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« Que ceux qui pensent que Lahoud doit rester au pouvoir descendent eux aussi dans la rue. C’est leur droit », affirme le chef des FL Geagea répond à Aoun : « La majorité reste effective jusqu’à preuve du contraire »
le 22 février 2006 à 00h00
Le président du comité exécutif des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a affirmé hier que « la majorité reste effective jusqu’à preuve du contraire », répondant ainsi aux déclarations, lundi, du chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, qui avait remis en question l’existence de la majorité parlementaire, arguant du fait que onze recours en invalidation ont été déposés par des candidats qui n’ont pas été élus.
«Nous allons œuvrer par tous les moyens dont nous disposons, juridiques et constitutionnels (pour destituer le président de la République). Les citoyens ont le droit d’exprimer leur opinion. Ce n’est pas la première fois qu’ils le font sur un point précis, et c’est ce qui se fait dans les États démocratiques. Des manifestations sont organisées pour réduire les heures de travail ou pour d’autres revendications sociales. Qu’en est-il alors chez nous, lorsqu’il s’agit de libérer la présidence de la République... », a indiqué le chef des FL.
« Cela fait huit mois que nous parlons de dialogue, que ce soit sur ce sujet ou sur d’autres questions. Chez nous, le dialogue se mute en paralysie. Les parties politiques se comportent chacune d’après sa vision des choses. Au Liban, il existe deux visions des choses : la première n’a pas d’inconvénient à ce que le président Émile Lahoud reste au pouvoir ; la nôtre est totalement différente, et chaque jour qui passe représente une grande perte pour les Libanais », a-t-il poursuivi.
« Que celui qui a des conditions à poser (pour le dialogue sur la présidentielle) le fasse. Chacun de nous exprime clairement ses opinions. Que celui qui a des conditions le dise. Il existe une condition pratique et nationale, en l’occurrence que l’alternative au président actuel soit prête. Voilà ce sur quoi insiste le patriarche Sfeir. Il s’agit d’une condition logique. L’alternative sera prête avant que le président Lahoud ne s’en aille », a souligné Samir Geagea.
Interrogé ensuite sur les propos du général Aoun concernant « la majorité parlementaire (qui reste) illusoire » tant que les recours en invalidation déposés devant le Conseil constitutionnel n’ont pas été examinés, le chef des FL a répondu : « Cela n’empêche pas que la majorité reste majorité jusqu’à ce que les recours aient été examinés. Concernant les recours en invalidation, il n’y a pas de Conseil constitutionnel jusqu’à présent, et il n’est évidemment pas possible que le Conseil constitutionnel actuel ou ce qu’il en reste examine ces recours. Ce Conseil constitutionnel est celui qui a invalidé la députation de Gabriel Murr. La majorité reste majorité, et elle l’a prouvé le 14 février, malgré toutes les circonstances. D’ailleurs, qui empêche la mise en place du Conseil constitutionnel ? C’est le président de la République qui a renvoyé la loi au Parlement il n’y a pas longtemps », a ajouté M. Geagea.
« Refaire de la
présidence une institution »
Concernant les propos sur la possibilité d’une confrontation entre deux rues opposées dans le cadre du règlement de la question présidentielle, le chef des FL a déclaré : « S’il existe une autre rue qui pense que le président Lahoud doit rester au pouvoir, il est de son droit de manifester d’une manière pacifique et civilisée, comme nous l’avons fait le 14 février. Je ne comprends pas pourquoi certains prévoient des catastrophes alors que depuis un an, les Libanais ont exprimé leur point de vue dans la rue à plusieurs reprises. Pourquoi cette fois les choses devraient se passer différemment ? Que ceux qui pensent que le président Lahoud doit rester à Baabda descendent dans la rue et expriment leur opinion dans la rue dans le cadre des lois en vigueur, parce que nous ferons la même chose. »
Au sujet du principe portant sur l’opportunité de l’appel de certains ministres à manifester pour faire chuter une autre institution, la présidence de la République, il a indiqué : « D’abord, la présidence de la République, dans son état actuel, n’est pas une institution constitutionnelle. Tout ce que nous faisons vise à en refaire une institution. Si nous avons des ministres qui nous représentent au gouvernement, cela ne nous empêche pas d’exprimer notre opinion ou de manifester pour aboutir à un but précis. Le gouvernement n’a pas appelé à une manifestation, à un rassemblement ou à la démission du président de la République. Ce sont les partis qui appellent, et ils ont des ministres au gouvernement. Par ailleurs, le Hezbollah et Amal sont représentés au gouvernement, et ils ont exprimé leur opinion dans la rue (...). C’est ça la démocratie. »
Réponse à Baabda
Concernant l’anticonstitutionnalité de la prorogation du mandat présidentiel, qui entraîne l’anticonstitutionnalité des actes qui ont suivi, Samir Geagea a précisé : « Nous ne devons pas oublier le principe de la continuité des institutions, qui couvre tout ce qui s’est produit depuis la prorogation. » Et d’ajouter que la prorogation s’était faite de manière arbitraire et sous la contrainte.
