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Actualités - CHRONOLOGIE

Le message de carême du patriarche, un réquisitoire contre l’État Sfeir dénonce la corruption et le mensonge dans les rapports entre les individus et les groupes

Dans son message traditionnel pour le carême, qui commence lundi chez les communautés catholiques, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a dressé un tableau sombre de la situation locale, dénonçant la corruption au niveau administratif et politique, le manque de transparence sur le plan politique et critiquant certaines orientations économiques du gouvernement. Il n’a pas voulu se dire pessimiste pour autant, estimant que le Liban est capable de sortir de la crise dans laquelle il se débat, au cas où il aurait à son service « des hommes qui œuvreraient pour améliorer sa situation et non pas la leur ou celle de leurs proches aux dépens de l’intérêt national ». Mgr Sfeir a axé le message du carême sur le thème de la sincérité, « parce que le mensonge prédomine aujourd’hui et que lorsque le mensonge prévaut, le chaos s’installe ». Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité « de faire constamment preuve de sincérité et de dire toujours la vérité ». « Telle est la règle traditionnelle. La briser équivaut à corrompre la société et à semer la discorde entre ses composantes. La société qui manque de sincérité et de vérité se place sur la voie de la dislocation et de l’anéantissement », souligne le message patriarcal qui cite, à plusieurs reprises, les paroles du Christ et des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, allant dans le même sens. Commentant la conjoncture locale, le patriarche affirme : « Si nous nous arrêtons sur la situation dans le pays, que voyons-nous ? Des abus, des violations, des exactions, et ils sont nombreux. Combien de crimes ont été commis au Liban et personne n’en connaît jusqu’aujourd’hui les auteurs. Si ces derniers avaient été démasqués et sanctionnés, après la révélation de leur identité, d’autres n’auraient pas osé agir comme eux. Combien de vols ont eu lieu dans des établissements officiels et autres et personne n’a osé faire la lumière sur ce qui s’est passé et divulguer les noms de leurs auteurs ? Les vols se poursuivent et on continue de taire le nom de leurs auteurs. » « Combien de fonctionnaires sont nommés à des postes, poursuit le message, et encaissent leurs salaires sans effectuer le moindre travail alors que des gens compétents sont exclus de ces postes parce qu’ils refusent d’être des hommes liges au service de telle ou de telle autre personne influente ? Combien de jeunes parmi les détenteurs de diplômes d’études supérieures voyagent vers des contrées lointaines à la recherche de travail parce que le Liban ne sait pas exploiter leur potentiel, leur savoir et leur disposition à travailler et parce que les responsables du pays embauchent des gens n’ayant pas leurs capacités et leurs qualifications et dont la seule compétence se résume à l’appartenance à tel ou tel dirigeant ? » Abus de pouvoir et népotisme « Combien de fonds publics sont dilapidés lorsque les gens du pouvoir s’associent pour la création de sociétés qui louent des services publics, par des moyens contournant la loi et à des prix dérisoires, pour des raisons qui sont désormais connues, alors que d’autres parmi ceux qui sont prêts à payer un prix juste sont écartés ? Combien d’abus ont été commis par des responsables qui, à ce qu’on dit, sont prêts à transformer le noir en blanc moyennant des commissions, sans sourciller et sans que personne ne leur demande des comptes ? Sans oublier le népotisme et la permissivité à l’égard de telle ou de telle autre partie, lorsqu’elle s’abstient de payer les sommes qu’elle doit à l’EDL ou à l’Office des eaux », dénonce le patriarche avant de poursuivre : « La presse a fait état de la volonté de l’État de relever les taxes et les impôts parce qu’il a besoin d’argent alors que le peuple dans son ensemble ploie sous le joug de la pauvreté. N’aurait-il pas mieux fait de contrôler le gaspillage et les dépenses inutiles au lieu d’accabler davantage la population ? Et cela aurait été l’occasion idéale pour démontrer que ce n’est pas lui qui est à l’origine de cette dilapidation de fonds, mais d’autres parties imposées au pays. » Mgr Sfeir s’interroge dans ce cadre sur le point de savoir « comment les États qui sont disposés à nous aider à améliorer notre situation financière voleront à notre secours lorsqu’ils constateront que nous ne nous décidons pas à contrôler nos dépenses et que nous ne faisons rien pour freiner le gaspillage ». Le patriarche a ensuite commenté les rapports entre les individus et les groupes. « La situation n’est pas meilleure, affirme-t-il d’emblée. La plupart du temps, la sincérité est la principale victime dans nos rapports. Nous disons le contraire de ce que nous faisons et nous faisons le contraire de ce que nous disons. L’échange de mensonges est souvent le meilleur moyen pour satisfaire, mais ce n’est qu’une satisfaction passagère qui laisse par la suite des plaies béantes pour ne pas dire une rancune profonde. » « Mais, insiste le chef de l’Église maronite, en dépit de toutes ces énormes lacunes, nous avons confiance dans notre pays et dans le fait qu’il est capable de sortir de sa crise pour emprunter le chemin de la sincérité et de la droiture au cas où il aurait à son service des hommes qui œuvreront pour améliorer sa situation et non pas la leur ou celle de leurs proches aux dépens de l’intérêt national. »
Dans son message traditionnel pour le carême, qui commence lundi chez les communautés catholiques, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a dressé un tableau sombre de la situation locale, dénonçant la corruption au niveau administratif et politique, le manque de transparence sur le plan politique et critiquant certaines orientations économiques du gouvernement. Il n’a pas...