Les États-Unis et la Suisse ont raflé tous les titres olympiques de snowboard aux Jeux olympiques de Turin et se sont même partagé onze des dix-huit médailles en jeu, les Américains se montrant les rois dans les airs et les Suisses les maîtres sur la piste. Les tribunes toujours bien garnies et l’ambiance parfois débridée du site de Bardonecchia ont permis de vérifier la bonne cote de popularité du snowboard alors que l’entrée au programme olympique du snowboardcross s’est révélée être un succès, le public semblant accrocher à cette course effrénée et chaotique. Les schémas tactiques diffèrent, entre le puissant trois-trois-un (or-argent-bronze) des États-Unis et l’audacieux trois-un-zéro de la Suisse, mais le constat est le même : ces deux nations ont pratiqué le meilleur surf, loin devant les autres bastions du « snow » comme la France, le Canada ou l’Autriche (une seule médaille de bronze). Dès le début des Jeux, les cannibales américains, emmenés par deux gamins de 19 ans, Shaun White et Hannah Teter, ont fait régner leur loi dans le « pipe » de Bardonecchia : ils ont dominé tout le monde, sauf un petit Finlandais et une menue Norvégienne, qui ont pris les deux médailles de bronze. Tout le reste leur est revenu. Et plus encore, puisque les huit Américains présents à Turin en half-pipe sont tous entrés en finale et que six d’entre eux ont même fini dans les quatre premiers... Les « riders » de l’Oncle Sam ont aussi écrit l’histoire lorsque Seth Wescott s’est accroché autour du cou la toute première médaille d’or de snowboardcross. Comme en half-pipe, les Américains se dirigeaient vers un doublé or-or en snowboardcross quand la jeune mais trop gourmande Lindsey Jacobellis a voulu faire une facétie de trop en « grabant » (attraper sa planche avec une main) au dernier saut et a chuté. Un final en queue de poisson pour « Jaco », au grand bonheur de son compatriote Seth Wescott, qui voyait ainsi sa petite amie, la Suissesse Tanja Frieden, s’imposer elle aussi pour écrire l’une des belles histoires des Jeux, celle d’un couple en or. Le titre inattendu de Frieden a d’ailleurs sonné l’heure des Suisses, réglés comme des « coucous ». Ponctuels, les frères Schoch ont écrasé le géant parallèle jusqu’à leur duel en finale, remporté par Philipp, le plus jeune des « frérots ». Côté féminin, pas plus de surprises et un manque cruel de suspense. L’impératrice Daniela Meuli est venue, a vu et a vaincu. Les cloches de montagne ont sonné toute la journée dans les tribunes pour accompagner la snowboardeuse de Davos, donnant aux montagnes piémontaises un air d’Helvétie.