Le champion du monde Fernando Alonso (Renault) a entamé la saison 2006 comme il avait terminé la précédente, sur les chapeaux de roue, et a remporté hier un Grand Prix de Bahreïn de Formule 1 très animé, en particulier par son duel avec Michael Schumacher (Ferrari). Le directeur de l’écurie, Flavio Briatore, avait prévenu : Bahreïn, premier GP de la saison 2006, est pour Renault « le 20e Grand Prix du championnat 2005 » qui s’était terminé en Chine en octobre sur une victoire d’Alonso et le doublé au championnat du monde pilotes et constructeurs pour l’écurie au losange. Effectivement, le Grand Prix de Bahreïn a eu des airs de déjà-vu : victoire d’Alonso au volant d’une Renault R26 manifestement aussi redoutable que son aînée R25, et problèmes mécaniques sur la McLaren-Mercedes de Kimi Raikkönen, obligeant le Finlandais à s’élancer de la dernière position sur la grille pour effectuer une remontée inimaginable jusqu’à la troisième marche du podium. Seule différence, mais de taille, avec la saison passée : le retour au premier plan de Ferrari. Michael Schumacher avait réussi la pôle position samedi et il s’est intercalé entre la Renault d’Alonso et la McLaren-Mercedes de Raikkönen à l’arrivée hier. Réflexe « J’ai réussi un bon départ et ensuite il était plus facile de réfléchir à la stratégie de course », a commenté Alonso, qui pointait en deuxième position derrière Schumacher après quelques virages alors qu’il était parti de la quatrième place sur la grille. « Au début, Michael (Schumacher) était trop rapide, il n’y avait rien à faire », a-t-il poursuivi. Un freinage tardif de Felipe Massa faillit cependant coûter cher à Alonso qui, dans un réflexe époustouflant, parvint à freiner et, d’un léger coup de volant, éviter la Ferrari en perdition qui lui passait sous le nez, les quatre roues bloquées ! « Ce fut très juste, a commenté l’Espagnol. Une fraction de seconde, je me suis dit qu’il allait me percuter, mais c’est passé... à 50 cm près. » La victoire entre Alonso et Schumacher s’est jouée lors de leur second ravitaillement. L’Espagnol a retardé le sien de trois tours par rapport à Schumacher et s’est retrouvé à côté de la Ferrari en sortant de la voie des stands ! Mais placé à l’intérieur, il est parvenu à prendre l’avantage sur Schumacher au freinage pour ensuite contrôler le dernier relais sans être réellement inquiété. « Honnêtement, si l’on considère où l’on était l’an dernier, 2e aujourd’hui c’est bien », a déclaré l’Allemand en référence à l’incapacité de Ferrari de défier Renault et McLaren en 2005. Révélation Alors que Jenson Button démontrait le potentiel de sa Honda en prenant deux fois le meilleur sur la McLaren-Mercedes de Juan Pablo Montoya – ce qu’il n’a jamais réussi à faire ensuite avec Raikkönen –, que Nick Heidfeld (BMW Sauber) et David Coulthard (Red Bull-Ferrari) se livraient à une lutte sauvage qui faillit se terminer en accrochage. Raikkönen se frayait un passage dans cette jungle. « Le plus important pour moi est d’avoir démontré que la voiture était rapide, cette troisième place est le meilleur résultat que je pouvais obtenir aujourd’hui », a commenté le Finlandais. Parti de la 22e place sur la grille, il en a gagné huit dans le seul premier tour ! Ensuite, malgré le surpoids de sa monoplace dû à l’important volume de carburant embarqué, il a magnifiquement exploité sa stratégie décalée à un seul ravitaillement contre deux pour ses principaux concurrents. À n’en pas douter, le trio sur le podium de Bahreïn sera difficile à battre cette saison. Mais Sakhir a également révélé le jeune Nico Rosberg qui, pour son premier GP de F1, a marqué deux points, signé le meilleur tour en course et réussi une remontée formidable de la dernière à la 7e place. Pris dans un accrochage au départ, l’Allemand (20 ans) a été obligé de rentrer au stand changer le nez de sa Williams-Cosworth à l’issue du premier tour avant de faire preuve d’un sacré tempérament et d’une belle autorité pour remonter le peloton à coups de volant. Le digne fils de son père Keke, champion du monde de F1 en 1982.