Au deuxième round du dialogue national, les problèmes sérieux commencent. Si, au cours des trois premiers jours, les différents protagonistes ont appris à faire connaissance, survolant tous les sujets, avec une volonté évidente de ne fermer aucune porte et de montrer un esprit positif à toute épreuve, depuis hier, ils ont commencé à entrer dans les détails, développant chaque point...
Actualités - ANALYSE
Nasrallah aurait affirmé ne pas vouloir faire du Sud un « nouvel Hanoi » Accord sur les grandes lignes, mais divergences sur les détails au deuxième round du dialogue
Par HADDAD Scarlett, le 07 mars 2006 à 00h00
Au deuxième round du dialogue national, les problèmes sérieux commencent. Si, au cours des trois premiers jours, les différents protagonistes ont appris à faire connaissance, survolant tous les sujets, avec une volonté évidente de ne fermer aucune porte et de montrer un esprit positif à toute épreuve, depuis hier, ils ont commencé à entrer dans les détails, développant chaque point avec sérieux et franchise. Des sources proches du président de la Chambre Nabih Berry affirment que les participants au dialogue ont été eux-mêmes surpris par leur facilité à discuter sans tabous de tous les sujets, et surtout par la bonne volonté montrée au cours des échanges qui n’ont jamais pris une tournure discourtoise.
D’ailleurs, le climat dans l’enceinte du Parlement a rejailli sur l’ensemble du pays, où les citoyens semblent soulagés. Apparemment, l’angoisse sécuritaire s’est dissipée, et si les leaders de ce pays ne parviendront pas à s’entendre sur tous les points, ils auront au moins réussi à se réunir ouvertement dans un lieu officiel, sans qu’il y ait le moindre incident sécuritaire, alors que depuis quelques mois, la plupart d’entre eux se terraient chez eux et ne se déplaçaient que dans le plus grand secret. Ils prennent même la peine de se promener à ciel ouvert dans un centre-ville, fermé certes à la circulation, mais devenu tout de même pour eux un espace de liberté. Certains d’entre eux ont même passé plusieurs nuits à l’hôtel au centre-ville, dans un emploi du temps connu. Seul Hassan Nasrallah reste insaisissable, apparaissant et disparaissant sans que personne ne sache comment.
Les sources proches du président de la Chambre affirment que les séances des trois premiers jours ont montré que les différents protagonistes ont décidé de ne refuser aucun sujet et de ne pas avoir de position tranchée. Autrement dit, aucune des parties n’a déclaré : « Voilà mon opinion et, pour moi, ce sujet est clos. » Au contraire, tout est soumis à la discussion et c’est là l’esprit du dialogue, où chacun est prêt à écouter l’autre. Mais cela ne signifie pas que les problèmes sont résolus, loin de là.
Si le thème de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri a fait l’objet de l’unanimité des présents, tous les autres sujets restent un objet de conflit. Toutefois, selon des sources proches de Berry, son exposé documenté et doté de preuves concrètes sur la libanité des fermes de Chebaa a favorablement impressionné les présents. Ces sources affirment avoir bon espoir que ce problème soit réglé dans les plus brefs délais, dans le sens de la reconnaissance de la libanité de ces fermes et de l’envoi des documents prouvant cette libanité aux Nations unies, sans attendre l’accord de la Syrie. Celle-ci devra à ce moment protester devant la communauté internationale… ou accepter ce fait.
Restent les autres thèmes qui demeurent tous litigieux.
Les sources proches du président de la Chambre affirment que le secrétaire général du Hezbollah a fait preuve d’une grande sagesse dans ses positions sur les armes de la Résistance. Il aurait ainsi assuré à ses interlocuteurs que « le Sud ne sera pas un nouvel Hanoi ». Il aurait aussi précisé que ce qui compte pour la Résistance, c’est l’établissement d’une stratégie claire de défense du Liban. À partir de là, le problème des armes ne sera plus un sujet de discorde. Il aurait aussi répété ce qui figure déjà dans le document d’entente établi avec le CPL, sur la nécessité de libérer les fermes de Chebaa et sur celle de libérer les détenus libanais dans les geôles israéliennes. Ce qui aurait permis au général Aoun de rappeler qu’en entamant des négociations avec le Hezbollah, le CPL allait donc dans la bonne direction. Le général Aoun aurait ainsi abondé dans le sens de Nasrallah sur l’établissement d’une stratégie claire pour défendre le Liban contre les agressions israéliennes. Et comme pour appuyer ses dires, les présents ont alors entendu le vrombissement des avions israéliens, survolant la capitale.
Des armes de la Résistance, les participants au dialogue sont passés au sujet qui semble être le plus à l’ordre du jour : celui de la présidence de la République. Là aussi, il n’y a pas eu de positions tranchées, mais une façon détournée de fixer des limites au dialogue. Selon certains participants, Nasrallah aurait commencé par faire l’éloge du président Émile Lahoud, « un fervent défenseur de la Résistance », s’arrêtant sur certaines étapes et faits concrets. Il aurait ensuite dressé le portrait-robot du président qui devrait être élu à la tête de l’État, et ce portrait correspondait point par point à celui d’Émile Lahoud. Comme on le lui faisait remarquer, il aurait ajouté : « De la même façon que vous sentez qu’un revolver syrien est pointé sur votre tempe, je peux dire qu’il y en a deux pointés sur les miennes, un revolver israélien et un autre américain. Si nous voulons un président qui gouverne tout le Liban, il faut qu’il puisse écarter tous ces revolvers de nos tempes. C’est par là que nous devons commencer. »
Saad Hariri, Samir Geagea, Boutros Harb et les autres avaient des points de vue différents. Et sur ce thème, les divergences portent aussi bien sur les caractéristiques du futur président que sur la manière de pousser Lahoud à la démission.
Selon les sources proches de Berry, ce thème, lié à celui des armes de la Résistance, risque de prendre encore beaucoup de temps. Et si, en fin de compte, les protagonistes ne parviennent pas à un accord clair, ils auront en tout cas pavé la voie à un rôle arabe dans ce domaine.
« Le dialogue a été enclenché, précisent ces sources. Il vaut mieux aller à la vitesse des tortues, plutôt que de courir comme des lièvres et rater le but. »
Ce qui compte en définitive, c’est qu’une énergie positive a rejailli sur tout le pays, grâce à ce dialogue « made in Lebanon ».
Scarlett HADDAD
Au deuxième round du dialogue national, les problèmes sérieux commencent. Si, au cours des trois premiers jours, les différents protagonistes ont appris à faire connaissance, survolant tous les sujets, avec une volonté évidente de ne fermer aucune porte et de montrer un esprit positif à toute épreuve, depuis hier, ils ont commencé à entrer dans les détails, développant chaque point...
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