L’Union européenne reste ferme sur les conditions qu’elle a posées au Hamas pour continuer à financer le gouvernement palestinien, et les 25 ont commencé hier à réfléchir aux aides qu’ils pourraient supprimer au cas où ces conditions ne seraient pas remplies. « Nous voulons rester un partenaire fiable, mais nous n’allons pas assouplir nos principes », a déclaré la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, en marge d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Salzbourg (Autriche). « La position du nouveau gouvernement sur la violence, sur la reconnaissance d’Israël et des accords existants comme la “feuille de route” reste absolument cruciale », a-t-elle insisté. « Sans une déclaration qui nous satisfasse, nous ne pourrons pas travailler avec un gouvernement dirigé par le Hamas », a renchéri le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. Jusqu’ici, l’UE refusait de spéculer sur ce qu’il adviendrait de l’aide de Bruxelles – près de 250 millions d’euros annuels – au cas où le Hamas jouerait un rôle important dans le nouveau gouvernement palestinien sans remplir les conditions d’arrêt de la violence et de reconnaissance de l’État d’Israël. Maintenant que les négociations ont commencé entre le Hamas et le Fateh, le parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, pour former un gouvernement de coalition, les responsables européens reconnaissent qu’il faut bien se poser la question de l’avenir de cette aide sans changement de la position du Hamas. Hier à Salzbourg, les ministres européens des Affaires étrangères se sont vu remettre un document dressant la liste de toutes les aides actuellement versées par Bruxelles aux Palestiniens, et précisant les bénéficiaires de chaque forme d’aide. Grâce à cette liste, les ministres pourront utiliser les semaines qui restent jusqu’à la formation du gouvernement pour réfléchir aux formes d’aide qu’il serait « le plus difficile de poursuivre », a ajouté cette source. Le ministre français Philippe Douste-Blazy a confirmé que les ministres avaient évoqué hier des « mécanismes nouveaux, qui pourraient être ciblés », mais qu’on ne pouvait pas limiter l’aide européenne aux Palestiniens aux seuls financements des projets gérés par les ONG et les agences de l’ONU. Cette question du maintien de certaines catégories d’aides et de la suppression d’autres – l’UE préférerait réduire les aides directement destinées à l’Autorité palestinienne, et maintenir celles qui touchent directement la population – devrait être au cœur des entretiens que Mahmoud Abbas aura mercredi et jeudi avec les responsables européens, à Strasbourg et Bruxelles. Par ailleurs, une délégation du Hamas conduite par le chef de son bureau politique, Khaled Méchaal, est arrivée hier en Arabie saoudite pour une visite visant à obtenir un soutien politique et financier du royaume wahhabite. Le Hamas compte réclamer la poursuite de l’aide financière de Ryad aux Palestiniens et lui demander de contribuer à faire adopter une position positive vis-à-vis du mouvement intégriste lors du prochain sommet arabe de Khartoum. L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, est en effet l’un des principaux bailleurs de fonds de l’Autorité palestinienne. Plus tôt, Khaled Mechaal avait declaré que le Hamas est prêt à recevoir des fonds « de tous les pays du monde », mais n’acceptera pas d’aide financière « conditionnelle », notamment de certains pays occidentaux, tentant de lier leurs subsides à « des concessions politiques », dit-il.