formation et d’apprentissage qui sera adaptée aux spécificités du cadre local », a-t-il insisté.
Il a souligné la nécessité de tabler sur le capital humain en mettant en exergue les retombées déplorables du consensus de Washington.
« Une fois le communisme éradiqué, le capitalisme s’est pris à bomber le torse et, vers la fin des années quatre-vingt, il a dicté des directives de politique économique à suivre obligatoirement telles que la privatisation. Ces directives ont délaissé le développement du capital humain et n’ont fait preuve que d’échec » a-t-il expliqué.
Le directeur des relations internationales à l’École nationale d’administration (ENA) en France, Philipe Bastelica, a partagé, pour sa part, l’expérience de son pays dans la formation des fonctionnaires qui leur permettra d’influer sur la prise de décision ainsi que sur les engagements de l’État.
Obstacles
En revanche, la formation se heurte à des rigidités institutionnelles, financières, mais aussi culturelles.
Le défi est de taille. Le financement des formations pose problème à de nombreux pays surtout en développement.
Mais c’est surtout l’absence « d’une culture de formation » qui entrave son développement.
« C’est la peur du changement qui bloque les institutions à s’ouvrir à ce changement d’attitude », a déploré Abdallah al-Homidan, de l’Institut d’administration publique en Arabie saoudite.
La réticence vient surtout des cadres supérieurs qui sont moins ouverts à la participation à des séminaires de formation.
« La réticence est partout, l’information est d’autant moins un réflexe que nous montons dans la hiérarchie », a regretté M. Bastelica.
Mais le représentant d’une société de logiciels pour le management, «Mind Master», a estimé que si l’application des formations commence du bas de la hiérarchie et qu’elle fait preuve de succès, les hauts cadres seront incités à entreprendre la même démarche.
« Chacun aime s’associer à une success story », a-t-il conclu.
Magali GHOSN
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats