« L’armée réprimera tout élément subversif
quelle que soit son appartenance »
Le vice-président du Conseil et ministre de la Défense, Élias Murr, s’est expliqué hier sur les propos qu’il avait tenus lors de son intervention en Conseil des ministres mercredi dernier, soulignant que certaines phrases avaient été rapportées partiellement. M. Murr, qui s’exprimait à l’issue d’un entretien à Bkerké avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a en outre affirmé que le chef de l’État, Émile Lahoud, quitterait son poste en cas d’accord entre toutes les parties sur un successeur « capable ».
Interrogé sur les interprétations qui ont été faites de son intervention, M. Murr a expliqué que ses propos ont été rapportés le lendemain en détails par la presse, mais que certaines phrases avaient été citées de façon partielle, ce qui a eu pour effet d’en modifier la signification.
« J’avais dit par exemple : “Comment peut-on accuser le président Émile Lahoud d’être à la tête du système policier alors que, le jour de l’attentat contre moi, il me disait : Quitte le pays parce que je ne pourrai pas te protéger ?” Or c’est la deuxième partie de la phrase qui a été rapportée », a indiqué M. Murr.
« J’avait dit aussi au président : “Vous ne pouvez être noir ou blanc avec vos alliés pendant qu’eux sont gris avec vous. Je sais que vous comptiez les jours jusqu’à la fin de votre mandat. Je sais aussi que dans le fond, vous ne vouliez pas de la prorogation. Pour cela et dans ce climat qui n’est pas propice à vos positions, il serait plus digne de partir.” Il n’est resté de ma phrase que le passage “il serait plus digne de partir”. Pour ma part, je maintiens mes propos mais dans leur intégralité et non de façon partielle. »
À la question de savoir si, comme certains l’ont cru, il se serait mis par avance d’accord avec le chef de l’État sur la teneur de l’intervention, afin de couper l’herbe sous les pieds des autres ministres, M. Murr a répondu : « J’étais le dernier à parler, après les ministres du 14 Mars, ceux du 8 Mars et le chef de l’État. Je n’ai coupé l’herbe sous les pieds de personne, j’ai simplement exprimé mes convictions. En vérité, je n’ai pas l’habitude de coordonner ou de définir mes prises de position avec quiconque. »
Interrogé sur ce que sera l’attitude de l’armée le 14 mars prochain, le ministre de la Défense a déclaré : « Ce sera comme tous les autres jours. L’armée est une partie du peuple et sa composition est similaire à celle du pays dans tous ses courants et toutes ses régions. Sa mission est claire : elle consiste à assurer la sécurité des citoyens et la liberté d’expression. Voilà ce qui s’est passé les 8 mars 2005, 14 mars 2005 et 14 février 2006. En tant que ministère de la Défense, commandement et état-major de l’armée, nous ne serons jamais pour une fraction contre l’autre. »
« Lorsque les regrettables incidents d’Achrafieh se sont produits, j’étais hospitalisé et j’ai pu voir ce qui s’était passé à la télévision. Cela ne se répétera plus. Aujourd’hui, il y a une coordination claire et une stratégie entre l’armée et les FSI, et chacun connaît son rôle et sait où et quand il doit intervenir », a-t-il ajouté.
« L’armée fera face à toute tentative de déstabilisation et réprimera tout élément subversif quelle que soit son appartenance », a-t-il encore dit.
Sur le point de savoir pourquoi le chef de l’État n’a pas répliqué à son intervention en Conseil des ministres, M. Murr a dit : « Il n’a pas répliqué parce que je ne l’avais pas attaqué. J’ai dit que je n’étais ni du camp du 14 Mars ni de celui du 8 Mars. Mes propos n’étaient pas dirigés contre le président, mais allaient dans le sens de l’intérêt général et du sien propre. »
Sur les intentions de M. Lahoud, il a affirmé qu’il « ne reste pas à Baabda pour le simple plaisir d’y rester ». « La question est très simple. S’il y a un accord entre tous sur un successeur capable en premier lieu d’assurer ce qui est fondamental, c’est-à-dire la stabilité du pays, le chef de l’État ne resterait pas une minute de plus. Mais il ne confierait pas le poste à un individu qui n’aurait pas cette capacité », a-t-il souligné.
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