Argent sale, achat des consciences, contrôle des médias (et parmi eux L’Orient-Le Jour), campagne de désinformation orchestrée par la majorité parlementaire et les puissances alliées à Israël … Tout cela figurait noir sur blanc, hier, dans la réponse du président Émile Lahoud à ma lettre ouverte de samedi dernier, l’exhortant à démissionner de ses fonctions. C’est...
Actualités - OPINION
L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB Retours de courrier
Par Issa GORAIEB, le 28 février 2006 à 00h00
Argent sale, achat des consciences, contrôle des médias (et parmi eux L’Orient-Le Jour), campagne de désinformation orchestrée par la majorité parlementaire et les puissances alliées à Israël … Tout cela figurait noir sur blanc, hier, dans la réponse du président Émile Lahoud à ma lettre ouverte de samedi dernier, l’exhortant à démissionner de ses fonctions. C’est volontiers, pourtant, que nous prenons acte de la mise au point du chef de l’État, publiée ci-contre, et dans laquelle il se défend d’avoir voulu faire offense à L’Orient-LeJour : d’avoir mis en question l’intégrité du PDG du journal Michel Eddé comme de l’auteur de ces lignes.
Bref, nous avons mal lu, vous avez mal lu. Affaire classée donc, car il est réconfortant de constater que même les désaccords politiques les plus profonds ne devraient jamais autoriser l’atteinte personnelle, l’injure : une règle élémentaire que nous n’avons cessé d’observer, quant à nous. Les précisions présidentielles sont d’autant les bienvenues, par ailleurs, qu’elles rendent plus que jamais superflue toute dissertation sur l’indépendance – tant politique que financière – de ce journal. Lequel, comme sait tout un chacun, tire exclusivement ses ressources de la fidélité de ses lecteurs et annonceurs ou des contributions de ses actionnaires.
Superflu lui aussi, en vérité, était ce droit de réponse qu’a cru devoir invoquer M. Lahoud pour requérir l’hospitalité de nos colonnes. L’éthique professionnelle, nous connaissons. Et puis ce n’est pas tous les jours, que diable, qu’un président en exercice écrit dans un quotidien ; et qu’il écrit, de surcroît, pour répondre aux critiques d’un journaliste. Quel dommage toutefois qu’à tant d’innovation dans le style n’aient pas fait écho une logique, une argumentation plus conformes à l’air du temps. Car de la substantielle communication publiée hier, se dégage cet affligeant constat : demeuré obstinément fidèle à ses alliances, le chef de l’État se refuse toujours à mesurer l’étendue des bouleversements pourtant phénoménaux survenus au cours des douze derniers mois. On en abordera quelques exemples parmi bien d’autres.
Remontant aux sombres années de guerre, le Président ne veut retenir du pervers jeu de balancier de la Syrie que le rôle salvateur joué en 1976 par celle-ci au bénéfice du camp chrétien, effectivement menacé. Mais n’est-ce pas oublier bien vite que Damas a puissamment contribué à préparer le conflit en soutenant la guérilla palestinienne implantée au Liban et en favorisant d’autant la dislocation de l’État libanais ; qu’en réalité les troupes syriennes n’avaient demandé ou attendu l’invitation de personne pour pénétrer sur notre territoire ; que tous les protagonistes du conflit ont eu droit, tour à tour, aux faveurs comme aux pluies d’obus des Syriens ; et que c’est d’avoir adroitement alimenté le brasier qui valait finalement au régime baassiste son statut de providentiel pompier ?
Pour ce qui est de l’après-guerre, le général-président sait gré à la Syrie d’avoir rééquipé l’armée libanaise en cours de reconstitution et de l’avoir aidée à instaurer une sécurité publique qu’il va jusqu’à citer en modèle. Oui, mais au prix de quelle aliénation étatique, de quelle dictature des services, de quels dénis des libertés publiques. En la matière, le seul modèle dont on aurait pu tirer une légitime fierté, le seul auquel aspirent les citoyens, c’est celui d’une sécurité qui découlerait non point de la toute-puissance des barbouzes et de l’indigne démission du parquet, mais des garanties que peut offrir un véritable État de droit.
Aux chefs de la majorité parlementaire, le Président ne se fait pas faute de rappeler leur complaisance passée – et souvent intéressée – envers Damas. Mais il ne fait que confirmer de la sorte sa répugnance à constater que le contexte local et international a changé du tout au tout, et avec lui les esprits. Ainsi les foules ont parlé, des révisions ont été opérées en dépit des campagnes de terreur, des autocritiques admirables de courage ont même été faites. On s’étonnera encore que Lahoud trouve moyen d’attribuer aujourd’hui seulement au général syrien disparu Ghazi Kanaan la paternité de la loi électorale de l’an 2000, alors qu’il s’en était bien gardé à l’époque. Et c’est ce même Lahoud cependant, reconduit dans ses fonctions dans les circonstances que l’on sait – et qui n’est investi de nulle espèce de mandat populaire – promet de faire pièce à un Parlement librement élu et au gouvernement qui en est issu .
Mais à mon tour je m’étends, je m’étends et n’ai pas droit à une suite, moi. Une dernière précision, cependant. Ma vision déformée des choses, c’est par mes ambitions que l’explique aimablement le Président. Qu’il se rassure. Je n’ai aucun penchant pour la politique, j’adore les bandes dessinées, mais n’ai vraiment rien d’un Iznogoud, et je suis très bien là où je suis.
Issa GORAIEB
Argent sale, achat des consciences, contrôle des médias (et parmi eux L’Orient-Le Jour), campagne de désinformation orchestrée par la majorité parlementaire et les puissances alliées à Israël … Tout cela figurait noir sur blanc, hier, dans la réponse du président Émile Lahoud à ma lettre ouverte de samedi dernier, l’exhortant à démissionner de ses fonctions. C’est...
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