Au lieu de se rendre au palais présidentiel, c’est place de la Liberté que 7 ministres et une poignée de députés se sont retrouvés hier...
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Les ministres du 14 Mars et des centaines de jeunes ont manifesté au centre-ville Place de la Liberté, un seul cri : « Lahoud, va-t’en » Sit-in tous les soirs devant le monument aux Martyrs
Par EL HAGE Anne Marie, le 24 février 2006 à 00h00
Le boycott semble irréversible, le désaveu irrévocable. Les ministres du 14 Mars ont haussé hier la barre d’un degré et le ton d’un cran. Ils ont opté pour l’escalade en refusant catégoriquement de se rendre à Baabda pour participer au Conseil des ministres initialement prévu au Musée et déplacé pour des raisons sécuritaires. Un refus irréversible qui en dit long sur leur volonté ferme de pousser le président Émile Lahoud à la démission. Un refus qui constitue le deuxième camouflet de la journée pour le locataire de Baabda, après celui que lui a infligé la chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, en l’ignorant dans sa tournée des responsables libanais.
Au lieu de se rendre au palais présidentiel, c’est place de la Liberté que 7 ministres et une poignée de députés se sont retrouvés hier à partir de 17 heures, invitant Lahoud à démissionner d’un tonitruant « Va-t’en », appelant surtout la jeunesse du 14 mars 2005 et celle du 14 février 2006 à reprendre le langage de la rue.
Les uns après les autres, les ministres du 14 Mars se sont présentés à la tribune du centre-ville, où les attendait déjà une nuée de journalistes, attirant progressivement militants, supporters et curieux. D’abord Marwan Hamadé, puis Ahmad Fatfat et Jean Oghassabian, ensuite Pierre Gemayel, Michel Pharaon, Nayla Moawad et Ghazi Aridi, les 7 ministres ont promis qu’il n’y aurait plus de Conseil des ministres à Baabda tant qu’Émile Lahoud continue de se raccrocher à la présidence. Ils ont été rejoints notamment par les députés Atef Majdalani, Élie Keyrouz, Walid Eido, Antoine Zahra et par le chef du PNL, Dory Chamoun, alors que les militants du Courant du futur reprenaient les vieux slogans du 14 mars 2005.
Griefs et promesses
Les discours des ministres du 14 Mars ont atteint une virulence inégalée, interrompus par les applaudissements des militants, dont le nombre augmentait à mesure que la nuit tombait. « Ce qui reste de la présidence a subi deux revers aujourd’hui, a observé Marwan Hamadé. D’un côté, il a été boycotté par Mme Rice, d’un autre, il ne peut plus présider le Conseil des ministres. Nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure, comme nous l’avons promis, et refusons de nous réunir au palais de Baabda tant que M. Lahoud n’a pas démissionné. Car nous voulons libérer le pays de celui qui l’empêche de se redresser politiquement et économiquement. Nous lui disons donc aujourd’hui : par pitié pour les Libanais, va-t-en, car le pays ne supporte plus de vivre cette tragédie. »
Ahmad Fatfat, lui, en a appelé à la conscience et au sens du devoir du président Lahoud, tout en promettant à l’assistance que les ministres vont tout faire pour résoudre la crise et qu’il ne sera pas difficile de trouver un remplaçant à Émile Lahoud. Alors que Michel Pharaon, rappelant le « coup d’État » qu’avait constitué la reconduction du mandat de Lahoud, demandait carrément à ce dernier de démissionner, « pour que le peuple ne soit pas contraint d’avoir recours à l’escalade pour recouvrer son indépendance ».
Quant à Jean Oghassabian, il s’est exprimé au nom de la « dignité de la présidence », mais aussi de celles « du pays et du peuple ». Il a également promis qu’un nouveau siège serait trouvé, très prochainement, pour les prochains Conseils des ministres, tout en insistant sur la nécessité de mettre fin à cette mascarade le plus rapidement possible.
Les griefs des ministres pleuvaient dru, hier, contre le président Lahoud : « Il a isolé le Liban de la carte et divisé les Libanais », a accusé Pierre Gemayel. « Il doit s’en aller », a carrément lancé Ghazi Aridi. Quant à Nayla Moawad, elle a appelé les Libanais à libérer Baabda d’Émile Lahoud et leur a donc donné rendez-vous tous les soirs, place de la Liberté, jusqu’au 14 mars.
Après cette invitation lancée au peuple libanais, les ministres ont promis, à leur tour, d’utiliser tous les moyens légaux, notamment au Parlement, pour destituer le dernier grand symbole de la présence syrienne au Liban.
Entre-temps, la jeunesse du 14 Mars s’organisait et déballait déjà des pancartes appelant Lahoud à s’en aller. Débordants d’imagination, les propos n’étaient pas tendres envers le président, baptisé « le collabo de Baabda » : « Fais quelque chose de positif et saute à l’eau », lisait-on d’un côté, « Va nager en paix », lisait-on d’un autre, ou mieux encore : « Sortez le cinquième général de Baabda. » Les coups de téléphone aux parents et amis pleuvaient déjà, de même que les invitations à participer au mouvement de masse, tous les soirs place de la Liberté, pour pousser le président Lahoud à démissionner.
Anne-Marie EL-HAGE
Le boycott semble irréversible, le désaveu irrévocable. Les ministres du 14 Mars ont haussé hier la barre d’un degré et le ton d’un cran. Ils ont opté pour l’escalade en refusant catégoriquement de se rendre à Baabda pour participer au Conseil des ministres initialement prévu au Musée et déplacé pour des raisons sécuritaires. Un refus irréversible qui en dit long sur leur volonté ferme de pousser le président Émile Lahoud à la démission. Un refus qui constitue le deuxième camouflet de la journée pour le locataire de Baabda, après celui que lui a infligé la chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, en l’ignorant dans sa tournée des responsables libanais.
Au lieu de se rendre au palais présidentiel, c’est place de la Liberté que 7 ministres et une poignée de députés se sont retrouvés hier...
Au lieu de se rendre au palais présidentiel, c’est place de la Liberté que 7 ministres et une poignée de députés se sont retrouvés hier...