« Des p’tits trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous, des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous »…
Mais des p’tits trous qui n’ont rien de sympathique, contrairement à ceux du Poinçonneur des Lilas de Serge Gainsbourg.
Ces p’tits trous, ils ne sont finalement pas si p’tits que ça. Du jour au lendemain, sans crier gare, ils s’invitent au beau milieu d’une chaussée mal faite ou d’un asphalte bon marché, malmenés par la pluie, la grêle ou les trombes d’eau qui dévalent les routes.
Ils se multiplient au fil des jours, ces p’tits trous, et se transforment en grands trous, puis en crevasses. Occupant carrément tout l’espace carrossable, comme pour faire la nique aux automobilistes. S’installant pour des jours, des semaines, voire des mois, indifférents au danger qu’ils représentent.
P’tits ou grands, ronds ou carrés, profonds ou larges, ils sont tout aussi ravageurs, tout aussi dangereux.
Gare alors aux pneus et jantes de voitures qui pètent, en moins de deux, et en série. Gare aussi aux conducteurs non avertis qui perdent le contrôle de leur véhicule. Gare surtout aux distraits qui n’ont pas vu les p’tits trous noyés sous une mare d’eau et qui, dans une tentative désespérée pour épargner leur voiture, s’en vont trucider celle du voisin.
Les stations d’essence et les réparateurs de pneus, situés à proximité des coupables trous, doivent, eux, se frotter les mains. Seul recours des automobilistes malheureux et choqués, mais néanmoins heureux de s’en être sortis indemnes, c’est pourtant avec grande gentillesse, et autant de générosité qu’ils accueillent les victimes, soignent leurs jantes, pansent leurs pneus et calment leur colère. Tout en faisant le décompte des voitures piégées par les p’tits trous et le bilan quotidien des dégâts.
Un bilan bien lourd et qui s’élève, parfois, à plus de cinquante jantes cassées par jour, pour un seul p’tit trou.
Mais qui s’en soucie, à part le citoyen qui fait les frais de l’état déplorable des routes libanaises ? Et qui ne peut que constater, avec amertume, que les choses vont de mal en pis.
Alors que les municipalités, le ministère des Travaux publics, mais aussi le CDR, sourds aux plaintes du contribuable, se renvoient la balle, et pratiquent, comme à leur habitude, la politique de l’autruche.
Bien plus occupés par leurs considérations politiciennes que par les tracas quotidiens du citoyen.
Mais quand donc seront rebouchés les p’tits trous qui transforment les routes libanaises en gruyère ?
Anne-Marie EL-HAGE
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