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CRASH DE COTONOU - Les parents des victimes réclament des sanctions plus fermes Darwish Khazem, inculpé d’homicide intentionnel, passible de 15 à 20 ans de travaux forcés

Deux ans et deux mois après le crash de l’avion de l’UTA effectuant la liaison Conakry-Cotonou-Beyrouth, le premier juge d’instruction de Beyrouth, Abdelrahim Hammoud, a publié son acte d’accusation exigeant les travaux forcés à temps pour homicide intentionnel pour Darwish Khazem, directeur de l’UTA, ainsi que diverses sanctions – dont trois mois de prison – à d’autres personnes impliquées dans la catastrophe aérienne, qui avait fait une centaine de morts, dont 87 Libanais. Il faut souligner que Darwish Khazem n’est pas derrière les barreaux actuellement. Il ne se trouve même pas au Liban. Blessé lors du crash et rapatrié avec les blessés, il avait réussi à quitter le pays « sans passeport et vit aujourd’hui à Conakry », indique à L’Orient-Le Jour le président de l’association des parents des victimes, Hassan Alawiyé. L’acte d’accusation prévoit donc, selon l’article 547 du code pénal, des travaux forcés variant entre 15 et 20 ans pour Darwish Khazem, inculpé d’homicide intentionnel. Le texte inculpe également l’entreprise UTA représentée par Darwish Khazem. Sont également inculpés d’homicide non intentionnel, de négligence et de participation criminelle Ahmed Khazem, PDG de l’UTA, qui est le père de Darwish Khazem et qui est actuellement en prison, ainsi que Mohammad Khazem, qui se trouve à Conakry. L’acte d’accusation prévoit aussi, selon l’article 770, une peine maximale de trois mois à Mohammad Zreik, Jamil Ghannoum, Eid Jachi pour non-observation de mesures émanant de l’autorité. Il inculpe aussi Tony Hélou et Mikhaël Chaiban de négligence dans l’exercice de leurs fonctions. L’acte d’accusation a émis un avis de recherche à l’encontre de Nagib Baroni, le pilote libyen de l’avion, et Imad Saba, PDG de la FAG (Financial Adviory Group), propriétaire de l’avion qui s’est écrasé et qui était loué à l’UTA. Priée par L’Orient-Le Jour de commenter l’acte d’inculpation, l’avocate Diane Armalé, qui défend avec son associé Youssef Mouawad 17 familles de victimes et représente d’autres familles auprès de compagnies d’assurances, s’est dit « satisfaite de l’inculpation d’homicide intentionnel de Darwish Khazem et de l’entreprise UTA ». Elle a manifesté son « étonnement du fait qu’aucune inculpation n’ait été émise à l’encontre de Nagib Baroni, le pilote libyen qui était emprisonné à Cotonou et qui est mis en cause par le rapport du BEA, le bureau de recherche et d’analyse français qui a été chargé de l’enquête à Cotonou ». Mme Armalé a également précisé que « parmi toutes les personnes citées par l’acte d’accusation, seul Mohammad Khazem est en prison ». Qui protège Jachi et Khazem ? Contacté par L’Orient-Le Jour, le président de l’association des parents des victimes, Hassan Alawiyé, s’est indigné du fait que certains inculpés soient accusés de délits et non de crimes et s’est demandé pourquoi jusqu’à présent certains des inculpés n’ont pas été interrogés pour les besoins de l’enquête. M. Alawiyé s’est encore demandé « comment l’avion a pu atterrir au Liban et pourquoi Tony Hélou, qui était responsable de la sécurité de l’aviation à l’aéroport de Beyrouth, est inculpé d’un simple délit passible de trois mois de prison alors que le directeur général de l’Aviation civile, Hamdi Chok, avait présenté un rapport au procureur général de l’époque, Adnane Addoum, au lendemain du crash ». « Le document précisait qu’une réunion s’était tenue au bureau de Hélou à l’aéroport, qu’elle avait rassemblé Eid Jachi et Darwish Khazem. Pour que l’avion puisse atterrir, Hélou a reçu 10 000 dollars et des meubles pour son appartement », a indiqué M. Alawiyé, se demandant « pourquoi l’ancien responsable de la sécurité de l’aviation à l’aéroport de Beyrouth, qui avait été mis à la disposition du ministre des Transports de l’époque, n’est pas inculpé pour corruption ». Le président de l’association des parents des victimes de la catastrophe aérienne a aussi précisé que plusieurs audiences consacrées par le tribunal pour écouter le témoignage de Eid Jachi ont été annulées. « Lui aussi est inculpé d’un délit passible uniquement de trois mois de prison. Mais nous savons que cet homme a joué un rôle très important pour que le Boeing de l’UTA assure la liaison Conakry-Cotonou-Beyrouth », indique-t-il. « Jachi, originaire de Jouaya (Liban-Sud), est un homme influent et a d’importantes connexions. Il possède une agence de voyages, et les billets vendus aux voyageurs qui empruntaient les vols de l’UTA portaient l’inscription al-Safir et Jachi Group », ajoute-t-il. À la question de savoir qui protège Jachi, M. Alawiyé indique que « tout le pays le sait ». Le président de l’association des parents des victimes se demande aussi comment Darwish Khazem, blessé lors du crash et rapatrié à Beyrouth, a réussi à quitter le Liban – sans passeport – via l’aéroport de Beyrouth. « Darwish Khazem est libre de ses mouvements à Conakry, où il gère ses entreprises et travaille avec son frère Mohammad (lui aussi inculpé) », ajoute-t-il. « C’est Ahmad Khazem qui est actuellement en prison. Il vit dans une cellule de luxe. Sa caution a été fixée à six milliards de livres. Il en a payé quatre milliards, disant qu’il ne pouvait pas verser les deux milliards pour rester en prison, s’épargnant ainsi les tracasseries que peuvent lui causer les parents des victimes », poursuit-il. M. Alawiyé est indigné : « Si le pays a véritablement changé, que tous les responsables de ce crash soient traduits comme il faut en justice ! Que personne ne soit au-dessus de la loi ! » Il conclut, amer : « 87 Libanais ont péri dans cette catastrophe. Peut-être que dans peu de temps on pourrait intenter un procès aux morts, aux victimes du crash, les accusant d’avoir pris un avion qui s’est écrasé. » Patricia KHODER
Deux ans et deux mois après le crash de l’avion de l’UTA effectuant la liaison Conakry-Cotonou-Beyrouth, le premier juge d’instruction de Beyrouth, Abdelrahim Hammoud, a publié son acte d’accusation exigeant les travaux forcés à temps pour homicide intentionnel pour Darwish Khazem, directeur de l’UTA, ainsi que diverses sanctions – dont trois mois de prison – à d’autres personnes impliquées dans la catastrophe aérienne, qui avait fait une centaine de morts, dont 87 Libanais. Il faut souligner que Darwish Khazem n’est pas derrière les barreaux actuellement. Il ne se trouve même pas au Liban. Blessé lors du crash et rapatrié avec les blessés, il avait réussi à quitter le pays « sans passeport et vit aujourd’hui à Conakry », indique à L’Orient-Le Jour le président de l’association des parents des...