Réagissant enfin aux accusations lancées par les sources proches de Baabda contre le président français Jacques Chirac, le chef des FL a indiqué : « Sur quoi se fondent les accusations ? Celui qui veut accuser doit se fonder sur un minimum de données. Cette accusation est incorrecte : ce sont les citoyens qui ont manifesté le 14 février qui ont décidé de mettre un terme à la question de la présidence de la République. Le 14 février, nous n’avions décidé à aucun moment d’initier le processus de la présidentielle. Cela s’est fait lorsque nous avons vu, le 14 février, que les citoyens n’étaient pas descendus pour le souvenir de Rafic Hariri, mais aussi pour nous dire à pleins poumons qu’ils souhaitent un changement et que la situation progresse. La décision n’émane ni du président Chirac, ni du président Bush, ni d’Ahmadinejad. La décision émane des gens qui sont descendus le 14 février, place de la Liberté (...). »
Le chef des FL a par ailleurs reçu le ministre de la Justice, Charles Rizk, puis le député Fouad el-Saad, qui a indiqué qu’il y aura un recours à l’escalade d’ici au 14 mars prochain. « Nous sommes sur le point d’étudier la possibilité du recours à une grève des organismes économiques, des syndicats, à une grève générale dans tout le pays et à tous les moyens qui pourraient être utilisés pour en finir avec cette prorogation », a-t-il dit.
Michel Eddé
Samir Geagea a enfin reçu le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, qui a affirmé à l’issue de la rencontre : « La confrontation ne doit pas se transposer dans la rue, mais, en même temps, la situation ne peut pas demeurer telle quelle. »
« Nous avons applaudi au consensus exceptionnel qui a été réalisé à Baabda-Aley. La concurrence est la règle en démocratie. Cependant, le consensus est nécessaire dans le cadre de cette situation tendue. Nous estimons que le Dr Geagea et le général Aoun ont réalisé un exploit dans ces circonstances particulières », a poursuivi M. Eddé.
Le président de la Ligue maronite a ensuite rendu hommage aux positions « sages » du patriarche Sfeir concernant la présidentielle. « Le patriarche affirme qu’il faut respecter la Constitution. Il faut étudier la situation sans tension, et avec civilité, pour sortir de la crise. Le maintien de la situation actuelle porte préjudice au pays, à la présidence et à tous les Libanais, surtout à la communauté maronite. C’est pourquoi beaucoup essayent d’étudier les mécanismes judiciaires valables pour que le processus ne se transpose pas dans la rue et n’aboutisse pas à une confrontation. Je ne pense pas que cela est dans l’intérêt du pays. Cette situation ne peut pas perdurer, parce qu’elle se détériore de jour en jour. Nul n’a de solution miracle, mais chacun doit songer au meilleur moyen de sortir de l’impasse », a ajouté Michel Eddé.
« Le président Berry a appelé au dialogue, et nous l’en remercions. Nous allons tous participer à l’ouverture de ce dialogue. Il s’agit de la voie fondamentale au Liban, parce que le pays est fondé sur le dialogue, la modération, le consensus et la convivialité. Ce qui est sûr, c’est que la confrontation est négative. Chacun de nous a son opinion, et nous mettons l’accent sur le fait que le dialogue reste le fondement de tout », a-t-il conclu.
Le président du comité exécutif des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a affirmé hier que « la majorité reste effective jusqu’à preuve du contraire », répondant ainsi aux déclarations, lundi, du chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, qui avait remis en question l’existence de la majorité parlementaire, arguant du fait que onze recours en invalidation...
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