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CINÉMA - La réalisatrice tunisienne, Salma Baccar, veut bousculer un tabou dans les sociétés arabo-musulmanes « Fleur d’oubli », un film sur le droit des femmes à l’épanouissement sexuel

L’affiche évoque, à elle seule, la soif d’amour et de liberté de Zakia, une femme écrasée par le poids des traditions qui la privent d’une vie sexuelle épanouie : « Fleur d’oubli » sorti récemment à Tunis, bouscule le tabou de la sexualité dans les sociétés arabo-musulmanes. Sa réalisatrice tunisienne, Salma Baccar, a déclaré avoir voulu « parler du droit naturel des femmes au plaisir, à une vie amoureuse et sexuelle épanouie ». «C’est mon principal propos », lançait Salma Baccar, commentant son film devant un public de jeunes d’autant plus choqués, qu’elle a poussé l’audace de lever le voile sur l’homosexualité masculine dans une société arabe. Son film, en demi-teintes, n’exploite pourtant ni les corps nus ni les scènes d’amour osées. « La pudeur est dans ma nature », dit-elle. Auteur de La Danse du feu, son précédent film sur la vie d’une cantatrice juive des années 1930, Salma Baccar récidive avec une histoire vraie sur la difficulté d’être dans une société machiste où les archaïsmes ont la peau dure. Fleur d’oubli raconte Zakia, une jeune femme de la bourgeoisie du milieu du XXe siècle, qui tombe dans la déchéance après des années de faux-semblant avec son mari, un homosexuel (Raouf ben Amor) sous l’emprise d’une mère dominatrice et d’un amant vivant sous le même toit. Zakia (Rabiaa ben Adallah) se révolte, mais apprend vite à étouffer son cri en s’abreuvant d’infusions au « Khochkhach », titre arabe du film désignant la fleur de pavot, plante stupéfiante cultivée autrefois dans les jardins en Tunisie. La recette chuchotée par sa propre mère permet à Zakia de survivre aux affres de la frustration sexuelle et aux blessures d’un corps malmené par un mariage de convenance et un accouchement dans la douleur. Commence alors une lente descente dans l’enfer de la dépendance, qui mènera Zakia jusqu’à l’internement, occasion pour elle d’exorciser les souffrances du passé et de méditer sur l’oppression de ses semblables. Elle déclinera une invitation à revivre avec sa fille et décide de rester dans l’établissement psychiatrique, là où sa quête de liberté et d’amour semble enfin trouver un écho auprès de Khemaies (Alaeddine Ayoub), un homme mystérieux qui s’obstine à faire éclore une fleur derrière les barreaux de sa fenêtre. Fleur d’oubli, production tuniso-marocaine, a été diversement appréciée par la critique en Tunisie, la presse arabe populaire polémiquant notamment sur son thème jugé « léger », « superflu » ou « anachronique » En revanche, le quotidien de langue française, Le Temps, a salué cette semaine le « courage et la générosité » du film pour son approche de « thèmes épineux et complexes ». « C’est seulement en acceptant de regarder en face la condition des femmes et les problèmes sexuels que nos sociétés pourront avancer », répond Salma Baccar à ses détracteurs. « Le film interpelle quiconque se mure dans le silence et laisse perpétuer des mœurs et pratiques d’un autre âge », ajoute celle dont le tout premier film sur la condition des femmes Fatma avait été censuré à sa sortie en 1976.
L’affiche évoque, à elle seule, la soif d’amour et de liberté de Zakia, une femme écrasée par le poids des traditions qui la privent d’une vie sexuelle épanouie : « Fleur d’oubli » sorti récemment à Tunis, bouscule le tabou de la sexualité dans les sociétés arabo-musulmanes. Sa réalisatrice tunisienne, Salma Baccar, a déclaré avoir voulu « parler du droit naturel des...